[YoonSeok]

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Oh, j'aimerais que tu me pardonnes. Ça semble pas grand chose, mais je vois dans tes yeux que c'est beaucoup te demander. Il y a quelque chose de faux dans ton sourire, quand tu me réponds que tout va bien. C'est du passé, murmures-tu. Mais le passé t'es douloureux, non ? Oh, je sais que tout n'est pas entièrement de ma faute. Mais si tu me pardonnes un peu ce soir, alors demain sera peut-être un jour un peu plus lumineux.

Tu vas rester longtemps ?

Y a comme une forme de détresse dans tes mots. Dans le fond, tu me demandes de partir. De disparaître. J'aimerais accéder à ta requête, limiter ta douleur. Mais c'était long, Hoseok, si long. J'ai passé tant d'années à repenser à tout ça. Comme une longue descente aux enfers. Une mort lente et incontrôlable. Et il n'y a pas de raison que je t'en veuille, pourtant une partie de moi te déteste encore. Ton existence se limite à tout ça. Tu sais, cet espèce de amas de non-sens. Pourquoi je t'ai haï si fort. Pourquoi je continue de t'en vouloir encore. Et le bruit de ta respiration me fait toujours frissonner.

Alors je vais rester un peu. Et ça ne rime à rien, tu ne trouves pas ? D'être là, tous les deux. Dans une même pièce, seuls. Tu attends que je parte, j'attends que tu me pardonnes. Pour de vrai, je veux dire. Je ne veux plus de mensonges dans tes yeux. Et c'est pathétique, d'en arriver là. Je pourrais te supplier à genoux. Devant ta porte close, même, si tu tiens tant à ce que je sorte de chez toi. Je pourrais écrire cent fois, mille fois, infiniment pardon sur un épais paquet de feuilles double. Insignifiant effort. Ta souffrance brûle si intensément que j'ai l'impression de prendre feu avec elle. Oh, je suis tellement désolé.

Je vais bien.

Tu te répètes. C'est risible. Et le mensonge dans ton regard est d'autant plus visible. Je fais face à un mur. Et tu ressasses. Le passé, c'est le passé. Je vais bien. Aujourd'hui, tout va mieux. Nous n'étions que des gosses. Pas vrai, Yoongi ? Tout ça, c'était des conneries.

Mais si tu savais, Hoseok. A quel point ces conneries m'ont bouffés. Elles continuent de tout ravager. Ça me grignote, petit à petit. Tout ce qui est mort à l'intérieur, c'est pour toi. Et ce jour, je l'ai tant attendu. Tant redouté, aussi. Te faire face. Faire face à moi-même, surtout. Mesurer l'ampleur des dégâts. J'aimerais t'offrir les morceaux de mon moi brisé. Celui que j'ai continué à fracasser, même après ton départ du lycée. J'en ai pris soin, je t'assure. Mais si je te donnait tout maintenant, alors que resterait-il de moi, dis ?

Tu ne peux pas être quelqu'un de bien. C'est fichu, Yoongi.

Fichu. Ça l'est. C'est pourquoi je suis ici. Tu sembles perdu. Moi aussi, t'en fais pas. Mais promis, si ça dure longtemps, ça ne durera pourtant pas toujours. J'ai prévu de partir. Loin. Quelque part où on ne sera plus jamais capable de se voir. Et c'est mieux, non ? Parce que c'est là, coincé à l'intérieur, indéniable, incontestable. Nous deux, on ne pourra jamais vivre correctement. Pas comme ça. Et ça se compte pas en kilomètres. La distance n'a jamais suffit. Ça se compte en souffle. En battements de cœur. Je sais, j'ai compris, Hoseok.

Et je vais partir, je te le jure.

Que veux-tu de plus ? C'est bon, tout va bien. Je l'ai dis, Yoongi.

Je veux plus. Tellement plus. Je veux la lueur dans ton regard. Celle du passé. Et j'essaye de t'expliquer ce que je ressens. Ce que j'ai toujours ressentis en ta présence. C'est brouillon. Un peu comme dans ma tête. Des mots à mettre dessus, j'en ai pas. C'est ce que j'ai toujours détesté avec toi. Cette façon que tu as eu de mettre tout sans dessus dessous dès notre première rencontre. Il n'y avait pas eu d'échange, pas même un regard, et t'avais déjà tout dévasté. Comme ça. C'était réel, dangereux et incroyablement détestable, oui. Alors j'ai continué comme ça. J'ai exécré tous tes sourires. Le son de ton rire qui raisonnait de loin, si loin. Le bruit de tes pas dans les couloirs, comme si tu ne pouvais t'empêcher de prouver ton existence déjà si encombrante. Ton odeur qui semblait me suivre partout où j'allais, empiétant sur toutes les autres.

Les jours défilaient. S'ajoutait à cette liste tous ce qu'il m'était possible de haïr chez toi. Ta sociabilité. Ton goût pour les jolis fringues. Tes cheveux trop longs. Chacun de tes grains de beauté. Le son de ta voix. Tes regards.

T'étais né pour ça, Hoseok. Né pour me rendre dingue. Et ce n'était pas d'une jolie manière. Tout était si moche, quand je te regardais. Et à l'intérieur de moi ça s'agitait d'une horrible façon. Je ne contrôlais rien de tout ça. Tu as tout saccager et ma seule préoccupation était de te le faire savoir. Te le faire payer. Puisque tu avais tout démoli, alors c'était à ton tour, non ? Tu devais souffrir. Juste comme moi je souffrais. C'était donnant-donnant.

Et t'as souffert, non ? Est-ce que c'était assez, Hoseok ? J'ai tout donné. Le pire de moi, je t'ai tout montré. Les mauvais mots et les sales coups. T'humilier me guérissait un peu de toi. Et j'avais besoin de te détester à ce point, Hoseok. Au point de te réduire à l'état de rien. Pour tout le monde. Juste pour donner une utilité à toute cette place que tu prenais. Et de la place, tu en prends toujours autant. Et ce tout que tu es, ce tout que j'ai réussi à détruire, il pèse si lourd. Mais j'ai mérité ce fardeau, pas vrai ?

J'aimerais que tu disparaisses. C'est ton tour, maintenant.

C'est mon tour. Le tien est déjà passé. Cinq ans se sont écoulés, depuis ton départ. Cinq ans, c'est horriblement long, tu ne trouves pas ? Je les ai passé à te chercher du regard. Partout, tout le temps. Ça a dépouillé mon âme, ma tête. Je suis là pour me faire pardonner, mais à te regarder, je sais que rien n'est réglé. Hoseok, j'aimerais cesser de te détester, mais il semblerait que c'est trop me demander. Et je vais partir comme ça, avec ce truc immonde qui pourrit à l'intérieur.

Et tout ira bien si tu ne reviens plus jamais. Oublie-moi, Yoongi.

T'oublier, c'est prévu. J'ai  la manière radicale. Et c'est réfléchi, tu sais. J'ai fais mon mea-culpa. Et pas qu'avec toi. J'ai passé ces derniers mois à fouiller. A ressasser. A m'excuser. Encore, et encore. Je pensais que ça me ferait du bien. Recevoir du pardon, être pris en considération. Mais ça n'a rien changé. Parce que le fond du problème, Hoseok, c'est toi. Ç’a toujours été toi. Et j'ai l'impression que ça fait une éternité que c'est ainsi. Que c'était écrit. Que ça remonte à loin, si loin. Parfois, j'ai l'impression d'avoir mille ans.

La porte est grande ouverte. Tu attends. Dans le fond de tes yeux réside une forme de fermeté qu'il m'est difficile d'admettre. J'aimerai qu'on me plante des clous dans les pieds. Je pourrais rester ici à te regarder vivre. Rire. Pleurer. Respirer. Exister. Et passer le reste de ma vie à supporter ces horribles sentiments que j'ai envers toi serait un châtiment à la hauteur de ce que je mérite.

Oh, si tu savais comme je te déteste, Hoseok.

Quelqu'un de bien, je ne le serais jamais. Tu as raison, mon tendre nuisible. C'est trop tard pour l'être. Et sans toi, c'est désormais hors d'atteinte. Pour de bon. Mais je vais repartir avec tout ça. Avec tout ce que j'avais préparé pour toi. Le cassé, le joli, le fissuré et le réparé. Tu n'auras rien de tout ça et c'est tant mieux. J'aimerais que tu sois heureux.

Je te pardonne, Yoongi.

Il y a un dernier souffle. Ton odeur qui me suit jusque sur ton palier. J'ai même l'impression d'entendre l'un des battements de ton cœur. Puis un regard. Simple. Et tes yeux ne savent toujours pas mentir, Hoseok.

Me pardonner, tu ne le feras jamais.

[...]

Bonsoir. J'espère que vous survivez à la chaleur ? ;-; Moi, c'est compliqué. Mais clairement, y a pas le choix que de faire avec.
Ça faisait un moment... Quelques mois en fait...Que je n'avais pas écris une foutue ligne. Ce truc, c'est une idée que j'ai eu pour une petite fic, à la base. Et voilà ce que ça donne. J'en ai marre.
Bon, ça m'empêche clairement pas de reprendre l'idée plus tard pour en faire une fic, au pire...
Bref. Je m'excuse de mon inactivité. Mais vraiment, écrire est hyper difficile pour moi en ce moment. Donc voilà.
J'espère que vous aurez aimé ce petit truc. Je vous dis pas à bientôt, parce que je veux pas vous décevoir.
Câlins ~

RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant