Partie III - Conspiracy : Chapitre 32

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Je réchauffais mes mains sur le gobelet en papier. Le thé fumait et dégageait une agréable odeur de cannelle. Je me sentis rassuré par ce breuvage. D'un œil distrait, je regardais les policiers s'agiter. Aaron et Steve, qui présentaient les blessures les plus graves, avaient été pris en charge les premiers. Gabriel, Greg et moi avions subis les examens médicaux d'urgence, s'assurant que nous n'avions rien de grave. Ce ne fut heureusement pas le cas, juste quelques hématomes et contusions. J'avais été séparé de mes collègues et attendais désormais dans une salle à part. J'étais groggy, pas vraiment présents dans ce poste, encore sous le choc de ce qui s'était produit. Le bâtiment était entouré de journalistes qui avaient afflué lorsque la nouvelle de notre retour avait fuité. Nous étions déjà victimes de rumeurs alors que nous étions à peine réapparus.

Un homme s'approcha et me fit signe de le suivre. La pièce dans laquelle il m'invita à entrer était simple. Un unique bureau sur lequel ne trainaient qu'un stylo, un ordinateur et des post-it. Une horloge en bois ainsi qu'un diplôme décoraient le mur. L'homme me désigna l'un des fauteuils. Je m'y assis sans protester. L'adrénaline était retombée, me laissant exsangue et exténué. L'homme me proposa un nouveau thé lorsque je jetai mon gobelet dans la poubelle. Je déclinai poliment. Il prit place face à moi et m'adressa un sourire compatissant.

— Je suis le commissaire Antony Hodwer. C'est moi qui suis chargé de te poser quelques questions.

Je hochai lentement de la tête.

— Nom, prénom, date de naissance, s'il te plait.

— Moslow, Daniel, 23 mars 1997. J'ai un casier judiciaire, précisai-je.

Le commissaire haussa un sourcil, mais ne fit aucun commentaire. Il m'avait paru utile de le préciser car lorsque j'avais passé les sélections pour DNA, je m'étais inscrit sous le nom de Vergara, mon ancienne famille d'accueil, pour que les Moslow ne soient pas prévenus en cas de problèmes. Ils ne seraient pas non plus importunés par les journalistes et paparazzi si je portais un autre nom que le leur. Surtout, ils ne feraient pas le lien entre mon identité d'idole et le gamin qu'il avait éduqué. 

— Dois-je contacter quelqu'un de votre retour ?

— Robert Moslow, murmurai-je.

Je n'avais plus aucun contact avec les Vergara. Et même si j'avais peur de revoir les Moslow, j'étais trop fatigué pour trouver un hôtel et me débrouiller seul. L'angoisse que je ressentais à l'idée de retourner dans notre villa des beaux quartiers était plus forte que celle de mes parents adoptifs. Le commissaire me fit inscrire le numéro de Robert Moslow sur un post-it. Je le savais par cœur. Un collègue du commissaire se chargea de prévenir ma famille d'accueil. Je sentis ma gorge se nouer, mon estomac se serrer. Je redoutais déjà la confrontation. Je les avais trahis, je leur avais menti. Que dire pour effacer cet affront ? Je frissonnai d'appréhension. Hodwer ne me laissait pas le temps de me noyer dans mes craintes.

— Daniel, peux-tu me dire où vous étiez retenus ?

— Non. C'était au milieu d'une forêt. Nous avons marché longtemps dans les bois, je ne pourrais pas vous dire où était précisément la maison.

Il hocha de la tête. L'homme qui nous avait amenés ici avait été interrogé. Grâce à l'emplacement de la station essence, le commissaire pourrait orienter ses recherches. Maintenant que l'on me posait la question, il aurait été plus intelligent d'appeler la police et de l'attendre à cette station essence plutôt que de rejoindre le poste le plus proche. La panique n'aidait pas à prendre les décisions. Nous avions eu peur que les sectaires nous rattrapent si nous attendions les forces de l'ordre dans cette station essence.

— Peux-tu m'expliquer ce qui s'est passé le jour de l'enlèvement ?

J'approuvai et concentrai mes yeux ambrés sur l'homme.

Enlevés par les DisciplesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant