Livre I - Chapitre 1 : Une fascinante rencontre

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Tout commença le jour de la rentrée en première. Le jour où ILS arrivèrent. Moi, insignifiante humaine (car, spoiler alert, tout le monde ne l'est pas dans cette histoire), on s'en fiche de comment j'ai atterri là. Mais bon, ok, je vais vous donner un peu de contexte quand même, histoire de ne pas vous perdre dès la première page. Moi, Gwen, adolescente à peu près blonde d'à peu près 1m65, je vivais à Forks depuis dix ans déjà. Depuis que mes parents avaient décidé qu'une bourgade un peu paumée et très verte (euphémisme pour extrêmement pluvieuse) était bien plus adaptée à la fondation d'une famille que les grandes villes américaines, et qu'ils pouvaient bien exercer leurs fonctions d'avocate et agent immobilier n'importe où. Ce qui m'amenait donc ici, le jour de la rentrée de mon avant-dernière année au lycée de Forks, au milieu de ma bande d'amis, à dévisager - et très peu discrètement - les nouveaux arrivants.


Les Cullen, j'apprendrais un peu plus tard, avaient emménagé durant l'été dans une maison située dans la forêt en périphérie de la ville. Bien que leur physique eut été désorientant, s'il faut le qualifier d'autre chose que fascinant, la distance et le repli sur soi avec lequel l'ensemble de mes camarades accueillirent -ou plutôt, n'accueillirent pas - la fratrie, me déplut rapidement. N'aurait-ce duré qu'un jour, je m'en serais certainement remise. Mais l'après-midi du deuxième jour, je profitais de mon premier cours en commun avec l'un d'entre eux pour montrer un peu de bienveillance. C'était celui qui, des cinq, ne semblait pas appartenir à une paire, ce qui me poussa probablement à le considérer en mal de compagnie. J'étais de nature emphatique, et plus encline à m'attendrir des vulnérabilités des gens que la plupart de mes pairs. Dans un élan d'empathie, donc, je proposai au garçon aux cheveux cuivrés le siège voisin du mien lorsqu'il passa dans l'allée séparant les tables doubles. Il s'arrêta net, presque trop brusquement, planta ses yeux couleur de miel brillant dans les miens et fronça les sourcils en une expression profondément confuse pendant plusieurs secondes. Je failli répéter ma proposition lorsqu'il détendit légèrement son visage pour me répondre.

« Naturellement. Il semblerait que les rangées du fond soient trop prisées pour que j'espère encore y trouver place, de toute façon. Je me nomme Edward, Edward Cullen. »

« Enchantée, moi c'est Gwen Wood. »

Ce n'était que le début de l'année, et l'ensemble des professeurs étaient plus axés introduction générales que vif du sujet pour la première semaine. Pourtant, mon étrange voisin afficha une heure durant une mine aussi concentrée, et presque frustrée, que si nous avions réellement été en train de suivre une leçon de mathématiques. Je dis étrange, oui, car en plus de ce comportement, je ne pouvais nier la singularité de son physique. Edward avait, pour commencer, une peau d'une pâleur extrême, presque nacrée. Je ne pus considérer longtemps l'hypothèse qu'il fut albinos, cependant, car ses cheveux élégamment en bataille étaient couleur de bronze, ses yeux - comme déjà évoqué - d'un doré qui semblait presque liquide, et ses lèvres d'un rose qui s'harmonisait parfaitement avec le reste, le tout structuré et encadré par des traits ciselés. Etrange donc, mais non sans charme (euphémisme conséquent). A la fin du cours, Edward me salua poliment.

« Merci encore pour la place. »

Sa gratitude paraissait sincère, bien qu'il reprit un instant cette expression perplexe, avant de s'en aller gracieusement. Sa façon de se mouvoir était en effet si fluide, qu'elle le détachait encore davantage de la masse de lycéens moyens, un peu badauds en comparaison.

Le cours de maths était le dernier de ma journée, et je me dirigeai donc vers le parking du lycée, où je retrouvai mon meilleur ami, Tyler, aux côtés de ma voiture. Tyler était un garçon plutôt petit mais athlétique, afro-américain coiffé de tresses qui collaient à son crâne jusqu'a la base de sa nuque, aux yeux chocolat quasi-constamment éclairés d'une lueur rieuse, que je connaissais depuis mon arrivée à Forks. Mais surtout, Tyler était, depuis un an seulement que nous avions le permis de conduire, l'abonné officiel aux accidents de voiture. Jamais rien de grave, mais à une fréquence qui donnait quand même des airs de poisse. Le dernier en date, par exemple, n'était qu'une simple panne survenue au bord de l'autoroute au retour de ses vacances d'été chez son oncle et sa tante. En conséquence, mon petit bolide personnel était son taxi attitré. Bien sûr, je ne le laissais jamais conduire, craignant a minima qu'il écaille la peinture bleu électrique de la petite Chevrolet. Je le déposai donc devant chez lui, puis rentrai, heureuse de pouvoir profiter des derniers jours sans devoirs pour vaquer à des loisirs futiles. Je m'installai entre les couches du plaid gris et de la couette rose qui couvraient mon lit, tasse de thé en main, devant mon ordinateur dont l'écran diffusait un épisode de The Vampire Diaries.

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