Dangerous No Adrenaline est le groupe tendance du moment. Chaque membre a travaillé dur pour atteindre le sommet, mais la célébrité cache de sombres vérités. Chacun se cache derrière de faux-semblants et ne montre qu'un sourire charmeur aux fans. La...
Nous nous réveillâmes le lendemain le cœur serré. L'angoisse s'était ravivée pendant la nuit. Les cauchemars avaient troublé notre sommeil déjà torturé. Steve se remit à pleurer, ce fut un supplice de le regarder sangloter sans pouvoir le serrer dans nos bras. Greg parvint à apaiser ses pleurs après de longues minutes. Je jetai un regard désespéré à Aaron et Gabriel, les suppliant de faire quelque chose. Paink hocha de la tête, les prunelles hantées par la peur.
Sa voix grave s'éleva avec douceur, puis avec force. La tension semblait nouer sa gorge. Les pupilles de Steve s'emplirent de surprise tandis que ses tremblements se calmèrent. Les yeux du rappeur se perdirent dans le vide, se remémorant les souvenirs associés à cette chanson. J'avais écouté cette musique tant de fois pour essayer de m'accepter tel que j'étais que je la reconnus au premier mot.
My lover's got humour
She's the giggle at a funeral
Knows everybody's disapproval
They should've worshipped her sooner [...]
Lorsque j'avais compris sa signification, j'avais pleuré de longues minutes, comprenant que je m'identifiais aux paroles.
[...] You heard them say it
My church offers no absolutes
She tells me, « Worship in the bedroom » [...]
I was born sick
But I love it
Command me to be well
A-a-a-a-a-a-a, amen, amen, amen [...]
Mes bras se couvrirent de chair de poule alors que le rappeur entamait le refrain.
[...] Take me to church
I'll worship like a dog at the shrine of your lies
I'll tell you my sins, and you can sharpen your knife
Offer me that deathless death
Oh good God, let me give you my life [...]
- Take Me to Church, Hozier
Il le répéta une seconde fois avec hargne, la voix emplie de rancune. Malgré l'émotion qui m'envahissait, je remarquai Aaron serrer les poings, visiblement en colère. La voix du rappeur mourut alors qu'il prononçait une dernière fois Oh good God, let me give you my life. Un silence ému suivi sa prestation. Gabriel se racla la gorge.
— Lorsque j'écoutais cette musique, je déprimais dans un bar parce que mon ex venait de me larguer par texto. J'étais bien décidé à noyer ma tristesse dans l'alcool, expliqua-t-il en secouant la tête.
Je me demandai si le choix de cette musique nous faisait passer un message sur son orientation sexuelle, mais je respectais suffisamment mon aîné pour ne pas poser la question.
— Je crois bien que si je n'avais pas rencontré Aaron, j'aurais terminé au poste ou à l'hôpital.
Il esquissa un petit sourire ironique en se remémorant ce moment.
— Tu connaissais Aaron avant les sélections ? s'exclama Steve.
Le cadet semblait avoir réfréné sa peur. Greg haussa un sourcil alors que les deux ainés rougissaient de concert. Lorsque nous avions passé les sélections pour DNA, nous étions presque tous des inconnus les uns pour les autres - juste Greg et moi qui nous connaissions. La soudaine alchimie de Gabriel et d'Aaron me parut tout à coup compréhensible. Ils avaient toujours feint de ne pas se connaitre, ils s'étaient bien foutu de nous.
— On s'est vus juste une fois avant les sélections et on s'était promis de ne plus se revoir après l'épisode du bar, expliqua Gabriel
Steve parut outré alors que Greg se mit à rire. C'était raté s'ils comptaient ne plus se voir.
— Notre rencontre de l'époque était une erreur, marmonna Aaron.
— Une erreur ? s'indigna Gabriel.
— Reconnais-le, tu as toi-même dit que l'on ne devait plus se revoir. On était ivre et ça a dérapé.
— C'est bon, ils n'ont pas besoin de savoir !
Steve eut un sourire gêné tandis que Greg retenait un éclat de rire. Je me doutais bien de la manière dont leur rencontre avait dérapé, mais au fond de moi, je préférais ne pas y penser. Peut-être me trompais-je ? Il était vrai qu'en tant qu'idole, nous n'avions pas le droit d'avoir de petite amie. Nos relations étaient limitées et, même si l'ambiguïté entre nous faisait mousser certains fans, ce n'était pas le cas de tous. Nous ne comptions plus le nombre de remarques insultantes que nous avions reçues à ce sujet.
J'avoue que je ne m'étais jamais vraiment avoué que j'aimais les hommes. À vrai dire, lorsque j'avais commencé à m'en douter, je venais d'arriver chez les Moslow et ils n'étaient pas très ouverts à ce sujet. J'avais treize ans à ce moment-là. Ce fut une année plus tard que je remis en doute mon hétérosexualité. Cela démarra lorsque je commençai à trouver mon ami d'enfance, Greg, bien plus attirant que ma petite amie de l'époque. Déjà à ce moment-là, il me faisait de l'effet. Mon attirance n'avait fait que grandir à mesure que je le côtoyais. Je cessais de respirer dès qu'il se déshabillait après les entrainements. Mes yeux ne le quittaient plus lorsqu'il mordillait sa lèvre alors qu'il préparait des perfusions. Je perdais mes moyens lorsque ses doigts effleuraient les miens tandis qu'il me montrait comment tenir l'aiguille d'injection. La voix de Steve me sortit de mes pensées.
— Ton ex... cette chanson...
Le cadet avait eu la même réflexion que moi et ne savait visiblement pas comment aborder le sujet. Gabriel sourit avant de rire.
— C'était un homme oui. Il était plus âgé que moi et marié de surcroit. Je n'étais qu'un jeu pour lui, un putain de passe-temps.
Il eut un air mélancolique avant de se tourner vers le leader.
— Heureusement que tu es apparu ce jour-là finalement.
Le regard qu'ils s'adressèrent me firent frissonner. Se pourrait-il que les fans aient raison ? Steve allait poser une autre question lorsque la porte s'ouvrit. Trois hommes masqués, habillés de leur tunique blanche, avancèrent tranquillement. Ils portaient des plateaux repas qu'ils déposèrent devant nous.
L'un d'eux fixa Greg avec intensité avant de lui caresser les cheveux d'un geste paternel. Mon ami sembla se décomposer, ses yeux gris reflétaient une horreur non dissimulée. Il cracha au visage de l'homme alors que celui-ci posait sa main sur sa joue. Sa salive glissa le long de la matière lisse. L'inconnu n'apprécia pas et gifla le jeune adulte du revers de la main avant de lui saisir fermement le menton. Il murmura quelque chose que je n'entendis pas, j'étais trop loin et le masque étouffait les paroles.
Il se décida, après quelques secondes qui me parurent éternels, à lâcher le visage de Greg. Le gothique paraissait boulversé et terriblement en colère. Il passa sa main sur les marques qu'avaient laissé les doigts du masqué. Il tressaillit alors que l'inconnu lui tendait une bouteille d'eau, qu'il déposa sur le sol voyant que Why ne réagissait pas.
Je me concentrai sur moi-même lorsque la personne devant moi me tapota les cheveux. Je dus faire appel à toute ma volonté pour ne pas broncher. Le dernier kidnappeur ne toucha aucun de nos amis. Il se contenta de poser les plateaux et de partir d'un pas vif. Déconnecté de la réalité, je regardai ces gens sortir et refermer la porte, nous confinant à nouveau à notre sort. La peur revint me tourmenter.
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