Chapitre 14

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La pluie à arrêté de tomber sur la grande ville de Séoul. Les quelques téméraires qui s'aventurent dans les rues, longent les murs et se cachent sous les avancées de magasins, à la recherche d'un quelconque parapluie. Le grand immeuble du quartier de Dongjak-gu à arrêté de brûler vers trois heures du matin, il paraît que c'est l'incendie le plus meurtrier de l'histoire de Séoul. Et selon les journaux, un gang de Mafieux auraient mis le feu volontairement et simplement pour tuer leurs adversaires. Une vague histoire de rivalité de gangs qui aurait mal tourné. Les passants qui vont chercher leurs courses de la journée ont remercié le ciel pour la pluie. L'averse vient de passer, mais l'hiver laisse place au printemps et a ses pluies imprévisibles.

Et comme sur toute la ville, les gens vaquent à leurs occupations. Les uns vont faire les courses, d'autres emmènent les enfants à l'école. Qui aurait cru qu'autant de monde serait entassé dans ce petit columbarium au lieu d'aller travailler. Les doux rayons du soleil éclairent le cadre blanc du cube de béton. La bâtisse n'a jamais été aussi pleine de pleur timide et pourtant si désespéré. C'est la première fois que Jisung pleure, qu'il ressent autant d'émotions se bousculer dans son ventre. Peut-être parce que le prénom qui repose sur l'urne vide en face de lui n'est pas un nom inconnu, mais celui de son frère.

Jisung: Kim Taehyung...

Il murmure doucement en touchant l'urne. Dans sa tête, il se sent pathétique de pleurer devant tant de monde, devant la femme qu'il aime. Dans son cœur, il se sent abandonné au milieu de toute cette foule. Qui lui rendra son frère ? Qui pourrait lui rendre les années qu'il a passées à le détester ?

Quand il relève les yeux, ses amis, que dire, sa deuxième famille est là. Elle se réconforte, elle essuie les pleurs qui dégringolent des joues et rigole pour essayer de faire fuir la douleur. Les garçons se tiennent bras dessus bras dessous et fixe tendrement Jisung. T/p l'attend, qu'il se soit recueilli alors qu'elle aussi à des morts à pleurer. Le monde est si cruel quand il veut... Il essuie une larme qui dévale de ses yeux et se redresse pour les saluer une dernière fois tous les trois.

Jisung :Papa, maman et Tae n'ont jamais été aussi proche.

Il soupire face à la gravité de ses mots et au misérable double sens qu'il vient de faire. Quoi que le corps de son frère n'est même pas là. Il n'a pas été retrouvé entier sous les décombres et la police n'a pas voulu rendre les restes. L'autopsie à bel et bien estimé sa mort à avant l'incendie et l'écroulement du parking, mais rien n'aurai pu leur donner raison. De toute façon, Taehyung est déjà mort aux yeux de la loi. Il repose dans un cercueil vide lui aussi, dans le cimetière du Centre juste à côté du cercueil vide de Hyunjin. Jisung sert le poing, dégoûté et recule d'un pas pour être aux côtés de T/p. 

C'est au tour de son chef de venir le saluer. Jungkook pose un regard neutre mais délavé sur la paroi de verre qui contient les trois urnes. Il se braque et fini par fondre en larmes. Incapable de dire quoi que ce soit, il disparaît en tournant le dos. L'homme que l'on croyait intouchable venait de craquer. Suga et le reste saluent eux aussi et il dépose un petit ongle rose à côté de l'urne de Tae. Impassible, il lui dit un dernier au revoir et fait une accolade à Jisung tout en excusant Jungkook.

Suga: J'espère qu'elle t'a attendu là-haut vieux frère...

puis disparaissent eux aussi.

Tout le monde se suit dans les voitures. Le temps est nuageux, quelques rayons se fraient un passage dans les arbres et les nuages autour d'eux. Le cimetière du Centre n'a jamais été aussi remplit. Les tombes sont déjà vieilles. Le ton est froid tout comme la pierre qui les surplombe. Et si tous les autres ont déjà fait leur deuil, T/p découvre sa tombe pour la première fois. Elle est belle cette tombe, elle lui ressemble quand on y réfléchit. Droite, qui se confondrait avec n'importe quelle autre tombe et pourtant... C'est la seule qui n'a pas une égratignure, elle resplendit, luisante de la pluie passé. La dalle supporte même le poids de sa voisine qui est tombé suite à des rafales de vent.

T/p sort un bout de papier qu'elle a minutieusement écrit toute la nuit. Elle n'a pas voulu dormir, elle n'a même pas voulu récupérer. La cérémonie devait être faite au plus vite pour ne pas éveiller les soupçons. Alors elle avait écrit. Elle avait d'écrit toutes les sensations stupides, toutes les envies, toutes les remarques qu'elle s'était fait depuis qu'il était partie de sa vie.

T/p: "Et je me retrouve à te chercher dans tout, dans tout le monde. Je cherche ta bonté dans les âmes des autres. Je cherche des yeux qui ont même une vague ressemblance avec les tiens. Je te cherche dans les livres, dans les films. Et quand la nuit tombe, je te cherche dans les rayons du soleil couchant. Par ces journées chaudes et lumineuses, dans la pluie granuleuse. Dans des situations où je te cherche parmi des foules de gens, espérant que notre regard gravite miraculeusement l'un à l'autre. Je me retrouve à te chercher dans les étoiles quand je vois passer une ambulance.

T/p serre la feuille, elle a peur d'accepter son départ.

T/p: Je trouve que mon esprit a tendance à se concentrer inconsciemment sur toi. J'ai tendance à trouver des moyens de te recréer dans mon esprit dans une tentative de garder ta mémoire vivante... Et je crois que tu me manques dans chacun de mes soupirs. Mais j'aime me dire qu'on se retrouvera de l'autre côté, que tu m'attends encore, comme a chaque fois. "

Elle arrête de lire et fond en larmes. Jisung l'épaule et les garçons du district 9 viennent tous ensemble lui faire un câlin. Qui ne jalouserait pas la vie quand elle naît au milieu des corps de ceux qu'elle chérit ? Les soupirs, les pleurs et les sanglots enterrent les doutes. On veut plus prouver, personne ne va se noyer dans la foule. Parce que la foule, c'est nous, c'est la famille, c'est la mafia pour elle. Elle ne pensait pas que ça serait aussi dur, mais elle va arrêter de se plaindre. Parce qu'elle elle l'a ouverte sa grande gueule au lieu de vivre au jour le jour. Et aujourd'hui, ceux qui n'osait pas l'ouvrir sont parti six pieds sous terre en l'ayant écouté elle sans se plaindre.

T/p: Tu me manques. Je t'aime Kyungsoo...

Jisung essuie ses larmes et sa grande main glisse dans la sienne. Rien n'est plus dure que vivre avec ses morts. Ils emportent tous un morceau de nous, qu'ils gardent précieusement près d'eux. Et quand le deuil, les regrets et les larmes auront disparue, les vivant chérirons ce morceau de vie autant que les morts.

Jisung tire T/p vert lui et l'embrasse.

Jisung: Je t'aime. 

Mafia III TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant