Chapitre 22

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Elle courut du plus vite que ses talons le lui permettaient. C'est-à-dire pas suffisamment pour distancer le monstre. Celui-ci la suivait d'un pas tranquille, certain de l'issue. Victoria était paniquée. Elle sentit des larmes couler sur ses joues. Elle ne voulait pas mourir. Elle ne voulait pas que l'histoire se termine. Elle ne voulait pas passer l'éternité dans ce Manoir, à hanter son auteur.

Victoria glissa. Elle s'étala de tout son long dans la neige. Elle avait perdu l'un de ses escarpins en tombant. Elle essaya de se relever, mais le sol était verglacé. Elle comprit alors qu'elle était sur le lac gelé. Grelottante dans sa petite robe noire, elle réussit à se redresser en position assise. C'est alors qu'elle vit une paire d'yeux luire dans la nuit à quelques pas d'elle. Elle réprima un hurlement, car ces yeux n'avaient rien d'humain. Ils étaient jaunes, avec une pupille horizontale d'un noir irisé, comme les murs du Manoir. L'être avança vers elle, lui permettant de distinguer un peu mieux sa silhouette, élancée, humanoïde, sinistre. Le monstre parla et Victoria put voir ses dents pointues scintiller dans la nuit. Un liquide poisseux qu'elle n'arrivait pas à identifier coulait de sa bouche. Sa voix était très grave et résonnait, lui donnant la chair de poule.

-Tu n'y arriveras pas, Victoria. Tu n'es pas née pour ça. Mais ne t'inquiètes pas. Moi, je vais t'aider à accomplir ton véritable destin.

Dans la nuit, commencèrent à résonner les douze coups de minuit. Le monstre donna un grand coup de poing dans la glace. Celle-ci céda, formant un trou de la taille d'une assiette sur la surface du lac gelé. Alors que lui parvenait à l'oreille l'écho du douzième coup, il attrapa le cou de Victoria et lui plongea la tête dans l'eau glacée.

Le ManoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant