Chapitre 7 : Attaques

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À partir de là, mon amitié avec Edward alla en se renforçant. Il avait beau ne pas pouvoir lire dans mes pensées, il parvenait généralement à capter une certaine réaction en moi lorsqu'une question sur son existence me venait à l'esprit. Alors, si nous étions en classe, je la chuchotais le plus bas possible, et il me répondait de la même manière. Parfois, il s'amusait à me dessiner la réponse et me regarder essayer de comprendre. J'appris par exemple qu'il ne dormait pas, et qu'il occupait donc ses nuits à développer toutes sortes de talents, comme le piano.

Dans le même temps, mes venues régulières à La Push exaspéraient de moins en moins Paul. Sam, tout à son calme naturel, restait peut-être même le plus méfiant. Je suppose que c'était là son devoir de chef. Le sujet des Cullen ne fut plus évoqué afin d'éviter un nouvel incident. Les garçons se transformaient quand même, et partaient courir à travers bois sous leur seconde forme. Emery m'expliqua qu'une fois le contrôle de la phase de métamorphose acquis, être loup était la sensation la plus libératrice au monde. Les mots ne parviendraient selon lui jamais à le décrire totalement.

Mes principaux agacements venaient en fait de mon groupe d'amis humains. Je ne pouvais empêcher des filles comme Jessica ou Lauren de commérer, et mes fréquentations semblaient être une grande source d'inspiration. Lors de la sortie cinéma à laquelle nous avions convié toute la bande, par exemple, Jessica papota innocemment à mes côtés, jusqu'à ce qu'elle me lance :

« Déloger Edward de sa table familiale habituelle, c'est un exploit. Surtout pour quelqu'un qui affirme ne pas être si proche de lui.

Le fait que je me rapproche simultanément amoureusement d'un garçon et amicalement d'un autre qui, qui plus est, lui était diamétralement opposé, leur semblait suspect. Je n'avais pas besoin du talent d'Edward pour savoir qu'elles supputaient à tout va que je jouais sur deux tableaux. J'hésitai à éluder totalement la remarque, mais répondis.

- Je n'ai jamais dit que nous n'étions pas proche. Nous sommes très amis.

Elle ne se donna pas la peine de trouver à redire à cette explication, mais Mike, qui marchait juste derrière Jessica, vint rajouter son grain de sel.

- Toi et Cullen, ouais, vous êtes mignons. Mais, franchement, il ne m'inspire vraiment pas ce type. Tu devrais rester avec nous autres, lycéens normaux. »

Je ne savais à quel point ce qu'Edward lisait dans leurs pensées était pire, mais il ne semblait jamais s'en préoccuper. La présence d'Angela, Tyler, Ben et Eric m'était encore largement supportable, mais je préférais de jour en jour celle d'Edward. Il avait déjà cent ans d'expérience de vie, et à la fois semblait comprendre parfaitement mes ressentis de simple ado.



Je fus donc étonnée mais ravie lorsqu'il m'invita chez lui. Nous finissions tôt le vendredi, et il me proposa de venir réviser pour le test de physique-chimie du lundi suivant. C'est ainsi que le vendredi à quinze heures, je me retrouvais pour la seconde fois conduite à travers route et chemins par Edward. La maison des Cullen était apparemment situé dans un coin reculé de forêt. N'étant pas d'humeur bavarde, Edward alluma la radio. Il zappait, et s'arrêta distraitement sur une chaîne qui diffusait les infos régionales. Sans la mine soucieuse que fit Edward lorsque la journaliste évoqua une deuxième attaque animale fatale aux alentours de Seattle, je n'aurais pas prêté plus attention au sujet. Mais il fronçait intensément les sourcils, créant un pli sur son front habituellement si lisse, et je me mis à me poser des questions pour le restant du trajet. Etait-ce un fait divers classique ? Combien de ce genre d'histoire relevait en fait du monde surnaturel ? Je fus vite déconcentrée, cependant, en arrivant devant la villa composée aux trois quarts de baie vitrée qui apparut d'un coup dans une trouée d'arbre.

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