Recueil

[Sope]

_ Tu es de mauvais poil. Qu'est-ce que t'as, trou du cul ?

Hoseok émit un bruit de langue qui ne fit que l'agacer plus encore. Et alors que la réponse à sa question se faisait attendre, il se rendait compte à quel point il détestait le voir dans cet état. C'était plus fort que lui, après tout. Il se demanda un instant comme les gens le percevaient, lui ? Comme un connard arrogant, sans doute. Mais peu importe, puisqu'Hoseok lui était toujours là.

_ Miya m'a quitté.

Oh.

_ Hier soir, continua son ami. Je n'étais pas attaché, mais c'était quand même inattendu.

_ Tu t'en remettras, des meufs, t'en as pleins ton répertoire.

C'était une putain de réalité. Et perdu au milieu de tout ça, il y avait son numéro à lui. Est-ce que ça changeait quelque chose ? Sans doute pas, après tout, ils n'étaient qu'amis. Que pouvait-il en dire de plus ? Si les mots « Je suis amoureux de toi » sortaient de sa bouche, est-ce que ça réglerait tout ce qui ne cessait de remuer à l'intérieur de lui ? Parfois, il se surprenait à les lui dire dans sa tête.

Je suis amoureux de toi, du con.

Mais même dans sa tête, c'était difficile à formuler. Comme une mauvaise mélodie, à foutre direct à la poubelle. Qu'en penserait Hoseok, de tout ça ?

_ Alors, pourquoi elle t'a quitté ?

Ces questions, il les posait à contre-cœur. Il se fichait de savoir pourquoi cette pauvre fille avait quitté son ami, en fin de compte. Mais Hoseok semblait troublé et il sentait qu'il était dans son devoir de continuer cette foutue conversation. Lui, dans tout ça, il ne souhaitait qu'une chose : passer à autre chose, que le voile dans le regard du brun disparaisse. Sur le papier, ça semblait facile, parce qu'Hoseok n'était pas du genre à pleurer une rupture, mais il semblait qu'il allait continuer à ramer encore un moment, cette fois.

_ Elle a posé une question idiote.

Ils s'arrêtèrent devant la vitrine d'une boutique de jeux vidéos, ignorant les passants qui râlèrent de leur soudaine immobilité. L'un à côté de l'autre, ils restèrent un moment silencieux.

_ Bordel, Hoseok, faut que je te supplie, là ?

L'interpellé soupira.

_ Elle m'a demandé ce que je ferai si on me disait, un beau matin, qu'il ne me restait qu'une journée à vivre.

Yoongi observa son reflet tandis qu'il haussait les sourcils. Il avait presque envie de rire, parce que c'était effectivement une question idiote. Qui a inventé ce genre de remise en question pourrie ? Personne ne saura jamais quand sera sa dernière journée, alors à quoi bon s'imaginer la vivre ?

_ J'ai répondu que je ne changerai rien, grommela Hoseok et il haussa mollement les épaules, enfonçant les mains dans les poches de son jeans trop grand. Du genre, journée classique. Je me lèverai, petit dej, puis je te rejoindrai pour aller à la fac. On passerait la journée ensemble, évidemment le midi on mangerait ensemble aussi, c'est ce qu'on fait toujours. Je te casserai les pieds toute la journée, tu me traiterait de « trou du cul » ou de « gros con », c'est bizarre mais je peux plus me passer de ça. Puis le soir, on irait jouer aux jeux vidéos, chez toi, chez moi, peu importe. Je passerai la soirée à me faire rétamer parce que, connard, t'es trop fort aux jeux, c'est navrant. Et le soir, je te dirai « à demain », tout en sachant qu'il n'y aurait pas de lendemain mais tant pis, je penserais qu'elle était trop cool c'te journée normale et qu'il n'y avait décidément rien à jeter.

Yoongi relâcha un souffle tremblant, légèrement déstabilisé. Ça bourdonnait dans sa tronche, parce que cette fois, il le sentait très profondément. A quel point il était amoureux de lui. Et putain, ça n'avait jamais été aussi intense, ça le bouffait. Littéralement. Et ses lèvres lui piquaient si fort, parce qu'il n'avait jamais été aussi proche de lui dire qu'il l'aimait.

_ Bref, elle l'a mal pris je crois.

Encore une fois, il fit un bref mouvement d'épaule.

_ Peut-être parce qu'elle faisait pas partie du programme de ma dernière journée ? C'est compliqué, les gonzesses, tu sais.

Non, il n'en savait rien. Enfin si, parce qu'Hoseok, lui, en avait une nouvelle par mois et qu'il était le seul à être assez con pour écouter les récits de toutes ses aventures (et mésaventures), les autres ayant déjà perdu patience. Mais concrètement, lui, les filles, il n'en connaissait pas beaucoup. Il n'avait jamais été très doué pour tisser des liens. Les seuls qu'il avait, c'était grâce à Hoseok et encore, à part avec lui, il ne communiquait avec personne, sauf sous forme d'onomatopées désintéressées. Il s'était depuis longtemps fait à l'idée que Hoseok constituait le seul être humain intéressant de cette planète.

_ Et tu sais ce qu'elle m'a dit ? Marmonna t-il, et Yoongi remarqua dans son reflet que son regard se faisait plus dur. Que je n'avais qu'à faire ma vie avec toi ! Elle était idiote, cette fille, non ? Elle dit des choses si évidentes, comme si elle pensait m'apprendre quelque chose !

Un rire le secoua et Yoongi se demanda un instant comment il pouvait ignorer le trouble qui l'envahissait de plus en plus au fur et à mesure de cette conversation. Il ne pouvait plus le cacher, après tout. S'ils avaient été dans un dessin animé pourri, il auraient sans aucun doute des cœurs dessinés sur la face. Il en avait presque honte.

_ Évidemment que je compte pas faire ma vie sans toi, grogna son ami. Elle a bien fait de rompre, finalement, je mérite quelqu'un de plus intelligent que ça.

_ Pourtant c'est pas ce qui t’étouffe, l'intelligence.

Il lui cogna l'épaule de son poing en le traitant de connard. Yoongi accueillit l'insulte d'un sourire, se disant qu'il pourrait se contenter de ça toute sa vie. Non, rectification, il se contenterait de ça toute sa vie, parce que c'était ce qu'Hoseok était prêt à lui offrir et c'était suffisant. Il était prêt à s'en contenter, juste pour pouvoir rester prêt de lui, juste comme ça. Et c'était évident qu'il passerait sa dernière journée avec lui, qu'importe quand elle se présentera.

_ Bon, on se l'achète ce nouveau jeu ? proposa Hoseok, lui emboîtant le pas.

_ Pour que je puisse de nouveau asseoir ma domination ? Oui, je suis pour.

_ Va te faire voir, démon.

Il lui sourit et ça le fit frissonner. C'était violent, ce genre de sentiment, il ne savait plus quoi en faire. Il essayait parfois de les caser quelque part à l'intérieur de lui, mais il lui semblait que ça bouffait toute la fichue place disponible. La seule chose qu'il pouvait faire, c'était lui dire de nouveau, lentement, distinctement, en espérant que ça suffirait jusqu'à la prochaine fois. Ses lèvres ne bougeaient jamais, mais ça suffisait pour le moment. Alors il continuait de formuler cette putain de phrase.

Putain, Hoseok, trou du cul, je suis tellement amoureux de toi. 

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Rien de particulier, j'ai juste écris ça ce soir et je me suis dit que ça irait bien dans mon petit recueil.
Des câlins !