6. Esmée

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J'arrive à la Mairie et après un long moment plantée devant la bâtisse, je finis par y entrer. Elle est tellement petite qu'il m'est impossible de me perdre. Je n'ai même pas besoin que l'on m'indique le chemin. De toute façon personne n'est apparemment prévu à cet effet ici. Il n'y a aucun guichet d'accueil.

Je toque à la première porte fermée que je croise et l'ouvre dès que l'on m'invite à le faire. Une belle jeune femme rousse, à qui je donnerai 25 ans pas plus, lève la tête de son écran et me jette un regard dédaigneux en me reluquant, à plusieurs reprises, des pieds à la tête .

Pas très accueillante.

— C'est pour ? demande-t-elle sur un ton qui me confirme son côté secrétaire qui pète plus haut que son cul.

Je lui sors mon plus beau sourire avant de lui répondre.

— Je souhaiterai voir Maître Padwell. Suis-je au bon endroit ?

— Oui, vous êtes au bon endroit. Mais Maître Padwell est occupé.

Je ne sais pas si son air revêche m'est réservé ou si elle s'est simplement levée du mauvais pied. Je m'apprête à lui expliquer ma situation mais elle ne m'en laisse pas le temps.

— D'ailleurs on n'entre pas ici comme dans un moulin, il faut prendre rendez-vous.

Elle mâche grossièrement son chewing-gum et le bruit de sa mastication m'hérisse le poil. Je suis bien tentée de lui répondre que je suis littéralement rentrée dans ce bâtiment municipal aussi facilement que dans des toilettes publiques, mais je me retiens.

— Écoutez, j'ai conscience que c'est un homme très occupé, mais je viens des États-Unis et j'ai fait une longue route juste pour le rencontrer. Il est au courant de ma venue. Nous avons convenu il y a quelques jours que je passe à son bureau dès mon arrivée à Durness.

Je garde un sourire de convenance et n'élève pas la voix. Mes années en tant que serveuse m'ont appris que face à la stupidité rien n'est plus efficace que de se mettre au niveau de son interlocuteur. Toujours brosser le client dans le sens du poil.

D'un coup, le bruit d'une porte qui s'ouvre et des pas qui traînent sur le vieux parquet en chêne annonce l'arrivé de quelqu'un, et au vu du comportement de Madame Pimbêche je suis certaine qu'il s'agit du Notaire.

— Sabrina, avez-vous des messages pour moi ? demande-t-il une fois à sa hauteur.

Puis il se tourne vers moi et attend que sa secrétaire fasse son job en lui indiquant l'objet de ma présence.

— Cette jeune fille vient des États-Unis vous lui auriez soit disant dit de passer au cabinet afin de la rencontrer, dit-elle avec mépris.

Maître Padwell se tourne vers moi et le visage du vieil homme se pare d'un sourire amical.

— Mademoiselle Watson, je suis ravi de vous voir parmi nous. Suivez-moi.

Je le suis dans son bureau non sans jeter un regard et un sourire victorieux à cette très chère  Sabrina.

Une fois installé il commence à m'expliquer les dernières volontés de ma grand mère.

— Elle souhaite que ses cendres soient dispersées du haut des collines, me dit-il en glissant sur le bureau ce que je suppose être l'urne de Granny.

My Highlander Où les histoires vivent. Découvrez maintenant