Twenty-Two (TOME 2)

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— Rachel !

Je sortais à peine de l'aéroport que je vis Danny me faire de grands signes de la main. Traversant le parking, ce fut seulement en m'approchant que je vis Laken qui semblait me chercher plus loin dans la foule.

—Lak' !

Il posa son regard sur moi et un sourire s'afficha sur son visage. J'accélérais le pas pour les rejoindre et je lâchais ma valise pour prendre le blond dans mes bras.

— Ça a été le voyage ? me demanda celui-ci en déposant un rapide baiser sur mes lèvres.
— Nickel.

Danny me tapota l'épaule.

— Dépêchons-nous de rentrer, c'est bondé de monde et Maddie nous attend.

Il acquiesça en silence et nous nous faufilâmes tous les trois parmi la foule pour rejoindre la voiture un peu plus loin.

Une demi-heure plus tard Danny se gara devant la maison. En sortant, je sentis la chaleur écrasante envahir mon corps et je pris un moment avant d'aller sortir ma valise du coffre.

— On est rentrés Madeleine ! s'écria Danny en refermant la porte derrière moi et Laken.

J'entendis ma tante s'activer à l'étage puis je la vis dévaler les escaliers quatre à quatre avant de foncer vers moi et de me serrer contre elle.

— Qu'est ce que je suis contente de te voir ! On a un tas de choses à régler toute les deux, à commencer par cette histoire de mail et ensuite on doit s'occu-
— Quel mail ?

Nous nous tournâmes toutes les deux vers Laken qui nous dévisageait.

~

— C'est quoi cette histoire de mail ? me demanda Laken en s'asseyant sur mon lit.

Il était torse nu, avec seulement un boxer. Il faisait atrocement chaud, j'ouvrais alors la fenêtre de ma chambre pour laisser passer l'air frais de la nuit.

Je n'avais aucune idée de si je pouvais lui en parler sans fondre en larmes. Depuis la dernière fois où j'avais eu Maddie au téléphone jusqu'a aujourd'hui, j'avais refoulée cet événement dans mon esprit pour ne plus y penser et voir ça le moment venu. Mais c'était maintenant, le moment venu.

Je m'allongeais sur le lit à côté de lui. Je sentais son regard sur moi, attendant que je lui réponde et je lui étais intérieurement reconnaissante de ne pas me forcer la main, de me laisser prendre mon temps.

— J'ai reçu un mail de mon père y'a quinze jours.

Il ne répondit pas tout de suite, probablement en train de réfléchir à une réponse qui pourrait détendre l'atmosphère pesante que je venais d'installer. Je levais les yeux vers lui pour voir sa réaction, il avait seulement détourné son regard de moi pour regarder à travers la fenêtre.

— Quand c'est pas ta mère qui te pose problème, c'est ton père, fit-il avec un sourire qui se voulait rassurant.

Un léger rire m'échappa.

— Et c'est encore plus bizarre de se dire qu'en fait, ça reste un étranger, contrairement à Mam'.
— Ça va comment avec elle d'ailleurs ?

Les bruits des cigales du jardin et de la ville un peu plus loin parvenaient jusqu'à nous, évitant un silence pesant.

— Elle est sortie de l'hôpital psy mais elle est sous surveillance judiciaire, lui expliquais-je. Elle a pas le droit d'être dans le même État que moi... Et ça pose problème.
— Pourquoi ? demanda-t-il, confus.
— J'ai réfléchis pendant quinze jours. Mon père habite au Texas et si je veux le voir, je dois pouvoir y aller. Sauf que si ma mère y est, ça sera impossible.
— Parce que tu comptes aller à la rencontre de ton père ?

Il me regardait avec confusion.

Laken avait été depuis le début, la personne qui m'avait comprise sans que je ne dise un seul mot. Et pourtant, à l'instant présent, j'avais l'impression que c'était celle qui ne comprenait plus du tout malgré le fait que je lui explique dans différentes langues.

