Leksa Kom Trikru

Wangada ~ La Fille de la Mort

« Attention Yksan derrière toi ! »

Je me suis arrêtée de chanter, étonnée par le cri d'Anya. Je n'ai pas compris tout de suite ce qu'elle avait dit et je l'ai cherché du regard. J'ai senti la main de mon père se crisper sur mon épaule et il m'a violemment tiré contre lui, regardant frénétiquement la foule. Puis un homme masqué est apparu juste en face de moi, tenant un couteau à la main. Un couteau... ?! A TonDc, le jour de Deimeika ? J'ai écarquillé les yeux de terreurs. Mon père m'a poussé en arrière et s'est jeté sur l'homme sans hésiter une seule seconde. J'étais tétanisée et complètement dépassée par les évènements.

Autour de nous, la foule commençait à comprendre que quelque chose n'allait pas. Certains villageois hurlaient, j'ai entendu des enfants pleurer, les gens s'agitaient et se poussait pour partir loin du combat. Le bruit des tambours camouflait celui des armes qui s'entrechoquaient. Un deuxième guerrier est arrivé et il s'est rué sur mon père. Du coin de l'oeil, j'ai vu Anya et Jeyk lutter contre d'autres guerriers qui voulaient nous prendre à revers. Mon père se débrouillait bien, et ça m'a soulagé. Bientôt, nos assaillants ne seraient plus qu'un mauvais souvenir. Puis j'ai crié de douleur. Quelqu'un venait de me saisir par les cheveux et me tirait en arrière. Paniqué, mon père s'est tourné et m'a agrippé le poignet, empêchant mon ravisseur de m'emporter dans la foule.

J'ai vu avec horreur les deux hommes planter leur poignard dans le dos de mon père.

« Leksa... survis... » A péniblement articulé mon père.

Comme il ne me lâchait toujours pas, un des guerrier lui a planté son couteau dans la nuque. Toute l'action n'avait duré qu'une petite poignée de secondes.

Son sang a jailli de sa gorge et a éclaboussé mon visage.

J'ai aussitôt craché le sang que j'avais reçu dans la bouche. Je ne réalisais pas vraiment ce qu'il venait de se passer, mais un flot d'adrénaline a parcouru mes veines.

Ne laisse pas tes émotions t'envahir Leksa. Accepte-les, mais ne les laisse pas prendre le dessus.

J'ai enfin repris mes esprit et à la surprise de mon agresseur, je me suis débattue de toute mes forces et j'ai réussi à me défaire de son emprise. Anya et Jeyk étaient arrivés à ma hauteur, mettant fin à la vie de celui qui avait tué mon père avant qu'il n'ait le temps de récupérer son arme.

J'ai baissé les yeux sur le corps sans vie de mon père. J'ai senti tout mon être bouillir de haine et d'envie de vengeance. J'ai saisi le poignard et je l'ai retiré d'un coup sec de sa nuque.

Comme contrôlée par un démon vengeur, je me suis jetée en poussant un cri de rage sur l'homme qui m'avait tiré par les cheveux. Celui-ci a eu un rictus moqueur aux lèvres. Je n'étais qu'une petite crevette, comme aurait dit mon père. Mais j'avais appris à me battre, et j'excellais au poignard. J'ai couru vers lui et au dernier moment, je me suis baissée et je l'ai tailladé derrière le genou, pile à l'intersection entre sa cuisse et son mollet. Il a hurlé de douleur et s'est effondré au sol. Lorsque je me suis penchée vers lui, j'ai vu une lueur apeurée et étonnée dans ses yeux et je lui ai tranché la gorge.

Je me suis relevée d'un bond et j'ai regardé autour de moi. D'autres hommes armés approchaient et les cadavres commençaient à s'accumuler sur le sol, baignant dans le sang. A moins de 3 mètres de moi, Jeyk se battait avec fougue mais peinait à prendre le dessus sur son adversaire. J'ai fermé les yeux une demi-seconde et j'ai pris une grande inspiration pour me concentrer, comme me l'avait appris mon cousin.

FLASHBACK

« La respiration, c'est la partie la plus importante du lancé de couteau. » M'a dit Jeyk. « Alors respire à fond, essaye de contrôler ta respiration mais n'y pense pas trop, sinon ça aura l'effet inverse. »