Hantée par les souvenirs de ma mystérieuse rencontre de la semaine passée, je marchais sans même prêter attention à ce qui m'entourait. Dans ma tête tournait en boucle le visage de cette fille, Costia. Elle ne semblait pas tellement plus âgée que moi, mais il se dégageait d'elle une aura si forte, si pleine d'assurance et de sauvagerie que j'en avais eu des frissons dans tout le corps. Elle donnait l'impression de n'avoir peur de rien ni de personne. Elle incarnait ce qu'Anya avait voulu que je devienne en me demandant de partir du village.
Elle était ce que je n'étais toujours pas.
Sans peur et sans faiblesse.
Une vraie guerrière.
Une part de moi souhaitait la revoir, alors j'avais erré toute la semaine dans les environs en espérant que le destin me replace à nouveau sur sa route. Je ne parvenais pas à comprendre cette étrange obsession pour cette fille que j'avais à peine aperçu entre les branches d'un buisson.
Je me demandais ce qu'elle faisait aussi loin des villages. Quoi qu'à la réflexion, si mon sens de l'orientation ne m'avait pas trompé, je ne devais pas être si loin de Polis, la grande cité dirigée par Heda. D'où venait elle ? De quel clan venait-t-elle ? Toutes mes questions se perdaient dans l'air sans trouver de réponse, alors j'ai décidé de ne plus y penser.
Une fois revenue à la réalité, mon regard s'est arrêté sur des traces inhabituelles. Il y avait plusieurs traces de bottes entremêlées, et le sang qui les entouraient ont confirmé ma première hypothèse. Il y avait eu un combat, et à en croire ce que j'avais sous les yeux, il avait été brutal et n'avait pas laissé beaucoup de chance aux pauvres malheureux qui avaient perdu autant de sang. Probablement une embuscade.
Mon instinct me disait d'en rester là et de partir à l'opposé, le plus rapidement possible. Mais quelque chose m'empêchait de bouger. Une pensée, en fait. Et s'il s'agissait du groupe de cette fille ? Je n'arrivais pas à prendre ma décision, et je me mordais les lèvres sans savoir quoi faire. Anya m'aurait tué d'avoir ce genre d'hésitation et je me suis mise à culpabiliser. Mon mentor, comme toutes les personnes de Trikru, avait comme principe fondamental de toujours agir avec raison et pragmatisme afin de ne pas risquer sa vie ou celle des autres inutilement. Ils pensaient tous que l' émotion n'avait jamais sa place au sein d'une décision qui devait impliquer des vies. En fait, ils pensaient qu'elle n'avait jamais sa place nul part.
Cette règle m'avait toujours parue excessive et je ne la comprenais pas vraiment. Pour moi, s'il devait arriver quoi que ce soit à Anya ou Jeyk, je n'hésiterai pas une seule seconde pour leur venir en aide, même si je devais y perdre la vie. Est ce que ce n'était pas notre rôle à tous, de veiller les uns sur les autres ? Je trouvais parfois les membres de mon clan d'une grande froideur et je ne comprenais pas comment on pouvait laisser à ce point de côté nos émotions.
J'étais persuadée qu'il fallait au contraire réussir à les intégrer à notre mode de vie, et que ça ne pourrait être que bénéfique pour tout le clan, donc pour notre survie et notre prospération.
Sur cette dernière pensée, j'ai décidé d'envoyer balader les leçons d'Anya et j'ai suivi les mystérieuses traces à l'encontre de mon instinct et de ma raison.
Elles m'ont conduite jusqu'à une clairière ou j'ai tout de suite aperçu trois corps mutilés, étendus dans une marre de sang.
Je me suis approchée pour observer la scène de plus près avec un curieux mélange de dégoût et de curiosité.
J'ai fini par constater que quelque chose clochait. Cette scène était pleine d'incohérence, les corps étaient dans une position qui contredisait les traces aux alentours. On aurait dit qu'il s'agissait d'une mise en scène mal orchestrée et faite à la va vite.
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Leksa Kom Trikru
FanfictionFanfiction qui retrace la vie de Lexa de son enfance à sa mort, en respectant les évènements et l'histoire de la série. Deux fins sont prévues : celle de sa mort fidèle à la série, et une fin alternative qui continue l'histoire. __________ Morts. Ha...