Chapitre 5

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Je lui ai tout raconté, du départ de chez ma belle-mère à la fuite par la fenêtre où je me suis entaillée la jambe et mes vêtements. Il a eu quelques sourires quand je lui ai raconté les farces de ma petite sœur, et quelques larmes quand je lui ai raconté ma vie d'esclave et mes nuits dehors, ou je craignais de mourir de froid.

-C'est...c'est... c'est inadmissible ! bégaya-t-il. Aucune personne ne mériterait une vie comme celle-là ! Dormir dehors ! Par ce temps ! En plein... en plein hiver ! Et comment les gens te traitaient ! C'est une honte !

-Ne vous emportez pas comme ça, lui dis-je gentiment.

- Oui, tu as peut-être raison. Mais en tous cas, tu as frappé à la bonne porte. Tu pourras rester ici autant de temps que tu le souhaites. Ah, et quelle impolitesse, j'ai oublié de me présenter. Je m'appelle Paul et voici ma fille Amélie. Et toi, tu es...

- Carole, repris-je. Carole Shenguert.

Au même moment, un chien qui dormait sur une couverture dans un coin de la pièce se leva et se coucha à mes pieds. Il me tenait chaud, et cela me réchauffait le cœur. Je ne savais pas vraiment à quelle race il appartenait, mais cela n'avait pas d'importance pour moi. On aurait dit qu'il avait écouté mon récit lui aussi. Cela m'a fait sourire. 

-Bien, a reprit l'homme. Allons dîner.

Voyant mon air inquiet, il ria et ajouta :

- Ne t'en fais pas, ma fille est la meilleure des cuisinières.

Je me suis dis que je pouvais lui faire confiance. Il avait l'air gentil content et son air ne ressemblait pas du tout à celui du jeune homme chez qui je me suis enfuie ce matin.

Le dîner était le meilleur de tous ceux que j'ai pu mangé au cours de ma vie. Il y avait de la salade avec des morceaux de gruyère en entrée, des œufs sur le plats avec des pommes de terres sautées pour le plat et au dessert, un magnifique gâteau au chocolat avec de la crème fouettée que la fille du vieil homme avait fait elle-même. Après ce fameux repas, ils me firent visiter la maison et me montrèrent ma chambre. Un lit qui me paraissait confortable m'était destiné. Je leur ai sauté au cou. Jamais je n'aurai pu rêver mieux. 

- Merci infiniment, leur ais.je dit. C'est parfait.

-C'est la moindre des choses, reprirent-ils. Nous allons te laisser t'installer.

Il descendirent l'escalier. Je déballai ma valise et me changeai. Enfin débarrassée de ses vêtements touts abîmés et troués ! Je m'installai dans le lit et commença à lire mon livre. J'entendis un bruit dans les marches. Cela ressemblait à des pas, mais ce n'était pas ceux de la jeune femme ni du vieil homme. Mais je vis deux oreilles et deux pattes couvertes de poils ainsi qu'un adorable museau se pointer timidement avant d'entrer dans la chambre. C'était le chien qui s'était couché à mes pieds.

Je le caressai alors, et il me regarda de ses petits yeux mignons. C'est à ce moment là que je m'aperçois à quel point il était grand. Je continuai à lire mon livre et il en profita pour passer sa tête sous mon bras. On aurait dit qu'il était en train de lire mon livre et cela m'a fait rire. Ce rire, il était caché depuis longtemps au fond de moi, tout au fond, et il a finit par se montrer. Je ne me suis jamais sentie aussi bien de toute ma vie. Je posai mon livre quelques minutes pour le caresser à nouveau. J'ai toujours eu peur des chiens. Plus maintenant. J'aurai tellement aimé que ce moment dure une éternité. Mais, au bout d'un petit moment, Amélie, qui était la fille du vieil homme, arriva et dit;

-Allez, Calame. Il faut laisser la jeune fille se reposer, elle a passé une dure journée.

Je l'embrasse et lui murmura à l'oreille :

- Bonne nuit, mon ami.


Voyant le chien s'éloigner, mon cœur se serra. Je voulais tant qu'il reste encore avec moi, même encore quelques minutes, mais je me suis réconfortée en me disant que je le reverrai demain matin.

La nuit que je passais était l'une des meilleures de ma vie. Aucun bruit, un lit, une chambre, du chauffage. Ce n'était peut-être rien, mais pour moi, c'était le paradis !!!

Quand je me réveillai, tout était calme. Pas de réveil qui vous sonne dans les oreilles. Pas ce fichu coq qui pousse son monotone et barbant "COCORICOOOO" pour vous forcer à vous lever le matin. Pas de cri, ni de disputes. Rien. Juste du silence. Je regardai l'heure sur l'horloge accrochée au mur de ma chambre. Je fus assez surprise, car d'habitude je me lève de bonne heure pour préparer le petit déjeuner et faire le ménage. Mais là, au lieu de me lever vers 6h-6h30, je m'étais levée à 9h15 !!!

Je descendis aussi vite que j'ai pu les escaliers, manquant de me casser la figure. Le chien - dont je ne me rappelais plus de son nom - me sauta dessus, faillant me faire tomber à la renverse. Je souris, le voyant remuer sa queue touffue, visiblement de bonne humeur, lui aussi. Il me regarda avec ses petits yeux trop craquants et je ne pus m'empêcher de le prendre dans mes bras pour le caresser. La jeune femme et son père étaient déjà debout, en train de servir du jus d'orange et du chocolat chaud.

- Bonjour, me dit la jeune femme. Nous t'attendions. As-tu bien dormi ?

- Bonjour, merveilleusement bien, merci beaucoup.

- Bien, installe toi, nous t'avons préparé une place.

Il y avait de tout, bien plus que je ne puisse l'imaginer; de la brioche, des pains au lait, des biscottes, du pain, des céréales, des fruits...  Je ne savais pas me décider, et puis, j'étais vraiment timide, alors je n'osais pas demander. En voyant mon air embarrassé, le vieil homme me dit:

- Vas-y, sers toi. S'il y en a assez pour deux, il y en a forcément assez pour trois.

- Merci infiniment, répondis-je.

Je pris deux tranches de pain à la confiture. C'était vraiment bon. Le jus d'orange était bien frais et vitaminé et une fois que je l'eus terminé, j'avais l'impression que j'étais en pleine forme, prête à affronter une nouvelle journée. 

Une fois mon petit déjeuner fini, je débarrassais la table. Mais la jeune femme me dit:

- Laisse, je vais m'occuper de ça.

Je retourna alors à ma place, un peu gênée. une fois que la femme eut terminé, elle s'exclama :

- Quel beau soleil ! Je vais arroser les plantes.

L'homme âgé dit: 

- Je vais aller me reposer, je suis fatigué.

Je restai donc seule, avec le chien à mes côtés. Il se leva soudainement et alla gratter à une porte située non loin de la porte de la salle à manger. Je me demandais bien ce qu'il fabriquait. J'ouvris la porte, curieuse de savoir pourquoi il faisait cela et il se précipita à l'intérieur. 

" Oh non, qu'est ce que j'ai encore fait !!! Il s'est sauvé !!! pensais-je, paniquée. Carole, réfléchis un peu avant de faire quelque chose, la prochaine fois !!!"

Je courus alors à l'intérieur. Mais non, il ne s'était pas sauvé, il était assis auprès d'un meuble un peu haut où trônait dessus une balle de tennis. "Ouf, pensais-je. Il voulait juste que je joue avec lui."

Je pris la balle et courus dehors pour m'amuser avec mon nouvel ami.

Moi, Carole, jeune orpheline. [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant