Les années ont passé, Calame est toujours présent. J'ai assez d'argent maintenant pour me louer un petit appartement, sans Sophia. Celle-ci a déménagé à Londres pour continuer ses études, mais on reste en contact par SMS et appels.
Calame, lui, prend de l'âge. Il doit avoir 10 ans, et commence à être paralysé des pattes arrières. Pourtant, 2 ans plus tôt, je le faisais participer à des concours d'agility. Maintenant, il peine à rester debout.
Je travaille en tant que journaliste. Je fais des reportages sur tout, mais mon dernier était sur un concert. Un jeune homme brun, yeux verts, qui chante des mélodies espagnoles. J'ai même pu entrer dans sa loge. J'étais aux anges. Cet homme là était mon idole depuis mes 13 ans. Je l'avais aperçu à la télévision une fois et depuis, j'en suis tombée sous le charme.
Je n'ai pas de petit ami. À quoi ça me servirait, de toutes façons ? Je ne suis presque jamais disponible, je travaille longtemps sur l'ordinateur, j'ai rarement l'occasion de faire une pause. Et puis, j'ai Calame. Ça me suffit bien.Ma belle-mère et Tina ? Je les ai complètement oublié. Mais en revanche, tous les soirs, j'allume une bougie en regardant la photo de mes parents, posée sur ma table de chevet. 10 ans plus tard, la douleur est toujours la même.
De temps en temps, je décide d'emmener Calame faire une promenade au bord de la plage. Il y a beaucoup de circulation, le matin comme le soir.
Ce jour là, ce n'était sûrement pas la bonne journée pour faire une promenade. Il pleuvait, et il faisait presque nuit. J'avais encore un article à rédiger, mais Calame me suppliait de sortir.
- Plus tard, mon grand. Carole a encore beaucoup de travail.
Il me sauta sur les genoux avec difficulté. Je soupire.
- T'as gagné. On va se balader.
Nous sortons donc tous les deux, et partons sur la plage. Je n'avais jamais eu l'occasion de regarder la mer au crépuscule, mais ce spectacle était juste magnifique. Calame se blottit contre moi tout en regardant le soleil se coucher, malgré l'averse qui nous brouillait les yeux.
- Allez mon grand, on rentre. Il va se faire tard.
Je reprends la laisse et l'attache. Je traverse la route avec Calame. Pas de voiture. Étrange, mais tant mieux. Un peu de calme me fait le plus grand bien.
Pendant une fraction de seconde, je reste figée. Une voiture fonce droit sur nous.
Calame se met à tirer comme un fou sur la laisse. Mais trop tard. La voiture est bien trop près. Je ferme alors les yeux et m'apprête à supporter le choc.
Une, puis deux, puis trois secondes passent. Sûrement les plus longues de ma vie. J'entends un bruit percutant. Mais aucune douleur. J'ouvre les yeux et me rend compte, horrifiée, de l'horrible scène.
Calame s'est fait percuté par le véhicule.- Calame ! CALAME ! Ça va aller mon chou, hein, courage, Carole est là... Ne me laisse pas... Je t'en supplie...
Le conducteur de la voiture ne descend même pas. Je me relève et lui hurle :
- Espèce d'enfoiré ! Vous ne savez pas faire attention ?!
Il me regarde, sort de la voiture, titubant, et s'approche de moi, puant l'alcool.
- Dis moi, t'es jolie ma p'tite dame. *hips* Monte avec moi dans ma voiture.
Je réplique en lui mettant une énorme gifle.
- Espèce de connard ! Vous ne vous rendez même pas compte de ce que vous avez fait ?!
Je prends Calame dans mes bras et le pose un peu plus loin, sur le trottoir. Du sang ruisselle de sa gueule et de son flanc.
- Tiens bon mon ange... Je t'en supplie...
Je le reprends et l'emmène a la clinique vétérinaire la plus proche. Je craque et les larmes viennent emplir mes yeux.
.
- Docteur... Je vous en supplie... Faites quelque chose...
