Au sommet de TonDc

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Un mois s'était écoulé depuis mon anniversaire. Aujourd'hui, c'était le premier jour de Deimeika, la fête du soleil. J'avais attendu ce moment avec impatience. Chaque année, à TonDc, la capitale du clan des Arbres, nous célébrions la fin de l'hiver avec des spectacles d'arts martiaux, de la musique, des danses et des chants. Et surtout, avec beaucoup d'alcool et de nourriture. L'hiver était toujours une période très dure à passer sur Terre, et nous étions tous soulagés quand cette saison prenait fin. Le froid et le manque de nourriture nous affaiblissaient et faisaient toujours de nombreuses victimes. Les membres du clan de tous les villages se réunissaient donc à la capitale, laissant derrière eux leurs tracas le temps d'une poignée de jours. 

Aucun débordement n'était jamais toléré pendant les festivités, mais comme cette règle avait tendance à ne pas être respectée, les anciens chefs du clan avaient décidé il y a bien longtemps que toutes les armes devaient être laissées à l'entrée de TonDc (qui était à l'époque le seul village du clan), pour éviter de ne gâcher la joie des habitants par une effusion de sang inutile. Le chef s'était très vite rendu compte du bienfait et de l'efficacité de cette règle, aussi avait-il décidé de l'appliquer pour chaque jour de l'année, faisant de TonDc un endroit sacré où la violence, le sang et la mort n'avaient pas leur place.

Le village où nous habitions mon père et moi grouillait d'activité depuis les premières lueurs de l'aube. Tout le monde vaquait à ses occupations : on préparait la viande pour contribuer au grand festin des jours suivants, les enfants pourchassaient les papillons bleus luisants et les capturaient dans de petits pots en verre, les commerçants profitaient de l'activité pour vendre leurs plus belles étoffes et plus beaux tissus. Les artisans empaquetaient leurs créations pour montrer à la capitale leur savoir-faire. Les charrettes commençaient petit à petit à se remplir puis faisaient route vers la capitale en formant de grands convois entourés de nombreux guerriers.

Je me baladais en observant toute cette effervescence, un petit sourire flottait sur mes lèvres. Si j'aimais autant cette période de l'année, c'était principalement pour l'ambiance joyeuse et légère qui y régnait.

Pendant ces quelques jours, les responsabilités de chacun disparaissaient et les conflits du clan cessaient pour faire place à la convivialité et l'unité.

Pendant ces quelques jours, j'avais l'impression que la vie était belle et simple.

« Leksa ! » A fait une voix dans mon dos, me faisant sortir de ma bulle de bien-être.

Cette voix, je l'aurais reconnue entre mille autres. Je me suis tournée et je me suis précipitée vers les bras tendus de mon père. Je m'y suis jetée en riant et il m'a serré contre lui. J'ai empli mes poumons de son odeur et j'ai fermé les yeux, essayant de profiter de ce moment. Cette journée s'annonçait parfaite.

« Ca y'est papa, on peut y aller ? » Lui ai-je demandé avec impatience en lui tirant vigoureusement la manche de sa veste.

Il m'a ébouriffé les cheveux comme il le faisait quand je me montrais impatiente (c'est-à-dire très souvent) et m'a montré son cheval du doigt, attaché à un arbre à quelques mètres de nous. Il transportait toutes nos affaires pour le voyage qui nous attendait : tente, couvertures, vêtements, et quelques unes de mes friandises préférées.

« Allez grimpe petit monstre ! »

J'ai attrapé la selle du cheval et j'ai essayé de me hisser sur son dos, mais j'étais trop petite et n'arrivais pas à donner l'impulsion nécessaire pour le monter. J'ai fait quelques tentatives, puis je me suis tournée vers mon père, l'air boudeur.

« Il est nul ton cheval. »

« Attention il t'entend, si j'étais toi j'éviterais de le fâcher, surtout que c'est lui qui va te transporter jusqu'à TonDc pour te permettre de faire la fête avec tous les autres. »

Leksa Kom TrikruOù les histoires vivent. Découvrez maintenant