[L.1] LOVE & ART

Chapitre quatre : Eryne

   Petite information pour faciliter la lecture. Les messages via un téléphone sont disposés de la façon suivante : l'émetteur à droite et le destinataire à gauche. (Comme sur nos portables).

***

     L'épisode de Peter est passé. Je n'en ai pas parlé avec Ashley et elle ne m'a pas posé de questions. Malgré ma réparation de serrure, un serrurier est venu la renforcer avec une serrure haut de gamme digne de la Maison Blanche. Je suis restée dans mon lit toute la journée. Ce soir à lieu la vente aux enchères du tableau et je n'ai pas vraiment le cœur d'y aller. Peter n'a pas insisté pour que j'aille chez lui et pourtant il avait l'air décidé. Ça ne lui ressemble pas.

    Je décide de me lever et en soulevant la couette, un objet percute le parquet de la chambre. C'est une clé. Une clé avec une ficelle et un bout de papier. Sur le bout de papier, il y a un code et de l'autre côté, une adresse. Ca ressemble à une clé d'ascenseur. Il n'y a rien d'autre, pas d'indication. Je la range au fond de mon tiroir avec les alliances en platine.

    Je me douche, me coiffe en un chignon soigné et passe une robe trapèze bleue marine. Il ne me fera pas abandonner mon chef-d'œuvre. Je n'ai pas travaillé un an pour ne pas assister à la vente. En passant dans le salon, Ashley est assise dans le canapé, une série à la télé et un paquet de pop-corn sur les genoux.

- Eryne... Tu crois qu'il peut revenir ?

- Non.

    Je l'espère. Je sais que la brutalité d'hier est aussi banale que de manger chez Peter. Il est comme ça. Il ne prend pas de pincette mais je veux rassurer Ashley. Elle a l'air paniquée à l'idée de rester seule. Je pourrais lui dire qu'elle est plus en sécurité seule qu'avec moi, mais ça ne serait pas la rassurer.

- Va chez les filles, si tu veux.

- Tu rentres ce soir ?

- Je ne sais pas.

    Vu toutes les informations que je viens de collecter, je ne sais pas ce que Peter me réserve et le fait qu'il veut que j'aille chez lui, ne me rassure pas. Je ne veux pas l'inquiéter... si jamais, il décide de me kidnapper de nouveau. Je prends un châle que je passe sur mes épaules et referme la porte derrière moi. Je longe le couloir sur mes talons, la tête baissée. Je sais que tout l'immeuble est au courant pour hier soir. Ça a dû jaser. Un coup de feu ne passe pas inaperçu. La police n'est pas venue et je me demande si Peter n'est pas derrière. Il contrôle le monde et sûrement bientôt mon monde. Je pense que les filles vont rejoindre Ashley dans la soirée. Je monte dans un taxi et mon portable vibre dans mon sac. C'est ma mère qui est en train de m'appeler. Ça faisait longtemps.

- Eryne, où es-tu ? Je t'attends, on doit aller dîner en ville. Tu sais, dans ce nouveau restaurant qui a obtenu une nouvelle étoile Michelin ? Je ne me souviens plus de son nom... Mais je t'ai envoyé une photo.

    Ça me déchire le cœur de l'entendre, surtout prononcer de telles aberrations. Il est trois heures en France, elle devrait dormir.

- Maman, tu te souviens, je suis à New York.

- Et tu oublies ta mère ? Sale gamine. Je t'ai tout donné et toi tu décides de m'abandonner ?

    J'entends son énervement, je peux voir son visage passer de la joie à la colère en une fraction de seconde. Puis j'entends le téléphone cogner et la communication se couper. Elle a jeté son téléphone contre un mur en pleine nuit. Il va falloir que je trouve un moment pour la rejoindre. Ça fait un mois déjà que j'y suis allée et si je n'y vais pas, elle va vraiment penser que je l'ai abandonnée. Dans un sens, ce n'est pas totalement faux. Pas aussi faux que ma toile qui va être vendue ce soir. Le taxi s'arrête devant Sotheby's. Même décor qu'hier soir, le tapis rouge, les agents de sécurité, les serveurs qui vous accueillent avec du champagne. J'arrive pile au bon moment, la vente va commencer. Tout le monde porte son costume. Ce soir le meilleur lot est mon tableau et une série de bijoux. Ils seront exposés en dernier de leur catégorie.