- SCÈNE 25 -

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(Kyra, Sharon, Agnès)

   Une semaine s'est écoulée depuis le viol.
   Marianne est en Pologne pour encore un mois.
   Anne & Valerie sont souvent chez Kyra. Sharon y est tout le temps : elle & son amie ne doivent pas quitter la ville. Agnès les tient régulièrement au courant des avancées de l'enquête.
   L'enseignante suit un traitement assez lourd. Elle a été mise en arrêt maladie par une psychiatre qu'elle voit pour le moment tous les trois jours.
   Kyra est seule avec Sharon : Anne & Valerie sont au travail. La jeune femme constate l'état des blessures de son amie : elles commencent à cicatriser, mais les ecchymoses sont toujours étendues : elles sont passées de noires à violettes, puis bleuâtres. Elles sont désormais verdâtres.

KYRA. – Il faut que tu continues à mettre de la crème : j'ai l'impression que ça marche bien. Fais voir, lève la tête deux secondes.

   L'enseignante obéit.

KYRA, regardant attentivement sa nuque. – T'as presque plus rien dans le cou. C'est bien. T'as toujours mal dans le dos ?
SHARON. – Oui.
KYRA. – Très ?
SHARON. – Assez pour que ça me réveille la nuit.
KYRA. – Ok. Quand tu seras prête à ça, il faudra que tu voies un ostéo. & ton poignet, ça va ?
SHARON. – Avec l'atèle, oui.
KYRA. – Ton œil ?
SHARON. – C'est sensible quand je touche, mais si je fais attention, ça va.
KYRA. – Ouais, ça c'est à cause du bleu. En tout cas, ça a bien désenflé, c'est déjà une bonne chose...
SHARON. – C'est... c'est comment, dans mon dos ?
KYRA. – Ça cicatrise doucement... Tu veux voir ?
SHARON. – Je... je sais pas... Non... Non.
KYRA. – Comme tu veux. En tout cas, si tu changes d'avis, tu me dis... Je peux te mettre la pommade ?
SHARON. – Vas-y...

   Ce fait, Sharon remet son haut & son cardigan alors que Kyra range ses produits.

KYRA, jetant un œil dans la direction de Sharon, esquissant un timide sourire. – Tu sais, tu peux arrêter de tirer sur tes manches, hein.

   L'enseignante lance un sourire douloureux & un regard profond à son amie.
   Leur journée se poursuit en douceur.
   Kyra lit, assise dans le canapé. Sharon, encore épuisée par l'épreuve qu'elle a traversée, somnole.
   15:30. Agnès sonne à la porte.
   La jeune femme se lève rapidement du canapé pour aller ouvrir.

KYRA. – Agnès, bonjour. Entrez.
AGNES. – Bonjour Kyra. Sharon est là ?
KYRA. – Bien sûr. Elle est au salon. Je vous offre un café ?
AGNES. – Volontiers.

   Sharon, qui somnolait sous son plaid, se redresse aussitôt qu'elle entend Agnès entrer dans la pièce.
   Kyra la suit.

AGNES. – Bonjour Sharon...

   L'enseignante ne répond pas & se contente de lancer un regard vide à l'officière.

KYRA. – Sharon, je vais faire du café pour Agnès, est-ce que tu veux quelque chose ?
SHARON. – Non. Merci...

   Kyra sort & gagne la cuisine, laissant les deux autres femmes seules.

AGNES. – Je vais avoir besoin de vous, Sharon... J'ai une bonne nouvelle à vous annoncer, mais ce n'est pas encore fini...
SHARON. – Une bonne nouvelle, sérieusement, Agnès ?
AGNES. – Une meilleure nouvelle que toutes celles auxquelles vous avez été confrontée depuis un moment, alors...

   L'officière marque une pause avant de reprendre, s'assurant d'avoir toute l'attention de Sharon.

AGNES. – On a arrêté David & on l'a placé en détention, le temps de boucler l'enquête, & même jusqu'au procès.
SHARON. – Quoi ?
AGNES. – On l'a eu, Sharon. Il est derrière les barreaux.
SHARON. – Oh mon Dieu...

L'Etau de mon âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant