[L.1] LOVE & ART

Chapitre deux : Eryne

New York, Etats-Unis.

    Neuf ans plus tard.

- Eryne, tu te souviens que l'on sort ?

    Oh non, pas encore. Je n'en peux plus d'écumer les bars et de danser toute la nuit. Je rêve de dormir. Ashley, ma colocataire depuis mon installation à New York, est tout ce qu'il y a de plus... vivant la nuit. Je ne sais pas comment elle fait. Pourtant, je devrais être habitué après trois ans de colocation mais ce soir, je n'en peux plus. Je me laisse tomber sur le canapé et regarde Maya et Mila peaufiner leur maquillage. Nos superbes voisines de palier. Elles vivent chez nous autant que chez elles. Ça fait deux ans qu'elles vivent avec nous et sans nous.

- Allez Sinaï, ça fait plusieurs soirs que tu es enfermée dans ta chambre. Il faut bien ramoner la cheminée.

    Ramoner la cheminée... merde, elles s'inquiètent vraiment de ma vie sexuelle ? Oui, mon dernier coup date de quelques jours mais quand même, je ne suis pas un cas désespéré. Je regarde mon portable et me redresse brusquement face à la réception d'une notification. Il y a une soirée privée au Sotheby's. Il faut absolument que j'y aille.

- Désolée les filles, j'ai autre chose de prévu.

    Je cours dans ma chambre et me douche en quatrième vitesse. La soirée débute dans une demi-heure. Il faut absolument que j'y sois avant qu'ils ne ferment les portes.

    Cheveux séchés et coiffés : Ok. Robe noire décolletée à dos nu et de créateur : Ok.Pochette assortie à la robe : Ok. Talons de dix centimètres : Ok. Je finis par joindre deux mèches de mes cheveux légèrement ondulés avec un noeud noir et me précipite vers l'entrée. Dans le salon, les filles sont encore en train de s'habiller.

- Ou la la, madame est de sortie ce soir... Si ton plan cul à des amis, n'hésites pas à partager. me lance Mila.

    On dit que les Espagnols sont chauds mais il faut voir les femmes. J'ignore si Mila est représentative des femmes de son pays mais c'est une cause perdue. Elle est prête à tout pour sauter sur le premier riche qui croise son chemin. Malheureusement, le fait d'habiter en face de chez moi, la contraint à ce que jamais, je ne lui donne un numéro. J'embrasse Ashley sur la joue histoire de la faire légèrement râler.

- Pas de bêtise les filles, je ne passe pas vous chercher.

- On va essayer, Sinaï mais le mieux serait que tu viennes avec nous...

- Désolée, les filles.

    Je claque la porte derrière moi et me précipite dehors. Les mois d'été à New York sont étouffants. Qui peut accepter de vivre là ? La pollution, la chaleur, les immeubles qui engloutissent les rues jusqu'à ce que les piétons ne voient plus le ciel. Quelle idée d'installer une ville importante içi...

    Je plonge dans le taxi et lui indique l'adresse du Sotheby's. Je ne peux pas y aller en métro, ce serait mal vu et au regard du dernier cachet que je risque de toucher, je pourrais prendre le taxi toute ma vie. Tout le monde ignore la vie que je mène. Ashley pense que je restaure des œuvres d'arts et ma mère pense que je suis gardienne dans un musée. Non, ma trajectoire a dévié des beaux sentiers depuis bien longtemps mais je suis riche. Millionnaire et personne ne soupçonne le moindre dollars sur mes comptes offshores. Un argent à l'abri des regards qui permet à ma mère et moi-même de vivre modestement.

    Le taxi s'arrête et je peux remarquer le tapis rouge qu'ils ont placé exceptionnellement pour la soirée. Je regarde mon portable et prépare l'invitation. J'ignore les quelques photographes et remonte rapidement l'allée. Un vigile est à l'entrée avec une liste de noms et un appareil à scanner.