Quelqu'un frappa à sa porte, faisant sursauter Victoria. Elle fit tomber le livre par terre.
-Victoria ? Appelait la voix de Poellek de l'autre côté de la porte.
Paniquée, Victoria se leva. Sur la pointe des pieds, elle rejoignit la fenêtre de sa chambre, en se demandant si c'était trop haut pour qu'elle puisse s'échapper par là. De fait, il lui sembla impossible de sauter, ou même d'escalader la façade. Elle tourna le dos à la fenêtre, cherchant des yeux une autre cachette.
Elle vit par l'interstice entre la porte et le plancher que l'ombre de Poellek s'éloignait. Elle se dit alors que sa chance résidait peut-être parmi les invités. Et puis après tout, maintenant qu'elle était avertie, elle n'avait qu'à ne pas se rendre près du lac. Oui, c'était la meilleure chose à faire. Se mêler aux invités, faire comme si de rien n'était, remonter se coucher et dès le matin, partir le plus loin possible de cet endroit. Forte de cette résolution, elle enfila sa robe noire, puis ses escarpins et sortit de la chambre.
La salle à manger était une immense pièce, toute en longueur. Une longue table rectangulaire, placée au milieu de la pièce, était recouverte de verres de champagne et d'amuse-bouches. Autour d'elle, gravitaient une bonne cinquantaine de personnes.
Victoria resta un instant sur le seuil, observant la masse bruyante d'invités dont les conversations résonnaient sous le haut plafond de la salle à manger. Comment n'avait-elle pas croisé un seul d'entre eux avant cet instant ? Elle les scruta, les uns après les autres, se demandant si Monsieur était l'un d'eux. Son regard s'arrêta sur un homme d'une quarantaine d'années qui riait fort en basculant la tête en arrière, tout en gobant des cacahuètes. Il lui semblait incroyable que cet homme ne se fusse pas encore étouffé.
Elle le dévisagea un instant avant de se rendre compte qu'elle avait déjà vu son visage quelque part : sur l'un des portraits du hall d'entrée. Sentant le regard de Victoria dans son dos, l'homme se tourna subitement vers elle. Ne riant plus, mais avec un reste de sourire accroché sur les lèvres, il planta ses yeux dans les siens, la main pleine de cacahuètes arrêtée sur le chemin de sa bouche.
Victoria fut pétrifiée par son regard. Le temps parut s'étirer. Doucement, le corps de l'homme pivota dans sa direction. Il avança vers elle, comme au ralenti, sans briser la connexion invisible de leurs regards. À deux pas d'elle, il s'arrêta et le temps repris son écoulement normal.
-Vous devez être Victoria.

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Le Manoir
TerrorVictoria, une jeune femme au milieu de la vingtaine, a un léger accident de voiture en pleine montagne. Contrainte d'aller sonner à la porte de l'habitation la plus proche pour demander de l'aide, elle se retrouve dans un manoir isolé. Il ne lui fau...