Chapitre vingt-quatre : Eryne

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Chicago. C'est là qu'a lieu la cousinade de la famille Jones. Peter ne m'a rien dit dessus à part "évite de coucher avec Nate sous ce toit". Ok... sauf qu'il ignore que j'ai mis un point final à cette relation et qu'il ne se passera rien avec Nate. D'ailleurs, il peut emmener une fille, s'il veut, je m'en fiche. On est allé beaucoup trop loin, il était temps que tout s'arrête avant que l'on fonce tous les deux droit dans le mur. Au moins, je me suis préservée un minimum. Vraiment un minimum.

Nate est venu avec sa pimbêche de Jade. On a dû voyager avec elle sur tout le trajet en avion faisant New York - Chicago. Elle met ses mains partout sur lui, je vais les lui couper si elle continue. Il est là, sous mes yeux à s'exhiber avec elle. J'hésite entre tourner la tête et faire une incantation pour qu'elle dégage. Une formule du style : « Je demande à la déesse de la justice et à la grande puissance de la nature, de faire en sorte qu'elle puisse faire éloigner Jade de... cette demeure. Qu'il en soit ainsi ! »

- Eryne ! Quel plaisir de te voir !

Ils disent tous la même chose comme si ce mariage était tout fait normal alors qu'il n'a rien de normal. Premièrement, il est arrangé. Deuxièmement, j'ai épousé un trafiquant d'armes. Troisièmement, il n'y a aucun amour au terme littéral du sens.

Je serre la main du grand-père de Peter, William Jones. Ce dernier a eu quatre fils avec sa femme, Mickael, James, Aaron et Robert, le père de Peter. Chacun a eu entre deux et quatre enfants... Je n'ose même pas imaginer le monde qu'il y a à cette cousinade. Soit onze cousins et cousines, quatre pères accompagnés de leurs femmes et le grand-père de Peter. En sachant que tous les cousins et cousines de Peter sont plus ou moins accompagnés et certains ont même des enfants. Bref, trop de monde pour une fille unique avec un demi-frère et une demi-soeur qu'elle n'a aperçus que trente secondes.

- Ne t'approche pas de Mark, le fils de Aaron et tout ira bien, me souffle Peter dans l'oreille.

Ça commence bien, cette histoire. On est que vendredi soir et je dois tenir jusqu'à dimanche soir. Deux jours entiers avec sa famille de mafieux et détraqués.

On rentre dans la... non le château de son grand-père et une immense table est dressée. Si Peter m'abandonne, je le tue. La table est au centre d'une immense pièce décorée à la façon Louis XIV avec des lustres au plafond et... merde ! Il a un Picasso au mur. Je ne peux m'empêcher de contempler l'œuvre. C'est le garçon à la pipe. Un tableau de 1905, vendu à Sotheby's en 2004 pour cent quatre millions de dollars. Cette œuvre est magnifique avec la présence marquée de la couleur rose, une symbole qui soulève la poésie et la tendresse de l'œuvre. Picasso y représente la beauté adolescente à travers l'expression du garçon qui lui attribue une certaine ambiguïté.

- Magnifique, n'est-ce pas ?

Je me fige en entendant la voix qui me chuchote la question dans l'oreille. Ca ne peut être personne d'autre que Nate. Je continue d'analyser le tableau et plus particulièrement les roses qui sont dessinées telles des ailes d'ange de chaque côté de ce garçon en tenue bleue qui contraste avec le fond rose du tableau.

- Tu sais que Picasso a dit "Chercher ne signifie rien en peinture. Ce qui compte c'est trouver." ?

Il me prend pour qui ? Il sait très bien que je connais cette réplique. C'est un basique dans le monde de l'art.

- Est-ce que tu trouves ce que tu veux, Eryne ? Parce que moi, je t'ai trouvée.

Je déglutis face à sa remarque dite sur un ton beaucoup trop enjôleur. Je peux sentir son souffle chaud contre le creux de ma nuque. Tous mes poils s'hérissent. De toute évidence, Nate n'a pas l'intention de mettre un terme à ce truc qu'il y a entre nous. Je ne parle pas d'amour, ou de sentiment mais de l'oisiveté qui nous lie et nous pousse à nous chasser continuellement.

[L.1] LOVE & ARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant