Chapitre 44

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Il fallut de longues heures d'interrogatoire pour que Monsieur Karl ne dénonce ses complices et ne révèle l'emplacement de notre séquestration. Hodwer ne tarda pas à faire paraitre des avis de recherches et à déléguer à ses collègues la tâche des arrestations et des perquisitions. Nous passâmes un dernier entretien avec le commissaire avant qu'on nous laisse - enfin - tranquilles. On nous reconvoquerait pour les procès.

Nous sortîmes du commissariat complètement abattus et choqués. Je n'aperçus pas les flashs des photographes, les cris qui nous interpellaient, les micros qui se tendaient vers nous. Je ne vis rien, si ce n'était Fabian qui fendait la foule de journalistes pour rejoindre le van. Une sorte de vide s'était installé dans ma poitrine, je me sentis démuni face à cette situation, perdu même.

Greg s'assit à côté de moi et me serra avec force dans ses bras. Je me réfugiais dans cette étreinte réconfortante. Qu'allions-nous faire désormais ? Cette question suffisait à raviver l'anxiété, l'incertitude et d'autres sentiments qui menaçaient d'engloutir ma raison. Ma respiration n'était plus qu'un souffle tremblant qui risquait de se briser. L'angoisse se répandit rapidement entre nous, le silence aussi. Pour contenir celle de Steve, Gabriel et Aaron l'avaient entouré.

Le van roulait à travers la ville. Je regardais la nuit tomber, les lumières publiques s'allumer, les gens courir pour échapper à la pluie. La brève idée de reprendre une vie normale me traversa l'esprit. Ce ne serait pas possible. Même si nous renouvelions pas de contrat avec une maison de disques, nous restions des célébrités. Nos fans n'étaient pas prêts de nous oublier. Nous n'étions pas prêts à ranger les micros. Je fermai les yeux un instant, laissant mes pensées s'échapper.

Greg me secoua. J'émergeai d'un demi-sommeil, l'esprit embrumé. Le gothique me regardait avec inquiétude. Avec douceur, je lui serrai la main et lui adressai un sourire réconfortant. Il m'embrassa sur le front. J'allais lui rendre son baiser lorsqu'Aaron se tourna vers nous.

— On va chez Jones boire quelque chose et décompresser.

— Je crois qu'on en a besoin et qu'on a le droit de se l'autoriser, murmura Gabriel.

Je hochai de la tête et suivis mes amis dans le café. Jones fut heureux et ému de nous revoir. Cela faisait si longtemps que nous n'avions pas mis les pieds dans son établissement. Le tourbillon d'émotions qui bouillonnait dans poitrine fut apaisé par la chaleur du lieu. L'odeur des pâtisseries réveilla la faim que j'avais étouffée. Le patron nous fit immédiatement monter à l'étage. La pièce n'avait pas changé, il y avait toujours ces canapés et ces fauteuils confortables et bariolés. Lorsque Steve se laissa tomber sur l'un des fauteuils et retira ses chaussures, j'eus une impression de déjà-vu. Je nous revis, quelques semaines en arrière, riant autour de jus de fruits et de muffins. Ce souvenir m'emplit de nostalgie. Tant de choses avaient été bouleversées depuis cet instant de douceur.

Remarquant mon trouble, Greg me prit la main et m'invita à m'asseoir sur notre canapé favori. Je sentis mes muscles se détendre alors que je m'autorisais à me relaxer. Aaron s'installa face à nous et Gabriel, après avoir retiré ses chaussures, s'allongea sur le dos, la tête sur les genoux du leader. Le silence s'installa. Je restai pelotonné dans les bras de Greg jusqu'à ce que Jones nous amène des chocolats chauds et des muffins. L'homme ne s'attarda pas, il ne voulait pas se montrer intrusif ou insistant.

Steve n'attendit pas avant d'attaquer un muffin au chocolat. J'en pris un à la myrtille et le goût sucré des petits fruits emplit mon cœur de chaleur. Aaron et Gabriel se partagèrent un muffin au citron tandis que Greg se saisissait d'une boisson chaude. Durant un bref instant, nous mîmes de côté toutes les émotions qui nous envahissaient pour profiter de ce moment de répit.

Enlevés par les DisciplesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant