Chapitre 27

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Les sectaires entrèrent en psalmodiant. Une odeur douceâtre de fleurs les accompagnait. Ils étaient plus que d'habitude, onze pour être exact et sans tenir compte de Hélène. Chacun avait revêtu cette tenue blanche de cérémonie, sauf un qui portait du rouge. Les visages étaient toujours masqués. Un capuchon recouvrait leurs cheveux. Malgré leur corpulence différente, il m'était impossible de les distinguer les uns des autres. Seul le visage de Hélène n'était pas recouvert. Un rayonnant sourire éclairait son faciès alors qu'elle posait une sorte de coupelle sur l'autel.

Le sectaire rouge suivait la jeune fille et se positionna face à elle, de l'autre côté de l'autel. Ils se dévisageaient, l'un l'air grave, l'autre l'air enthousiaste. Les fanatiques continuaient de chanter dans cette langue inconnue alors que nous tremblions de peur à l'idée de ce qui nous attendait. La peur me paralysait, je ne pouvais plus bouger. D'un air hagard, j'observais cette étrange procession qui se mettait en place.

Deux sectaires s'approchèrent de moi, l'un se place devant moi, l'autre derrière. Celui dans mon dos me saisit par les épaules et me força à me redresser. Je grimaçai lorsque ses doigts s'enfoncèrent dans ma peau telles des serres. On m'obligea à me tenir droit et le fanatique devant moi se saisit d'une paire de ciseaux finement ouvragée. D'un geste vif et précis, il découpa mon pull sur toute la hauteur. Je retins un cri de surprise alors que l'on m'ôtait le reste du tissu pour me vêtir d'une sorte de toge blanche. Je fus soulagé qu'on laisse mon pantalon tranquille. Le nouveau vêtement ne couvrait pas mes épaules et le contact direct avec les doigts gantés de l'homme me fit frissonner.

Le tissu était étrangement rêche et irritait ma peau déjà lésée. Un symbole était brodé avec délicatesse sur le devant du vêtement. Les battements de mon cœur s'accélèrent lorsque je compris que ce symbole était similaire à celui de l'autel. Si Hélène ne nous avait pas averti qu'il s'agissait d'une étape intermédiaire, je me serais clairement senti mourir. J'essayais de me dégager des griffes de mon bourreau, mais il me maintenait avec trop de force.

Avec désespoir, je regardais le sectaire devant moi verser deux fioles dans la coupe en or. Une odeur douceâtre de fleurs s'en dégageait, ce qui me mit la nausée. La substance paraissait moins épaisse que lors de l'éveil, ce n'était pas pour me rassurer. Je cessai de me débattre lorsqu'une vive douleur saisit mes épaules. Les ongles du fanatique avaient-ils percés la peau ? Mes muscles semblèrent se relâcher, comme s'ils avaient compris que leurs efforts étaient vains. Je me serais effondré si l'inconnu ne me maintenait pas droit.

D'un œil hagard, je vis Hélène, accompagnée du sectaire vêtu de rouge, se déplacer vers chacun de nous cinq. Sur nos fronts, elle apposa du bout du doigt le même symbole qu'à l'éveil - du moins je le supposai, car je ne parvenais pas à le visualiser. Elle m'offrit un sourire qui se voulait réconfortant, mais je n'y vis que sa folie. Elle me tapota le haut du crâne avant de s'approcher d'Aaron. Alors qu'elle partait, le sectaire rouge plaça sa paume face à moi et murmura des mots inconnus avant de suivre la soi-disant envoyée d'Éridane sur terre.

Après leur tour du cercle, Hélène et son accompagnateur retournèrent se placer vers l'autel. L'adolescente posa ses doigts dans la coupelle qu'elle avait apportée. Elle rejoignit les psalmodies de l'homme en rouge. Elle préleva une sorte de fluide épais de l'index et du majeur. Avec lenteur, elle dessina quelque chose sur l'autel et ferma les yeux avant de joindre les mains en signe de prière. Elle resta dans le silence de longues minutes avant de faire un signe à son vis-à-vis carmin. L'homme haussa la voix. Les sectaires blancs devant chacun de nous saisit la coupe en or et nous la tendit. Les mains tremblantes, je la saisis. Résister ne servirait à rien si ce n'était à se blesser. L'odeur de fleurs manqua de me faire vomir. Qu'avait-il donc versé dans ce récipient ? Il valait mieux que je ne le sache pas. Je ne le saurais d'ailleurs jamais.

Enlevés par les DisciplesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant