- SCÈNE 2 -

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(Kyra, Valerie, Marianne, Estelle, Sharon, Clarisse, des amis)

   Au bout du fil, Valerie est dubitative.

VALERIE, après un silence. – ... Essaie de lui parler. Communiquer peut peut-être l'aider...
KYRA. – Je lui dis quoi ?...
VALERIE. – Demande-lui seulement si ça va. Tu restes neutre, mais tu lui montres que tu t'es rendu compte de quelque chose.
KYRA. – Ok, je comprends. Merci. Je te dirai comment ça évolue.

   Leur conversation est écourtée : Marianne hurle depuis la cuisine, attendant Kyra de pied ferme pour le dîner.

KYRA. – Val, excuse-moi, je vais devoir te laisser.
VALERIE. – J'ai entendu ça. Pas de souci, on se rappelle une prochaine fois, ma puce.
KYRA. – Sans faute. Merci d'avoir pris le temps de m'écouter.
VALERIE. – Je t'en prie.

   Kyra raccroche et s'empresse de descendre.
   Sa mère l'attend, debout contre l'évier.

MARIANNE. – C'est pas trop tôt. Qui c'était ?
KYRA, mentant. – Estelle.

   Marianne a toujours eu Valerie en exécration.
   Son repas rapidement avalé, Kyra retourne s'isoler dans sa chambre. Avant de se coucher, elle consulte la notification informative qui vient de faire vibrer son téléphone : « Professeur de Mathématiques en banlieue parisienne, il est mis en examen pour agression sexuelle et viol... LIRE NOTRE ARTICLE ». N'en ayant ni la force, ni l'envie, elle se contente de la supprimer. Elle ne peut cependant s'empêcher d'y songer : ça peut arriver n'importe où. Nous sommes tous aussi vulnérables.
   05:45. Son réveil sonne. Elle se lève, péniblement, ayant mal dormi & se sentant vaseuse.
   Elle quitte le petit pavillon, prenant cette fois-ci sa voiture. Elle a prévu de parler à Sharon, en fin de journée.
   Arrivée à l'arrêt de bus pour récupérer Estelle, cette dernière n'y est pas.
   Kyra consulte ses SMS.

   Sa journée en solitaire se déroule comme toute autre

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   Sa journée en solitaire se déroule comme toute autre. A la pause, Kyra rejoint ses amis.
   Ils s'étonnent de l'absence d'Estelle, elle leur explique. Puis ils en viennent à évoquer Sharon.

AMIE 1. – Kyra, t'as eu cours avec Sherbakova, aujourd'hui ?
KYRA. – Non, je l'ai en dernière heure. Pourquoi ?
AMIE 1. – A ce qui paraît, elle fait un DS.
KYRA. – Ah ?
AMI 1. – Ouais, c'est Max qui nous a dit ça, tout à l'heure. Il nous a aussi dit qu'il l'avait trouvée bizarre, ce matin...
KYRA. – Comment « bizarre » ?
AMIE 2. – Il a pas dit grand-chose de plus : on l'a croisé en coup de vent dans le couloir.
KYRA. – Ok... En même temps, c'est vrai qu'elle a pas l'air bien, en ce moment...
AMI 2. – Tu as une idée de ce qui se passe ?
KYRA. – Aucune.

   La journée se poursuit. Deux heures d'EPS, une d'Anglais, puis Philo.
   Kyra est devant la salle, accompagnée de trois de ses camarades.
   Sharon est à l'heure.
   Elle ouvre sa salle & y pénètre aussitôt, sans même leur adresser un « bonjour », évitant tout contact visuel avec eux. Son état ne s'est visiblement pas arrangé.
   Quelques minutes après le début de l'heure, le DS tombe. Prétexte pour cacher son mal-être. Cela ne fonctionne pas. Du moins pas auprès de Kyra.
   La sonnerie retentit.
   Tous rendent leur copie et s'empressent de quitter les lieux.
   Bien décidée à lui parler, la jeune femme attend que tout le monde soit sorti.

CLARISSE. – Kyra, dépêche-toi, tu vas rater le bus !
KYRA, froide, ailleurs. – Je suis en voiture.

   (Clarisse Harlan. Une fille fascinante : l'archétype de l'ado populaire sur le retour, aussi suceuse qu'avide de ragots en tout genre, se mêlant constamment de ce qui ne la concerne pas.)

   Kyra avance vers le bureau de Sharon & lui donne sa copie. L'enseignante la récupère puis, s'attendant à ce que son élève parte, enfouit sa tête au creux de ses mains. Elle semble lutter contre un début de migraine.

KYRA. – Madame ?
SHARON, s'attendant à une question en lien avec le DS. – Oui ?
KYRA. – ... Est-ce que ça va ?...
SHARON. – Je... ouais. Ça va. Ne t'inquiète pas, Kyra...
KYRA. – Ok. Vous êtes sûre ? Vous n'avez vraiment pas l'air en forme... Vous...
SHARON. – Oui, oui, je t'assure. Ça va aller...

   Elle ment. Elle ment mal.
   Ne voulant pas insister plus que cela, Kyra récupère ses affaires et commence à partir.

SHARON. – Kyra ?...
KYRA, s'apprêtant à passer le pas de la porte, se tournant de trois quarts vers Sharon. – Oui ?
SHARON, hésitant puis se ravisant. – N... non, rien. Vas-y...
KYRA. – Si... si je peux faire quoi que ce soit, n'hésitez pas.
SHARON. – Merci, c'est gentil... A lundi.
KYRA. – Bon week-end, à lundi.

   La jeune femme quitte les lieux.
   Son téléphone vibre brièvement.

   Lassée, Kyra rentre chez elle, préoccupée par sa conversation avec Sharon

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   Lassée, Kyra rentre chez elle, préoccupée par sa conversation avec Sharon. Elle est inquiète. De plus en plus.
   Une fois arrivée, elle envoie les cours à son amie & en profite pour lui donner les nouvelles.

   Une fois arrivée, elle envoie les cours à son amie & en profite pour lui donner les nouvelles

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   Les deux jeunes femmes échangent encore quelques messages avant de dormir.
   Kyra ne se couche pas l'esprit tranquille. C'est pour elle une certitude : l'état de Sharon n'ira pas en s'améliorant.
   Mine de rien, elle s'est attachée à cette femme.

L'Etau de mon âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant