Chapitre 6 : La meute

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Le dimanche de la deuxième semaine, il m'appela dans la matinée.

« Si on prend cette histoire au sérieux, ce qui est mon cas, je crois qu'il est temps que tu rencontres la meute. On fait un barbecue ce midi et j'aimerais que tu viennes.

- Qu'est-il arrivé au Emery qui ne voulait même pas que je sois en présence d'un seul loup ?

- Il s'est détendu, je crois. Mais je resterai sur mes gardes. Rejoins- moi chez moi.

- Ca marche, à tout à l'heure. »


Lorsque je me garai devant sa maison, je ne vis personne d'autre que lui.

« Je suis en avance ?

- Pile à l'heure, mais la fête ne se passe pas ici. Je préférai juste que tu arrives chez Emily avec moi que toute seule.

- Très rassurant.

- Ce n'est rien, mais les autres peuvent être de vrais têtes de cons parfois. »

Je compris vite ce qu'il voulait dire par là. Alors que nous approchions du porche d'une maisonnette, un adolescent à la mine renfrognée nous y attendait, bras croisés.

« Alors Emily ne blaguait, tu l'as vraiment amenée.

- Paul, commences pas. Je veux qu'elle vous connaisse, et elle n'a rien fait de mal.

- Ben tiens, faisons comme si elle ne passait pas l'autre moitié de son temps avec les vampires.

Son ton était hargneux, il s'approchait de nous les poings serrés, et ne m'accordait même pas un regard tout en parlant de moi.

- Ça ne change rien.

- Ça change que nous voilà fichus d'un agent double, et une qui pourrait mettre le traité en danger par pure naïveté face à la vermine.

J'estimai en avoir assez entendu sans intervenir.

- Eh, on se calme ! Ils ne souhaitent faire de mal à personne. Ils contrôlent leurs pulsions, comme vous.

- Tu viens vraiment de me comparer à un suceur de sang ?

L'ensemble de son corps se mit à frémir. Emery m'écarta d'une main.

- Gwen, éloigne-toi. Emily doit être à l'intérieur, rentre. »

Les tremblements de Paul s'amplifiaient à mesure qu'Emery le poussait vers les bois. Emery laissa alors quelques mètres les séparer, plia les genoux comme prêt à bondir et soudain, se trouva à sa place un immense loup au pelage chocolat. En face de lui se tenait une bête grise tout aussi impressionnante, sur laquelle il sauta avant que leur roulade ne les emportent à l'abri des arbres. Devant tel spectacle, je m'étais figée au pied des marches du perron. « Gwen ! Il me semblait bien avoir entendu du bruit. » Une voix féminine me fit me retourner vers la femme à qui elle appartenait. Deux choses me sautèrent aux yeux à propos de cette dernière. D'une, elle était très belle, du genre de beauté radieuse qui inspire le confort. De deux, cette beauté était à peine entachée par la moitié balafrée de son visage. Une grande cicatrice joignait le coin de son oeil droit à la commissure de ses lèvres, entourée de deux autres plus petites. Mais l'harmonie entre ses cheveux formant une cascade d'encre, sa peau mate et ses doux yeux bruns restait intacte. Ne me laissant pas davantage le temps de la fixer, elle ouvrit les bras et s'approcha pour m'étreindre.

« Je suis Emily. Ravie que tu aies pu venir. Ça fait un moment qu'on voulait faire ta connaissance. Ne fais pas attention aux garçons, ils se battent comme de vrais frères ! Entrons, ils nous rejoindrons vite.

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