Chapitre 2

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Une fois que je m'étais assurée qu'elle était bien partie, je me suis effondrée sur mon lit. Je n'en pouvais plus. J'en avais assez de cette vie d'esclave. Une larme, puis deux, puis tout un torrent coulèrent de mes yeux.

J'entendais quelqu'un monter dans les escaliers. " Et voilà la peste de service..." pensais-je.

En m'entendant sangloter, elle me balança :

- T'es qu'une grosse pleurnicheuse !

Je lui répondit sur le même ton:

- Je vais le dire à Mr Tapir !

Mr Tapir est notre voisin. Il nous garde de temps en temps quand ma belle-mère n'est pas là. Tina a très peur de lui. C'est vrai qu'il est grand et impressionnant, mais en réalité, il est très gentil et il a un cœur d'or.

Ma frangine a compris ; elle allait s'en aller en courant mais elle décida de me répondre:

- Et bah moi je vais le dire à belle-maman !

- Fais ce que tu veux, de toutes façons je m'en fiche, espèce de sale chouchoute, ajoutais-je.

- Belle-maman ! Belle-maman ! Carole elle a dit que...

Elle ne finit pas sa phrase. J'ai ouvert ma porte brusquement avant de lui lancer un gros "BOUH !!!!" assez effrayant pour qu'elle fiche le camp. Ce qui a marché, car elle a dévalé les escaliers, partant se réfugier dans les bras de ma belle-mère.

Moi, pendant ce temps, je me dis que c'en était trop comme ça. Je ne pouvais plus supporter cette vie. J'en avais assez, et jusque-là du ménage à faire tous les jours, de la cuisine à préparer et des râles parce que "ça va pas assez vite", "c'est pas bon", "c'est trop cuit"... , des "c'est-pas-vrai-c'est-pas-moi-c'est-Carole", de ma sœur et encore plus de ma belle-mère.

Je préparai une valise ; des vêtements, des sandwichs, des bouteilles d'eau, des livres et mon argent de poche. Mais je n'avais que quelques maigres pièces, et je me suis dis que je ne pourrais jamais m'acheter quelque chose avec aussi peu d'argent.

Une fois qu'elle fut prête, je descendis et vit ma belle-mère qui me lança d'une voix sourde:

- Mais qu'est ce que tu as fais à Tina !

Pour toute réponse, je lui dit:

- Tu serais contente, si je pars ?

- Je ne t'ai pas demandé ça ! Réponds moi ! répliqua-t-elle sèchement.

- Et moi je t'ai posé une question ! Réponds moi ! lui ais-je répondu sur le même ton.

- Ça nous ferait des vacances, c'est sûr ! Mais je veux que tu me répondes !

Je ne dis rien. J'ouvris le placard d'assiette, en pris une pile et la jeta par terre. Elles se brisèrent, elles aussi, tout comme le verre savonné et l'assiette de ma sœur cassés ce matin. Evidemment, ma belle-mère m'ordonna de ramasser, toujours en hurlant. Je lui répondit, en la regardant droit dans les yeux :

- Ça ne sert plus à rien, puisque que je ne suis plus là !

Je sors de la maison, claque la porte et sors dans la rue. Ma belle-mère arriva et essaya de me poursuivre, mais la course était inutile ; j'étais déjà trop loin.


Une fois dehors, je m'étais rendue compte que j'avais oublié d'emporter une montre et de regarder l'heure avant de partir. Et la nuit tomba vite : on était en hiver, et le froid tout comme la fatigue commençaient à se faire sentir.

J'observais le ciel et vis quelques flocons tomber délicatement avant d'atterrir gracieusement par terre. Heureusement, j'avais emporté un pull en plus de mon manteau. Il n'était pas très épais mais c'était tout de même mieux que rien. Je m'étais dit que, cette nuit là, je devais passer la nuit dehors. Pour une nuit, ce n'était pas si grave ! Mais il fit vraiment très froid.

J'avais tellement froid que je me disais par moment, que quand je me réveillerai, je serai frigorifié, voire quasiment congelée et mes doigts seraient tombés. Heureusement, rien de tout ça n'arriva. J'avais juste froid, euh, plutôt TRÈS froid, mais, quand j'ai rouvert mes yeux, j'étais toujours heureusement en un seul morceau. Quand le soleil commença à pointer le bout de son nez, je me remis en route. Une longue journée de marche m'attendait.

Je demandais à plusieurs personnes l'hospitalité, mais toutes refusèrent, sous prétexte qu'elles n'avaient plus de place, qu'il n'y avait pas marqué HÔTELS POUR SDF sur leur maison... Elles m'auraient peut-être dit qu'elle ne voulaient pas de moi franchement et gentiment, j'aurai compris. Pas besoin d'inventer des excuses ridicules. Obligée de rester dehors, je me suis donc installée près d'une cabane abandonnée, toute abîmée et avec des fenêtres sans vitres. J'aurais peut être pu trouver mieux, mais malheureusement le temps était contre moi.

Une personne s'approcha, et, me voyant ainsi, me dit d'une voix douce et chaleureuse :

- Jeune fille ? Ça va ?

Je levai la tête. C'était un homme, souriant, plutôt jeune et qui avait l'air sympathique. Je lui répondis, tant bien que mal, avec ma voix à moitié brisée par le froid :

- Oui, merci.

- Tu es sûre ? Tu es frigorifiée ! Si tu restes encore là un peu plus longtemps, tu vas finir congelée dans un glaçon, ma parole ! Regarde un peu comme tu trembles ! Allez, viens, je vais te loger chez moi. Tu y seras sûrement beaucoup mieux qu'ici.

Je me relève alors et me mit à le suivre, avec ma valise dans la main droite et lui marchant devant.


Moi, Carole, jeune orpheline. [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant