Chapitre 3

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Je rentrai à la maison sans même parler à ma soeur qui m'avait totalement embêté. Je ne trouvais pas cela nécessaire de partir si vite pour retrouver ma famille qui n'avait pas su attendre un peu. Pourquoi ce soir c'était devenu si urgent que je quitte la cabane si tôt? C'était important pour moi de régler mon égarement avec Charlie puisque je ne voulais pas que ça change quoi ce soit dans notre amitié. Mon baiser avait été parfait et m'avait ouvert une porte que je n'avais pas su prendre à l'époque. Au contraire, j'avais continué à nier la vérité et à détourner le phénomène que je venais d'apprendre sur moi. Léane avait eu raison depuis le début, mais ça je ne lui avais jamais dis. Nous étions en chemin vers la maison et j'avais la certitude qu'elle savait déjà ce que les parents voulaient nous dire. On dirait que j'avais un peu peur malgré moi, car à voir le regard de ma sœur, ça ne présageait rien de bien positif. On arriva enfin à la maison et j'avais une boule dans l'estomac. Je devais l'avouer que je craignais réellement ce qu'ils allaient nous dire. En entrant dans le salon, je vis mes parents assis sur le canapé l'air sérieux. J'avais sérieusement peur de ce qu'ils allaient nous annoncer. Ça me semblait encore plus grave que je ne croyais. J'avais horreur de ça, ce sentiment de pas savoir où je m'en allais dans une situation. On aurait dit que tout le monde connaissait la vérité excepté moi.


Paulin-Antoine: Enfin vous êtes là. Venez-vous asseoir les filles.
Éloise: Vous me stressez avec ces faces-la. Ça l'air grave.
Léane: Ça dépend de la façon dont tu le vois. Pour toi ce le sera c'est évident.
Éloise: Quoi t'es au courant? Tu me fais peur.
Léane: En fait, m'man m'en a parlé ce matin, mais je ne savais pas que c'était officiel. Disons que j'ai appréhendé ce moment toute la journée.
Éloise: Allez-vous finir par me le dire, parce que je commence à angoisser.
Sylvie: Eh bien, ça concerne surtout mon travail. Comme vous le savez, j'avais postulé pour un poste avec plus de responsabilité et un meilleur salaire dans l'un des meilleurs salon de coiffure de mon milieu. Eh bien, ils m'ont contacté hier matin pour m'annoncer que ma candidature était retenue. C'est mon rêve de petite fille et j'aurais jamais cru qu'ils voudraient de moi.
Éloise: Mais c'est merveilleux m'man! C'est une excellente nouvelle. Je le savais que tu étais la meilleure. J'suis contente pour toi. Mais pourquoi vous avez ces faces-là? Il est où le problème?
Paulin-Antoine: En réalité, il n'y a rien de négatif là-dedans, mais ce changement de carrière nous amène à déménager dans la ville de Québec. Nous avons reçu une offre d'achat de la part du propriétaire du salon et ils sont prêt à nous aider à quitter la ville d'ici la fin de la semaine pour que votre mère puisse commencer son nouvel emploi. Tout est réglé financièrement et nous en sommes bien heureux. Votre mère n'a jamais été aussi heureuse, il faut la soutenir à notre tour.



Mon coeur s'arrêta de battre instantanément dès que j'entendis l'idée du déménagement. Il en était hors de question à mes yeux. Je ne pouvais pas rester là sans rien dire, sans leur démontrer toute la colère qui naissait à l'intérieur de moi. Cette nouvelle signifiait tant à mes yeux et je ne pouvais pas supporter tout ça. En réalité, ça reposait sur le fait immédiat que je perdais Charlie pour toujours et ça je ne le supportais tout simplement pas. Je ressentis une douleur tellement intense dans ma poitrine comme si on m'avait planté un couteau droit au coeur. Je ne pouvais pas accepter un tel châtiment. Ça faisait 13 ans que je vivais dans cette ville, que j'étais prédestinée à vivre ma vie ici. Je croyais que j'allais vivre mes premiers émoi amoureux, ma première fois et que Charlie allait m'accompagner dans tous ces moments. Je souhaitais tant que ma mère réussisse dans son domaine puisqu'elle était incroyable, mais pas dans ces conditions-là. On était tout simplement brimer de notre bonheur uniquement pour le sien et ça me mettait terriblement en colère.


Éloise: C'est non! (J'étais bête)
Sylvie: Il faut que tu comprennes Éloise qu'on ne décide pas de tout dans la vie. Un jour, tu comprendras mes choix et tu feras les tiens.
Éloise: Non! Quand tu as postulé, tu savais très bien que c'était loin et qu'on serait obligée de déménager. Pourquoi tu as fait ça? Tu n'as jamais pensée à nous et à ce qu'on voudrait. Tu as juste pensé à toi sans te soucier de ce qu'on en penserait. Ma vie est ici et j'ai pas l'intention de tout recommencer ailleurs. Je veux faire mon bal ici avec les gens que je connais depuis que je vais à l'école.
Sylvie: Calme-toi et change de ton. Tu vas t'en faire une autre vie ailleurs. Il y a des bonnes personnes un peu partout. Tu ne le sais pas, mais peut-être que ton prince charmant se trouve là-bas et tu l'ignores en ce moment.
Léane: Je peux comprendre la réaction d'Élo, on vit des trucs ici depuis des années et peut-être que j'y suis attachée.
Paulin-Antoine: Tu fréquentais quelqu'un ma grande?
Léane: Je commençais une relation avec un gars-là, c'est un peu décevant.
Sylvie: C'est dommage en effet. Mais toi Léane tu es fluide sexuellement. Alors les rencontres ne seront pas un problème pour toi.
Éloise: Moi je ne pars pas d'ici! Oubliez-moi! (Je me mis à pleurer)
Sylvie: Grandit un peu ma fille. Tu n'auras pas le choix de t'y faire. Tu n'as pas le droit de quitter le nid familial à 13 ans. Un jour, tu décideras de ta vie et je n'aurais rien à dire. Mais en ce moment, je suis encore responsable de toi et nous quittons que ça te plaise ou non.
Éloise: Tu comprends pas il y a personne qui va me séparer de Charlie! Vous ne me l'enlèverai jamais vous m'avez comprise?(Je criais)
Paulin-Antoine: Éloise calme-toi! Sois polie et agis en adulte pour une fois. On t'a bien élevé pourtant. C'est pas une manière d'agir. Tu vas changer d'attitude immédiatement si tu veux pouvoir la revoir avant de partir.



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