Il examina Calame. Il avait un œil gris-blanc, du sang plein la gueule et sa respiration était faible.
- Je regrette. Il est gravement touché. Je ne peux rien faire, sous peine de l'affaiblir encore plus, et ce serait encore plus dangereux pour son âge. Ses poumons, son coeur et ses côtes sont endommagés. Je ne peux que vous prescrire des médicaments contre la douleur. J'en suis désolé, Mademoiselle. Ce n'est qu'une question de temps à présent.
Je m'effondre à moitié sur le sol. Non... Pas lui... Pourquoi... Ça aurait du être moi...J'allais perdre mon meilleur ami. Celui qui m'a soutenu dans tous les bons moments. Celui qui m'a redonné espoir. Celui qui a su me faire sourire. Celui qui m'a sauvé la vie. Ce chien, c'était toute ma vie. Sans lui, je ne suis rien et sans moi, il n'est rien. Je ne pouvais pas y croire.
Je le ramène chez moi, en tremblant de rage et de tristesse. La vie ne pouvait pas être si injuste. D'abord mes parents, puis Paul, et maintenant Calame. Je ne pouvais pas croire que ma vie était un pur cauchemar.
Je mis dans un bout de viande les médicaments que le vétérinaire m'avait prescrit.
- Calame... mon chéri... J'ai quelque chose pour toi... ça va t'aider à aller mieux... Mais il faut que tu le manges...
Il releva faiblement la tête. Il renifla le bout de viande, puis tourna le museau.
- S'il te plaît, mon ange...
Il ne broncha pas. Je me forçai à lui faire avaler, en lui mettant contre son gré dans la gueule. Ce qu'il finit par faire. Il essaya de recracher, mais n'y arriva pas. Il était trop faible pour y réussir.
Je passai la nuit à côté de lui, pour surveiller si quelque chose d'anormal ce produisait. Rien. Il dormait à poings fermés. Ce n'est qu'au matin que je me rendis compte de sa mort.
Je décidai alors de tout quitter. Mon job, Sophia, l'appartement. Je pris tout, fis mes valises et partis.
Mes yeux était devenus rouges à force de pleurer. Ma vue se brouillait. Je pris le volant en direction de la maison d'Aurélie. Après tout, c'était sa deuxième famille...
Aurélie m'accueillit. Elle me dit qu'elle n'allait pas rester ici, et qu'elle allait déménager définitivement en Espagne. Sa maison était donc à vendre. Je l'achetai. Calame serait bien mieux de reposer ici plutôt que dans une décharge.
Je pris la pelle dans le jardin et creusa un trou. Avant d'y mettre Calame, je le pris une dernière fois dans mes bras. Je le serrai du plus fort que je pus contre moi.
- Je ne t'oublierai jamais, petit ange.
~Message à Calame.
Tous les soirs, je m'approche du dessin où je t'avais représenté, ainsi que les nombreuses photos. J'ai même encore ton collier avec ta médaille. J'allume une bougie, et chante la chanson que tu aimais tant, et je l'accompagne avec ma guitare. Puis je vais poser une rose du jardin, sur le lieu ou je t'ai enterré. Je m'en fiche de savoir si enterrer son animal dans son jardin est illégal. Je préfère payer une amende plutôt que de ne plus te sentir à mes côtés. Sur ma veste, quelques poils qui t'appartenaient. Je ne la brosse ni la secoue jamais. Car cette trace est beaucoup trop importante pour que je puisse m'en séparer.
Tu me manques énormément. Ma vie n'est plus la même sans toi.
Repose en paix petit ange.
Carole.
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Moi, Carole, jeune orpheline. [Réécriture]
Ficción GeneralVous êtes vous déjà retrouvés, seul, face à la rue ? Sans de quoi vous loger, et avec à peine de quoi manger ? Juste avec vous une valise, et quelques euros ? C'est ce qui est arrivé à Carole, une orpheline, qui a décidé de quitter son foyer et sa...