— Ça reste mon père. expliquais-je. Tout comme Mam' reste ma mère même si je la déteste. Aucun de mes parents ne sont dignes de l'être pourtant ils le sont... Quoique mon père s'est visiblement bien rattrapé de son côté.
— Pourquoi ?
— J'ai un frère et une sœur de dix ans. Des jumeaux.

Je sentais mon estomac se serrer et mon cœur s'accélérer. Une boule dans ma gorge se forma. Laken ne répondit pas et se contenta de lâcher un soupir.

Parler de deux enfants, mon frère et ma sœur, qui ont bénéficiés pleinement de mon père me rendait dingue. J'avais vécue vingt-deux putains d'années à me demander d'où je venais, qui j'étais, qui était celui qui aurait dû être là pour moi pendant que ce dernier reconstruisait une famille avec une autre femme.

Et moi, ma propre mère m'avait volée mon enfance parce qu'elle ne m'avait jamais désirée et probablement parce qu'elle se vengeait du jeune homme qui l'avait abandonnée alors qu'elle était enceinte et dans l'incapacité d'avorter. J'ai payé le prix d'une baise non protégée toute ma vie jusqu'à mes dix-huit ans.

— J'sais pas quoi te dire... fit Laken, ce qui me sortit de mes pensées.
— T'as rien à dire Lak'... T'es là et ça suffit amplement. Et Maddie et Danny sont là aussi. J'ai ma famille aussi techniquement, souriais-je au blond qui passa son bras autour de mes épaules pour me rapprocher de lui.

Un silence s'installa entre nous pendant qu'il me serrait contre son pectoral. Ses doigts glissaient le long de mon bras, déclenchant de légers frissons sur ma peau.

— Lak' ?
— Oui ?

Je calais ma tête sur son pectoral.

— Est-ce que je rencontrerais tes parents un jour ?

Cette question m'était venue à l'esprit plusieurs fois mais je n'avais jamais osé la lui poser. Quand il parlait de ses parents, notamment de leur absence, il semblait en souffrir. Ses yeux qui se baissaient à chaque fois qu'on évoquait ce sujet le trahissait.

Et je relevais légèrement la tête pour voir son regard braqué sur le mur d'en face.

— J'aimerai beaucoup.
— Mais est-ce que ça se fera ?
— Je sais pas si ils méritent de rencontrer les gens que j'aime si même moi je ne vaux pas plus qu'une bouche à nourrir.
— Ils ne sont pas au courant que-
— Si. Entre deux voyages d'affaires, j'ai réussis à leur parler de toi. Ils semblaient contents mais n'en ont pas demandé plus.

Je ne pouvais pas m'empêcher d'être vexée. Je savais que les parents de Laken étaient plus qu'absents depuis plusieurs années et qu'il le vivait mal. Mais quand je pensais à Maddie qui avait accueilli mon copain à bras ouverts dès le début, c'était de la déception que je ressentais. Ce n'était pas de la faute de Laken et je le savais bien. Mais j'aurai aimée être accueillie par sa famille comme ma tante l'avait fait pour lui.

— T'as vraiment envie de rencontrer deux abrutis qui ne calculent plus leur fils depuis qu'il a quatorze ans ?

Je haussais les épaules.

— Juste pour voir à quel point ils sont abrutis.

Son rire résonna dans la chambre, ce qui me fit sourire.

— Tu serais pas au bout de tes surprises.
— Plus rien ne me surprend à propos de parents douteux.
— J'pourrais pas compéter avec toi à ce niveau là.
— Je gagne haut la main.
— Carrément.

Je ne sais plus de quoi nous avions parler après. Peut-être de nos parents. Ou du mariage de Maddie et Danny. Tout ce dont je me rappelle c'est que je me suis endormie sur Laken pendant qu'il me racontait quelque chose que j'ai oubliée.