Dangerous No Adrenaline est le groupe tendance du moment. Chaque membre a travaillé dur pour atteindre le sommet, mais la célébrité cache de sombres vérités. Chacun se cache derrière de faux-semblants et ne montre qu'un sourire charmeur aux fans. La...
Nous attendîmes que Hélène soit suffisamment loin pour ne pas entendre notre conversation. Je me sentais déçu que cette tentative ait échoué. Cela semblait si bien parti... Lorsqu'elle s'était jetée sur Gabriel, j'étais persuadé qu'elle allait pleurer. Je me trompais. Lui arracher des larmes me parut tout à coup bien plus ardu que ce que je n'imaginais.
Le silence devenait lourd, pesant même. L'air s'était refroidi, la température avait chuté. Mes vêtements, toujours trop légers, ne me tenaient pas assez chaud. Je tremblotais. Je regrettais, malgré les sacrifices, l'époque où je n'avais qu'à demander un manteau sur les lieux de shooting. Cette période où, malgré une pression écrasante et une fatigue harassante, nous étions au sommet. DNA était incontournable, nous étions partout. Le public nous adorait, tout comme les marques qui nous voulaient comme égéries. Nous étions des idoles adulés par leurs fans. Perchés sur un piédestal, nous n'avions pas réalisé que nous vivions dans une illusion - ou peut-être ne voulions-nous pas le réaliser. Une putain d'illusion qui avait précipité notre perte. L'épée de Damoclès s'était abattue et nous payions désormais le prix de nos rêveries de gloire.
Alors que la culpabilité me serrait l'estomac, Aaron se racla la gorge et brisa ce silence oppressant. Il regardait son compagnon d'un œil inquiet. Le doigt qui battait une cadence imaginaire sur son genou trahissait sa nervosité.
— Gabriel, ce que tu as dit sur ton ex...
— C'est faux, je ne t'aurais pas caché un truc pareil. Il n'a jamais été violent et il a toujours eu mon consentement. C'était un con, mais pas un violeur.
Aaron hocha la tête, soulagé. Gabriel lui adressa un sourire réconfortant. Ils auraient sans doute voulu s'étreindre, mais les chaines les en empêchaient.
— Tu es un bon comédien. À sa place, j'aurais pleuré, commenta Steve.
— Moi aussi, renchéris-je.
— Elle est plus coriace que ce que je pensais, murmura Gabriel.
Que faire désormais ? Sans poser la question, tous comprirent l'interrogation qui restait en suspend.
— Peut-être peut-on leur parler de nos familles ? proposai-je.
— Espérons qu'elle soit réceptive à ce genre d'histoires, murmura Steve.
— On peut toujours essayer. Au point où on en est, il ne faut négliger aucune idée, trancha Greg.
Les deux rappeurs approuvèrent silencieusement. Pendant de longues heures, nous préparâmes nos récits, nous ne laissâmes aucun détail au hasard. Il fallait embellir, ou noircir, la réalité. Exagérer les aspects qui pourraient l'émouvoir.
Lorsque tout fut au point, nous attendîmes dans le silence. Ma vessie me fit sentir que je devais me soulager. Je n'en fis rien, attendant que les sectaires reviennent pour aller aux toilettes convenablement. Peut-être n'aurais-je pas dû finir cette bouteille d'eau ?
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