Chapitre 9

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Une voix, là encore, familière, me sortit de mon sommeil.

- Carole ?... C'est... c'est... c'est toi ?

Cette voix n'était ni celle de ma belle-mère, ni celle de ma sœur qui suppliait à Rita d'acheter des petits poneys roses. Cette voix était celle d'une adolescente, que j'avais l'impression de connaître. Mais qui ?

Je me frottai les yeux avant de dévisager la personne qui m'avait réveillée.

- Sophia ? C'est toi ?

- Oui ! reprit-elle. Tu te souviens de moi ?

- Évidemment ! Ah, ma Sophia, si tu savais à quel point tu m'avais manqué...

Sophia était ma meilleure amie depuis que je suis entrée à l'école. Mais je ne la voyais pas, et pour cause ; ma belle-mère, Rita, la détestait. De toute façon, elle déteste tout le monde. Et donc, une fois que je fus arrivée en CP, elle m'avait inscrit dans une autre école, sous prétexte que j'empêchais tout le monde de travailler et que je faisais tout sauf écouter en cours, ce qui était faux, bien sûr. Du coup, j'avais perdu ma seule et unique meilleure amie, qui était chère à mes yeux.

- Moi aussi, tu m'as manqué, ma Carole, si tu savais combien de fois je me suis sentie si seule et triste...

- Allez, viens.

Et je la pris dans mes bras.

- Ce chien est à toi ? me dit-elle. Il est tellement mignon !

- Oui, en quelque sorte... On me l'a offert.

- Je peux le caresser ?

- Vas-y. Tu peux même lui faire des gratouilles sur le ventre, c'est ce qu'il préfère.

- Merci !

Je vis, à ce moment là, dans ses yeux, une lueur de bonheur que je n'avais pas vue depuis que je lui avais annoncer que j'allai la quitter.

- Mais je voulais te demander...

- Oui ?

- Que fais-tu ici, dans la rue ? Tu es bien loin de chez toi...

- C'est une longue histoire... Je te la raconterai plus tard, repris-je.

- Est ce que tu comptes dormir ici cette nuit ? me demanda-t-elle, gênée d'avoir parlé aussi vite.

- Je pense, dis-je. Je n'ai pas vraiment d'autre endroit où dormir.

- Tu n'as qu'à venir dormir chez moi, reprit-elle. Mes parents comprendront.

- C'est que...

Je n'aimais pas rentrer chez les gens comme ça, en plus, en compagnie d'un chien...

- Je vais leur demander, promis, je reviendrais te voir quand j'aurais la réponse. À toute à l'heure.

- À toute à l'heure, repris-je, sans la moindre trace d'espoir dans ma voix.

Et elle s'éloigna et mon cœur se serra. Je venais de retrouver une amie, mais j'aurais aimé que notre discussion dure plus longtemps.

Pour patienter, j'ouvris mon livre et commençai à le lire. Calame jouait avec sa queue. Je souris. Ah, je l'aimais, mon chien, je l'aimais ! Je caresse sa petite tête. Il me regarda avant de poser ses pattes et ma tête sur mes genoux. Il ferma les yeux et sombra dans le sommeil.


De longues dizaines de minutes passèrent, avant que la revoie. Elle arriva en courant, et dit, haletante ;

- C'est... bon... ils... ils... sont... d'accord... Tu... peux... venir...

- Mais, tu es sûre ? Ils ne me connaissent même pas, et moi non plus, je ne les connais pas !

- Ne... t'en... fais... pas... Ils... sont... d'accord... J'en... suis... sûre... et... certaine.

- Bon, si tu le dis...

Et je pris mes affaires et réveillai Calame avant de me mettre en route.

Moi, Carole, jeune orpheline. [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant