Chapitre 40

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Toujours contrarié par la réaction de mon soi-disant père, je posai un regard vitreux sur notre manageur qui ne se privait pas de nous blâmer pour notre laisser-aller des dernières semaines. Il lança un regard dégoûté à chacun de nous avant de se lancer dans un monologue enflammé.

— Et cette prise de poids ! Crois-tu qu'ils réussiront à te porter ? accabla-t-il Steve.

Le jeune chanteur baissa la tête alors que ses pommettes se teintait de rouge. Le physique d'une idole était très important et notre poids était constamment surveillé. Prendre des kilos, c'était un affront à notre condition. Je vis Gabriel serrer les poings tandis que Monsieur Karl délaissait notre cadet. L'enlèvement et la séquestration avaient rendu Steve hypersensible, les larmes lui venaient facilement. Gabriel et Aaron se montreraient davantage protecteurs avec lui. Et c'était bien cela qui m'inquiétait. Jusqu'où iraient-ils pour protéger Steve ?

— Et toi, qu'est-ce que c'est ce teint de cadavre ? Tu crois faire rêver les fans avec cette tête de dépressif !

Aaron leva presque les yeux au ciel. Notre leader ne s'était pas totalement remis de l'accident de voiture. À ses problèmes déjà existants venaient s'ajouter les discordances familiales. Celles-ci pesaient sur le moral d'Aaron qui ne savait pas comment aider son père. Forcément, tout cela impactait son sommeil et se reflétait sur son visage à l'apparence sereine. Bien sûr, nous avions l'habitude des sautes d'humeur de notre agent ; Aaron resta stoïque.

— Et vous deux ! Regardez-vous, on dirait deux clowns avec vos cheveux délavés !

Gabriel m'adressa une œillade agacée. Surpris par la remarque, je passai une main dans mes cheveux devenus trop longs. Je ne pensais pas qu'il nous reprocherait, à Gabriel et moi, nos coiffures.

— Il faudra changer cela avant les prochains évènements ! Je veux du rouge chez lui - il désigna Gabriel de l'index - et du gris chez l'autre.

Les coiffeuses hochèrent de la tête, notant précipitamment les instructions sur leur calepin. Du gris ? Je haussai un sourcil, pas vraiment convaincu de cette couleur sur moi. Malheureusement, je n'avais pas mon mot à dire alors je me contentai d'approuver. Toujours décidé à nous reprocher la moindre petite chose, notre manager se tourna vers Greg.

— Tu vas faire fuir les fans avec ton regard de tueur. Ne t'a-t-on jamais appris à sourire ? Alors efface-moi cette expression terrifiante et souris !

Why leva les yeux au ciel et se refusa à obéir. Après ce que nous avions vécu, il n'en avait plus envie. Il esquissa un rictus qui sonna faux et qui rendait ses yeux gris encore plus tristes qu'ils ne l'étaient déjà. Mon cœur se serra et j'eus envie de lui prendre la main. Je n'en fis rien, nous étions déjà victimes de scandales, valait mieux faire profil bas et ne pas ajouter de l'huile sur le feu.

Monsieur Karl nous fit asseoir sur les canapés du salon. Il nous détailla le programme des prochains jours. Séances photo, plateaux TV, séances de presse, entrainements, tournages pour Hit DNA, live. Il prévoyait également des apparitions publiques pour rassurer les fans quant à notre état de santé.

— Bien. Pour le live de ce soir, vous pouvez répondre aux questions des fans, mais pas un mot sur votre enlèvement et ce qui s'est passé là-bas. Est-ce clair pour vous, mes petits chéris ?

Nous hochâmes tous de la tête. Nous comprenions parfaitement qu'il fallait oublier cet enlèvement, laisser derrière nous ce traumatisme pour se concentrer sur notre brillante carrière. Pourtant, j'avais le sentiment que cette secte ne nous lâcherait pas. Je la sentais autour de nous, surveillant nos moindres faits et gestes. J'essayais de ne pas tomber dans la paranoïa, mais ma santé mentale vacillait.

Enlevés par les DisciplesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant