Chapitre 3

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Prenant son courage à deux mains, Victoria fit un pas dans l'allée qui conduisait à l'entrée de la demeure. 

Le parc était immense, mais Victoria n'y prêtait pas attention. Son regard était fixé sur la porte à double battants de l'entrée principale. Concentrée sur son but, Victoria n'écouta pas son instinct lui souffler que quelque chose clochait. 

Les abords du manoir étaient balayés de courants d'air indisciplinés, plus ou moins glacés. Si de loin, la pierre noire avec laquelle il avait été construit, lui donnait un air lugubre, plus on s'en approchait, moins il était sombre. Ses murs étaient en réalité irisés, tels une flaque d'essence, dont les reflets verts, roses, or, ondulaient selon la lumière et l'angle de vue. 

À droite, une dépendance plus récente, moins haute, jurait avec l'ensemble. Les panneaux de bois dont elle était faite suintaient comme un corps en sueur après l'effort. Le toit de la dépendance était surmonté d'une cheminée dont s'échappait de manière irrégulière des volutes de fumée aux formes variées. Les fenêtres du bâtiment principal, illuminées, clignaient au rythme des ombres qui passaient et repassaient devant. 

Mais Victoria ne voyait pas tout cela. Elle ne voyait que les poignées de la porte, élégantes, ouvragées, dégageant une aura dont il était impossible de se détacher. Victoria gravit les quelques marches qui menaient à l'entrée. Elle dut se retenir de poser tout de suite la main sur la poignée. Elle se força à lever la tête, à la recherche d'une sonnette ou d'un heurtoir. Elle perçut alors le mouvement à l'intérieur. 

Il ne faisait plus aucun doute que le lieu était habité.

Le ManoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant