Chapitre six : Eryne

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New York, Etats-Unis.

    Nate veut son paiement mais je n'ai aucun moyen de lui donner son argent et je refuse de lui rendre. Il s'est fait berner, il doit en assumer les conséquences. Je ne lui ferai pas parvenir le tableau. Il veut être dur en affaires, je le serai également. Il ne devrait pas faire de promesses et me laisser. Il a découvert ma contrefaçon mais j'ai paniqué quand il m'a dit que c'était le tableau de Fernand Léger. Je l'ai peint il y a cinq ans. Je dois garder cette carte sous la main car il n'a pas l'air de plaisanter mais comment il réagira quand il apprendra que le tableau de Frida Kahlo est aussi un faux ? J'ai passé mes journées enfermées dans mon atelier de Manhattan. L'air y est frais en cette saison, surtout pour conserver l'œuvre que je suis en train de faire. Nate n'a pas mon numéro. Je n'ai pas de nouvelle de Peter. J'ignore si les deux hommes se parlent malgré le fait qu'ils se connaissent. Il ne me reste qu'une demie-heure avant de faire le virement. Je lui ai dit que je n'avais pas cet argent mais je l'ai. Il est dans mes différents comptes, bien au chaud dans des paradis fiscaux. Il l'a dit lui-même : "Si tu n'arrives pas à me rendre mon argent, je te conseille de savoir courir.". J'ai choisi de courir.

- Ça vous fera cinq cents dollars, mademoiselle Arnault.

    Je règle la somme due en cash. Elle me regarde avec de gros yeux et me dévisage comme si j'étais une fugitive. Ça se pourrait bien. Peter ne peut pas voir mes comptes mais il a le pouvoir de le faire s'il le demande encore faut-il qu'il en ait connaissance.

- Bon voyage.

    Je prends le billet qu'elle me tend et me dirige vers la sécurité. Je n'ai qu'un sac avec le strict minimum. Je ne sais pas combien de temps je resterai à Paris mais je devrais partir rapidement. Si je pars, il doit s'attendre à ce que j'aille dans mon pays d'origine. Ensuite, j'irai en Espagne, en Italie, en Allemagne, n'importe où du moment que c'est en voiture.
La sécurité vérifie mon billet et mon passeport et je peux passer le portique. Je ne sonne pas, je ne me fais pas contrôler pour la drogue. Au moment de récupérer mon sac, il le refait passer dans la machine. Merde. Je me mets à stresser pour rien. Si un vigil me voit, je suis bonne pour un interrogatoire. Je me mords la lèvre inférieure de l'intérieur et bouge mes orteils dans mes baskets. J'essaye d'être le plus discrète possible mais j'ai peur. Je regarde discrètement autour de moi. Personne ne semble me remarquer.

- Madame, nous allons procéder à la fouille de votre sac.

    Merde. Je hoche la tête et regarde mon portable. Encore dix minutes. Mon vol est dans une demi-heure. Je le regarde vider mon sac avec ses mains gantées. Il vide chaque poche tout en regardant l'écran pour repérer l'endroit où se situe l'objet. Il le trouve.

- Ce produit n'est pas autorisé dans l'avion. Nous allons devoir le jeter.

- Ok.

    Ce sont mes ciseaux pour couper mes toiles en lin sur lesquelles je peins. Ces ciseaux valent une petite fortune mais j'accepte. J'en rachèterai quand j'en aurai besoin. C'est-à-dire pas tout de suite. Je récupère mon sac et me dirige vers la porte d'embarquement. Sur le chemin, je prends soin d'observer chaque visage. Je regarde mon portable. Le temps est écoulé. Je marche d'un pas rapide longeant les couloirs. Je ne suis plus qu'à quelques mètres. Je m'installe sur un fauteuil et pose mon sac sur mes genoux. Ma jambe pourrait courir un marathon tellement elle gigote. Mon cœur va exploser. C'est trop stressant comme situation. Le temps ne peut pas avancer ? Une hôtesse s'installe au comptoir de la porte. Elle sort des papiers, les range, regarde l'écran d'ordinateur.

- Mademoiselle Arnault ?

    Je sursaute presque en entendant mon nom. Deux policiers me font face et m'examinent du regard.

[L.1] LOVE & ARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant