Le Manoir

Chapitre 4

À partir du moment où Victoria fit retentir un son de cloche cristallin en tirant sur la chainette qui pendait à droite de la porte, le manoir sembla se figer. 

Victoria retint son souffle. L'oreille tendue, elle guettait des pas qui s'approcheraient de la porte, annonçant la venue de quelqu'un pour lui ouvrir. Mais rien. Alors que l'attente s'éternisait, son regard tomba de nouveau sur la poignée de la porte. 

Une nouvelle fois, le monde autour fut effacé par son scintillement hypnotique. Victoria tendit la main et au moment où elle allait enfin toucher la poignée, celle-ci s'abaissa et s'ouvrit.

Surprise, Victoria fit un pas en arrière. Elle leva les yeux sur un majordome entre deux âges au sourire rassurant. Tout de suite mise en confiance par l'allure du personnage, Victoria expliqua rapidement la situation. Le majordome l'invita à entrer, s'excusant de ne pas pouvoir l'aider dans l'immédiat.

-Monsieur est assez vieux jeu. Ici, il n'y a ni téléphone portable, ni Internet. Nous avons une ligne fixe pour les urgences, mais elle est en dérangement.

Victoria n'eut pas le temps de se sentir désemparée que le majordome lui proposa de la conduire à la ville la plus proche.

-Enfin, demain matin, précisa-t-il. Avec cette météo capricieuse, je préfère ne pas prendre le risque de conduire la nuit.

Tandis que Victoria avançait dans le hall, émerveillée par la beauté du lieu, le majordome ferma la porte d'entrée. 

Les murs étaient recouverts de nombreux tableaux représentant des hommes, des femmes ou des enfants. Il ne restait pas une place pour un portrait de plus tant ils étaient nombreux. Victoria balaya les tableaux du regard, s'étonnant du dernier de la collection, qui n'était qu'un cadre vide. 

Captivée par la série de portraits accrochée aux murs, elle ne remarqua pas que le majordome retirait la clé de la serrure pour la glisser dans la poche de son veston.