Chapitre 9

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PDV Charlie

Je venais à peine de sortir du condo d'Éloise et je m'étais jamais sentie autant déstabilisée par la situation. En réalité, je n'arrivais pas à le croire et je pensais m'évanouir en entendant sa déclaration. Tout le monde me le disait qu'elle pouvait éprouver des sentiments pour moi et je n'y croyais pas. Je m'en voulais de m'être laissée aller avec elle au risque de lui faire du mal. Je lui avais dis beaucoup trop de chose et je m'étais perdu à travers mes mots. Hier soir, mon inconscient avait tout simplement parlé et je ne voulais pas me rendre à l'évidence concernant ce qui avait toujours été clair à mes yeux. L'homme dont je parlais n'existait tout simplement pas. J'avais inventé cette histoire farfelue dans l'unique but de voir la réaction d'Éloise. Sa déclaration m'avait secoué et il était impossible pour moi de rester auprès d'elle par la suite. Lorsqu'on était des jeunes adolescentes un peu naïve, je fantasmais sur les garçons. Mais lors du départ d'Éloise, il s'était passé quelque chose d'assez incroyable. Je réalisais qu'elle manquait à ma vie plus que tout et qu'il était impossible que l'on soit séparée pour le restant de mon existence. Je ne voulais pas voir la vérité en pleine face, mais il y avait une part en moi qui était amoureuse d'elle. Je croyais que le temps finirait par faire disparaître les émotions, mais j'avais tort. Lorsque je l'avais revu, c'était comme si j'avais été secoué de plein fouet par un éclair. Tout semblait si évident et j'avais affreusement peur de lui montrer que les sentiments demeuraient réciproque. Je lui avais menti sur le souvenir de notre relation sexuelle, car je voulais voir ce qu'elle allait m'avouer sur le sujet. Je me souvenais d'absolument tout, mais je voulais l'entendre de sa bouche. Ce moment d'intimité entre nous était tout simplement incroyable. Je n'avais jamais eu de relation sexuelle avec une autre femme. Je le savais que cette première fois je voulais la vivre avec Éloise. Pendant des années, je pensais que le sexe avec une femme n'était pas autant satisfaisant que lors d'une pénétration standard. Mais j'avais eu tort. Je m'en voulais un peu de l'avoir laissé au bout milieu de nul part sans lui avoir donné le moindre explication. J'avais figé devant la situation alors que j'aurais pu lui dire que les sentiments étaient réciproques. Je me sentais troublée, mais à la fois heureuse de voir que ce que je ressentais était partagés. Je rentrai chez moi et déposa mes clés sur la table de chevet. Il y avait mon colocataire que j'appréciais et qui demeurait l'un de mes meilleurs amis. Il était dans le salon et il se leva quand j'apparus dans le cadre de porte.

Julien: C'est maintenant que tu te pointes toi! Où tu étais? Tu ne devais pas aller à la réunion de ton école.
Charlie: C'est ça...J'y étais.
Julien: Et tu reviens le lendemain? Dis-moi pas que tu te les tapée encore malgré tout ce qu'il t'a fait.
Charlie: De qui tu parles?
Julien: De ce Francis...Hostie Charlie tu m'en as parlée souvent. As-tu couché avec lui encore?
Charlie: Hum j'y ai même pas adressé un seul mot. Je m'en calice si tu veux savoir. J'ai couché avec lui quand j'avais seize ans. On s'entend que ça fait longtemps.
Julien: Mais tu étais où? Ça te tentait juste pas de me donner un signe de vie. J'étais inquiet pour toi.

Julien était mon colocataire depuis environ cinq ans. Depuis le départ d'Éloise, il était devenu mon plus grand confident et en quelque sorte mon meilleur ami. Je ne lui avais jamais parlé de mes sentiments envers Éloise. En réalité, je ne l'avais avoué à personne. Pourtant, il me comprendrait, car il est lui-même homosexuel. Notre relation avait toujours été platonique et ça me convenait ainsi.

Charlie: Excuse-moi...Je ne m'attendais simplement pas à voir Éloise se pointer là-bas. Ça faisait vingt ans Jules, on a prit une coupe de verre et elle m'a invité chez elle. J'avais trop bu donc j'ai dormi dans son lit pour éviter de me mettre dans l'embarras.
Julien: Tu as revu ta meilleure amie, celle dont tu me parles depuis qu'on se connaît? C'est quoi les chances dis-moi tu devais être tellement contente.
Charlie: Un peu trop en effet.
Julien: Qu'est-ce que tu veux dire?
Charlie: Ce n'est pas important. Ce fut agréable, mais on ne se reverra plus.

