[L.1] LOVE & ART

Chapitre un : Prologue

Los Angeles, Etats-Unis.

Je suis différente de toutes ces personnes. C'est ce que ma mère me répète chaque jour depuis ma naissance. Soit dix-huit années à entendre que je suis différente. Différente ne veut pas dire bizarre, en dehors des normes mais seulement moi. Je suis moi.

- Salut ! Tu es du campus ?

Un homme au sourire éblouissant et à la joie de vivre me fait face. Il a un pinceau derrière l'oreille gauche et les cheveux châtains en bataille. Il me regarde de haut en bas en jugeant ma tenue passe partout. Je porte une robe légère jaune claire et un sac en tissus dans lequel s'y trouve le strict minimum.

- Heu... Non. Je visite le musée.

- Tu n'es pas américaine ? Laisse-moi deviner... Italienne ?

- Française.

- Et tu fais quoi dans la vie ?

- Chercher un financement pour ses études, ça compte ?

Autant être honnête, je repars dans quelques jours et même si ce campus peut faire rêver, j'ai réussi à être admise au Royal Collège of Arts à Londres. L'une des meilleures écoles d'art au monde. Sauf que ça a un prix que je n'ai pas. Alors avant d'aller danser nue dans des bars, je joue une autre carte tout aussi intimidante.
L'homme dont j'ignore le nom garde son sourire et rigole même.

- On est tous dans le même cas, rassure-toi ! Tu finiras par y arriver et crois-moi, ça en vaut le coup. Regarde où je travaille.

En effet, travailler au Getty muséum de Los Angeles est bien mais... être gardienne de musée, très peu pour moi. Je vise plus haut. Je veux vivre de ma peinture. Je ne suis pas différente pour rien. Ma mère a toujours pensé que j'avais un don et même si je ne la croyais pas au début, maintenant, je veux bien la croire.
Il se retourne et me désigne l'institut de conservation. Ok, je l'ai mal jugé. Son pinceau derrière l'oreille aurait dû me mettre sur la piste. Puis, il n'a pas du tout le look du gardien de musée avec son baggy beige et son tee-shirt recouvert de peinture.

- Tu rénoves les œuvres ?

- Oui et j'en suis fier. Tout le monde ne peut pas se vanter de travailler sur des tableaux qui ont passé plusieurs siècles.

Je veux voir ce qu'il fait. Je veux le suivre. Son travail doit être vraiment passionnant. Prendre soin du moindre millimètre d'une peinture, de la conserver, de la retravailler pour qu'elle reste identique. Je veux en être !

- Tu as fini ta visite ?

- Oui et non. Ça fait trois jours que je viens et chaque jour je parcours chaque pavillon pendant des heures. Je ne peux pas m'en lasser.

- Je n'ai pas trop le droit mais tu as l'air d'être une fille honnête et si tu viens tous les jours, c'est que tu es passionnée alors je te dois bien ça. Viens, je vais te faire visiter.

- Tu es sûre ? Ce n'est pas confidentiel ?

- Si mais tu fermeras les yeux.

Je le regarde avec des yeux qui sortent de leur orbite. Pourquoi m'emmener dans un endroit qui regorge d'œuvres d'art si je ne peux pas les voir ? Face à mon air étonné, il pouffe de rire et m'attrape par la main.

- Je rigole ! Au fait, tu t'appelles comment ?

- Eryne et toi ?

- Will.

Je le suis à travers la propriété. Ensemble, on traverse les jardins, le hall du musée et l'esplanade d'arrivée pour rejoindre le bâtiment. Ma main toujours dans la sienne, je me laisse guider. Il doit être plus âgé que moi. En même temps, peu de jeunes de dix-huit ans doivent s'amuser à visiter des musées quand ils viennent pour la première fois à Los Angeles.