My Highlander

12. Esmée

L'instinct c'est cette impulsion qui nous vient généralement quand une situation nous semble trop dangereuse ou périlleuse. Quand il est tard le soir et qu'on se retrouve à devoir traverser cette petite ruelle sombre, mais que l'on préfère finalement faire un détour de dix minutes pour ne pas risquer une potentielle agression, par exemple. C'est aussi ce qui m'a fait me recroqueviller sur moi même quand je l'ai vu faire ce geste brusque avec son bras.

Est-ce que je pensais réellement qu'il allait me frapper ? Même pas. Mais mon cerveau a perçu ce geste comme une menace, par habitude certainement, et instinctivement sans que je ne contrôle mon corps, je me suis protégée, de la même façon que je le faisais avec Connor quand il s'énervait.

Ça fait bientôt cinq jours que cet événement s'est produit et je ne peux pas arrêter d'y penser. Dès que je croise son regard un sentiment de honte me traverse le corps. Parce que je sais qu'il se doute de quelque chose. Et savoir que le regard qu'il pose sur moi est maintenant terni par ce qu'il en a déduit de la situation, m'embête plus que ça ne le devrait.

À ses yeux je ne suis désormais devenue la petite femme fragile qui se recroqueville dans un coin au moindre mouvement inattendu qu'un homme fait trop près d'elle.

Comme il me l'a annoncé ce fameux soir, il est venu me chercher et m'a raccompagné à chaque fois. Et les trajets se sont tous faits dans un silence de mort.

Les trois amis doivent passer à la maison ce matin afin de bricoler un peu sur la voiture de Granny. J'espère qu'ils trouveront pourquoi elle ne démarre pas, que je n'ai plus à subir ce calvaire de ces allers/retours assise sur le siège passager de son pickup.

J'ai essayé de soudoyer Kate et Calie de venir aussi, mais K travaille et Cal à un rendez-vous médical. Je vais donc être seule avec eux et si je peux gérer l'humour douteux de Zack et le côté inquisiteur de Lewis, la présence d'Owen m'angoisse autant qu'elle me ravit.

Connor m'a retiré ça aussi. L'euphorie que peut ressentir une personne d'en rencontrer une autre. L'envie de la connaître et d'approfondir la relation naissante. Il a remplacé ça par une appréhension maladive de retomber sur le même type d'homme que lui. Je me retrouve à analyser chaque geste, chaque parole et à comparer.

Connor aussi était comme ça et pourtant...

Connor aussi faisait ça au début et regarde après...

Connor, Connor, Connor...

Je veux me l'enlever de la tête. Comment peut-il me hanter après tout ce mal que j'ai mis à mettre ces milliers de kilomètres entre nous ? Pourquoi ai-je l'impression qu'il a encore ce pouvoir sur moi ?

***

Les garçons ont passé plus de trois heures la tête sous le capot de la vieille Chevrolet de ma grand-mère. Et le verdict est tombé, beaucoup de choses sont à changer. Étant donné les frais que cela peut engendrer, Lewis s'est engagé à aller faire le tour de quelques casses du coin et ils m'ont proposé de faire eux même les réparations. N'ayant pas les moyens de faire autrement j'ai bien-sûr accepté.

Je vais donc devoir continuer le co-voiturage avec Owen encore pendant un moment.

— Tu viens de quel coin des États-Unis au faite ? me demande Lewis.