Leksa Kom Trikru

Nyko le guérisseur

Pendant le reste du trajet, je me suis appliquée à tout lui raconter dans les moindre détails.

Comment j'avais vécu ma première semaine, comment je m'y étais prise pour survivre, le périmètre que j'avais exploré. Sur ce point, elle n'a pas pu s'empêcher une exclamation de surprise. Elle m'a ensuite avoué qu'elle ne s'attendait pas à ce que je parcours autant de distance, et que désormais je connaissais peut être même mieux certains endroits qu'elle ou que bon nombre d'autres guerriers, ce qui pourrait m'offrir un avantage le moment venu en cas de combat, ou pour détecter plus facilement des risques d'embuscades.

Puis j'en suis venue au petit groupe de guerriers que j'avais rencontré. Je lui ai raconté comment nos chemins s'étaient croisés une première fois dans la forêt, peu de temps après que je me sois faite embrocher par le sanglier.

Puis comment j'étais tombée dans l'embuscade qui leur avait été tendue - en me gardant bien de lui dire que j'avais largement provoqué cette situation - et comment je m'étais retrouvée ligotée dans leur campement, jusqu'au duel dont la victoire m'avait permis de retrouver ma liberté et de récupérer mon poignard.

Une fois de plus, j'ai volontairement ommis de lui parler de Costia. Je lui ai simplement dit que je m'étais battue avec une jeune guerrière à peine plus âgée que moi.

"A ton avis Anya, de quel clan ils venaient ? Sur leurs tatouages, j'ai remarqué qu'une spirale revenait souvent dans leurs motifs."

"Alors il devait certainement s'agir des guerriers du clan Podakru, le peuple du lac. Leur territoire se situant au-delà de la grande barrière rocheuse, je suppose qu'il s'agissait d'un détachement de la garde de Heda."

Un détachement de la garde de Heda...

Cela expliquait beaucoup de choses.

La suite du trajet s'est faite dans le silence. J'étais perdue dans mes pensées, je réfléchissais à tout ce qu'il m'était arrivé ces derniers mois.

J'ai aussi pensé à Jeyk. Il m'avait beaucoup manqué, j'avais hâte de le voir ! J'ai laissé mon esprit essayer d'imaginer à quel point il avait pu changer depuis tout ce temps. Est-ce qu'il avait encore grandi ? Est-ce qu'il avait gagné d'autres marques ? J'avais aussi très hâte d'entendre toutes les aventures qu'il aurait à me raconter.

Puis je me suis doucement endormie, en pensant à mon cousin.

"Leksa, réveille toi. Nous sommes arrivées."

Quand j'ai ouvert les yeux, le soleil se couchait déjà, et il ne restait qu'une pâle lumière du jour.

Ce repos m'avait fait beaucoup de bien, mais ma jambe était encore très douloureuses. Peut être même plus. J'espérais qu'elle ne se soit pas infectée.

Anya m'a aidé à descendre du chariot. Nous étions arrêtées devant une petite maison que je ne connaissais pas. J'ai interrogé Anya du regard.

"Une nouvelle acquisition. J'en avais marre de ne pas avoir de pied à terre à TonDC."

A son regard, j'ai su que je n'en apprendrai pas plus. Et parce que je la connaissais désormais si bien, je savais que cette nouvelle acquisition, comme elle disait, avait certainement un rapport direct avec ses escapades nocturnes, dès qu'on était de passage dans la ville.

Je me suis sentie un peu inutile, alors que je les voyais tous s'activer pour ranger les affaires à l'intérieur. Mais quand j'avais voulu les aider, Anya m'avait fait les gros yeux.

J'étais de plus en plus inquiète pour ma jambe. J'avais l'impression que mon cœur battait à l'intérieur, je la sentais lourde. Et évidemment, c'était douloureux.