20. Esmée

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Je fixe le téléphone d'Owen depuis une bonne dizaine de minutes en espérant être victime d'une hallucination. Mais le message qui s'y affiche reste le même :

La petite photo du jour, pour que tu passes une bonne journée bébé.

Il vient d'un numéro qui n'est pas enregistré dans ses contacts mais l'expéditeur ne fait aucun doute étant donné que la personne est reconnaissable sur la photo qu'elle a joint à son texto. Il l'a reçu ce matin, à huit heures et a ouvert le message.

Il y a un mois il m'a juré ne plus rien faire avec elle depuis avril, sauf que nous sommes en octobre et qu'apparemment il reçoit fréquemment des nudes de cette fille. Clichés accompagnés de mots tendres, et j'ai été assez idiote pour le croire.

Je chasse rapidement les larmes qui s'échappent, malgré moi, de mes yeux et ferme l'application des messages en abandonnant l'idée d'en envoyer un à Ruben.

— Honey ? je l'entends m'appeler du couloir de son appartement.

J'ai l'habitude de faire comme si tout allait bien. J'ai joué à ce petit jeu là pendant un peu plus de deux ans. Les quatre mois passés loin de Connor n'ont pas suffit à supprimer ce mécanisme de défense que mon cerveau met en place pour éviter le conflit. Je plaque un faux sourire sur mon visage quand je l'entends ouvrir la porte.

— Tu as réussi à joindre Ruben ? demande-t-il l'air vraiment intéressé.

Si j'ai pris son téléphone c'est pour essayer de joindre mon ami et ancien patron qui ne m'a plus donné signe de vie depuis plus d'un mois, ça n'a malheureusement pas été concluant, une fois de plus.

— Oui, il va bien, dis-je alors en lui mentant ouvertement, avant de lui rendre son téléphone en le plaquant contre son torse lorsque je passe près de lui.

Il me regarde les sourcils froncés ne comprenant pas ma réaction et il me suit.

— T'es sûre que tout va bien ? demande-t-il suspicieux.

Je meurs d'envie de lui crier dessus, je rêve de lui balancer à la figure tout ce que j'ai sur le cœur, mais je me refuse cette confrontation. J'ai bien trop peur de faire face à la vérité. Et par dessus tout j'ai envie de pleurer sur mon sors mais je ne craquerai pas devant lui.

— Oui, je vais sortir courir histoire de m'aérer l'esprit, dis-je en enfilant en vitesse mes baskets.

— Il fait nuit Esmée, m'informe-t-il, mais je l'ignore et noue mes lacets.

— Tu ne veux pas rester et en parler plutôt ? propose-t-il calmement.

Un ricanement m'échappe malgré moi.

— Je sais qu'il fait nuit, il est dix heures du soir, je ne suis pas bête, dis-je un peu trop sèchement.

— Je n'ai jamais dis le contraire, mais tu fuis Esmée, dit-il en soufflant. Quand est-ce que tu vas arrêter de faire ça ? Quand est-ce que tu vas enfin me parler ?

Mes chaussures mises, je me redresse et attrape une veste.

— Quand je serai certaine de pouvoir avoir confiance en toi, je lâche vivement.

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