Il me fit des yeux surpris et ne semblait pas comprendre pourquoi je ne voulais plus la revoir. Dans ma tête, tout était clair. On ne pouvait pas s'aimer. Ma famille n'allait jamais accepter une telle chose. Lorsque j'avais fait mes études en sexologie, ça l'avait pris des mois pour eux avant de l'accepter. Ils étaient très conventionnels et pudiques. Je ne pouvais pas cette fois leur annoncer que j'étais amoureuse d'Éloise.

Julien: Mais pourquoi? Qu'est-ce qui s'est passé?
Charlie: Ah tu m'énerves toi! Tu vas tout faire pour que je parle et christ je ne sais pas si je vais en être capable. C'est très personnel Jules.
Julien: Depuis quand ta vie est personnelle envers moi? Charlie tu peux tout me dire et tu le sais très bien.
Charlie: Hum j'ai fais l'amour avec elle. C'est tout.

Il avait l'air complètement sous le choc et je l'étais de lui avoir dis de cette façon, mais j'ignorais comment lui dire.

Julien: T'es tu sérieuse? Attend je ne comprends pas. C'était à cause de l'alcool que vous vous êtes envoyées en l'air?
Charlie: Disons que ça l'a aidée à se dégêner l'une envers l'autre.
Julien: Tu en avais envie malgré l'alcool?
Charlie: Oui. Ça fait plusieurs années que j'en avais envie. Depuis son départ en fait. Il y a eu mon histoire avec Francis, mais j'ai réalisé que je pensais beaucoup trop à elle. J'étais incapable de l'oublier et de laisser tous nos souvenirs derrière nous.
Julien: Es-tu en train de me dire que tu es amoureuse de ton amie?
Charlie: Hum...un peu oui. Un peu beaucoup en fait. Je l'aime plus que tout et hier c'était magique entre nous. Et le plus beau dans cette histoire c'est que les sentiments sont réciproques. Mais j'ai eu peur. Quand Éloise m'a avoué être amoureuse de moi, j'ai pris la fuite sans m'expliquer en lui disant qu'on ne se reverrait plus jamais.
Julien: Hein quoi? Elle t'a dit qu'elle t'aimait et tu t'es poussée malgré tout. Mais es-tu tombée sur la tête?
Charlie: Tu ne peux pas comprendre Jules. Ça fait vingt-huit ans qu'on se connaît. On a vécu des choses incroyable ensemble, je lui ai parlé de tous ces gars qui me plaisaient, on a eu des fous rires insurmontables, on avait même une cabane commune. Je n'ai pas le droit de l'aimer maintenant. Et le fait qu'on ait couché ensemble a vraiment compliqué les choses. Je ne lui ai jamais dis que je l'aimais et je lui saute dessus comme ça sans explication. Elle comprend clairement rien à présent.
Julien: C'est évident qu'elle ne comprend pas. Tu ne lui as pas donné de raison, tu t'es enfuis comme un voleur. Mais pourquoi tu ne lui as pas dis que tu l'aimais? C'est une belle histoire d'amour il me semble. Vous vous êtes toujours aimées sans vous l'avoir dit.
Charlie: Je préfère en rester ainsi. De cette façon, je ne lui briserai pas le coeur.

Au fond, c'était à moi que ça faisait le plus de mal. Pourquoi je me refusais d'être probablement très heureuse avec elle? J'avais toujours espéré que l'on puisse se revoir et maintenant que ce souhait avait été exaucé, je le repoussais. Je regardai mon téléphone et m'aperçut que quelqu'un m'avait envoyé un message. Mon coeur se serra dès que je vis qu'il s'agissait d'Éloise. J'avais des palpitations à travers ma poitrine et je ressentis une telle chaleur. Elle me manquait déjà et je pensais à son corps contre moi. Cette pensée m'avait chatouillé le bas-ventre et j'avais envie de recommencer ce qu'on avait vécu ensemble. Cette nuit-là où mon âme s'était laissée aller.

Éloise(10h43)
« Charlie, excuse-moi s'il te plaît. Tu ne peux pas t'enfuir comme ça sans m'expliquer ce qu'il s'est passé entre nous »

Charlie(10h47)
« Arrête de penser à nous deux. Ce qui s'est passé hier soir était une erreur. Oublie-moi Élo. Bonne chance. »

J'avais les larmes au yeux et j'avais l'impression de me faire arracher le coeur. Ça me brisait en mille morceaux de devoir couper les ponts comme ça. Je voulais éviter qu'elle souffre, mais c'était moi qui avait mal finalement.

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