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J'avais passé une semaine sans adresser un seul mot à ma tante. Ou plutôt l'inverse. Elle ne me parlait pas et quand je tentai une approche, elle se braquait et me répondait avec une neutralité perturbante.

J'avais abandonnée l'idée d'une réconciliation simple et sans prise de tête et constatai que j'allais devoir m'expliquer franchement avec elle. Sauf que j'avais beau avoir le courage de lui tenir tête, je n'avais pas celui de faire le premier pas.

C'est pourquoi j'avais passée une semaine avec une boule au ventre dès que je la croisais dans la maison.

— Rachel, on peut parler ?

Assise sur le canapé devant la fenêtre de ma chambre, je levai le regard de mon livre pour voir Danny au pas de la porte.

— Bien sûr.

Je repliai les jambes pour laisser de la place au fiancé de ma tante et il vint s'assoir après avoir soigneusement fermée la porte derrière lui.

— À propos de Madeleine ? demandai-je en plaçant un marque-page dans mon livre et en le refermant.
— Oui.

Je posais mon livre sur le sol et le regardai, attendant qu'il continue.

J'avais tellement de chose à dire, tellement de reproches et en même temps d'excuses à faire mais je ne voulais pas lancer la conversation. Je n'allai pas avoir une approche très fine et j'avais peur d'être mal interprétée. Encore une fois.

— Elle veut te protéger... commença-t-il
— Je sais.
— Tu sais, on a parlé tous les deux... Je ne pense pas qu'elle serait très contente que tu l'apprennes mais je vais te le dire pour que tu comprennes. expliqua-t-il en me regardant avec sérieux.

Je hochai la tête et attendais la suite.

— Écoute... Elle est inquiète et stressée. Le mariage la met dans tout ses états et je crois que l'histoire du mail de ton père la fait encore plus vriller. Tous les soirs depuis que tu l'as appelée pour ça, elle m'en parle et retourne le problème dans tout les sens. Elle a peur pour toi et veut juste ta sécurité. Et elle a une très mauvaise image de- comment il s'appelle déjà ?
— William.
— Oui voilà William. Il faut dire qu'elle a vu sa sœur être abandonnée enceinte. Et tu sais que l'avortement au Texas est-
— Oui je sais. J'aurai dû être avortée si elle avait pu le faire.
— Ne dis pas ça.

Je haussai doucement les épaules, comme si ce que je venais de dire était quelque chose que n'importe qui dirait.

Combien de fois Mam' me l'avait-elle répétée ? Qu'elle détestait les États-Unis pour l'avoir obligée à me garder ? À dix-sept ans, entendre ça faisait mal. Très mal. Mais pourtant en grandissant, j'ai compris. Elle aurait du avoir le choix et tout aurait été pour le mieux si elle avait eu accès à ce droit. Je n'aurai pas eu à vivre avec ce genre de tarée qu'elle était.

Je me demande souvent si le gouvernement se rend compte des milliers de vies, parents comme enfants, qu'ils avaient détruits par cette loi. Des parents qui n'ont pas les moyens, l'âge ou même l'envie de s'occuper d'un gamin, et des enfants qui subissent une vie difficile pour les mêmes raisons.

Et pourtant j'étais là. En vie. À vingt-deux ans, toujours en train d'essayer de savoir le pourquoi du comment.

— Ne dis plus ça. répéta Danny en me regardant avec peine. Tu n'y es pour rien. Tu n'as pas décidé de naître ou non... Tu sais, je te vois comme une personne formidable. Je t'ai vu passée d'adolescente effrontée et téméraire à une adulte sûre d'elle et ambitieuse. Et en voyant ça, j'aurai adorée te voir enfant.

Twenty-Two (TOME 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant