Chapitre 18

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Je me réveillai en sursaut avec quelques sueurs froides qui coulaient le long de mon dos. J'avais l'impression d'avoir fait un long voyage et que ça faisait une éternité que j'étais dans un sommeil profond. Je m'ouvris les yeux un peu perdus en regardant autour de moi. Je commençais à trouver le lieu où j'étais particulièrement étrange. Je m'étais assise dans mon lit et constata que je n'étais clairement pas dans ma chambre où je vivais depuis quelques années. Je reconnaissais cette endroit, mais je ne comprenais pas ce que je faisais ici. Je me levai de mon lit et scruta chaque coin de la chambre pour constater une vérité tout simplement impossible. Je me souvenais de cette chambre, c'était celle que j'occupais avant notre départ pour Québec. Je m'avançai vers le miroir à côté du bureau et je me mis à paniquer en voyant ma silhouette d'adolescente devant moi. Je m'étais touchée le visage complètement abasourdie de retrouver ce visage juvénile. Je n'arrivais pas à le croire, je ne saisissais pas cette possibilité. Mais qu'est-ce qui c'était réellement passé? Je regardais le calendrier installé sur la table de chevet et constata la réalité. Nous étions vingt ans plus tôt. Mais tout ce que j'avais vécu avec Charlie n'avait donc jamais existé? Je ne pouvais pas accepter cette éventualité. J'étais heureuse dans cette vie-là, j'avais enfin pris mon courage à deux mains pour lui dire mes sentiments. Tout cela était parti en vrille en l'espace d'un claquement de doigt. Je paniquai complètement de découvrir que j'avais tout échoué. Est-ce qu'au fond j'avais rêvé tout ce temps-là? Alors ce fut comme si c'était tellement réel que j'avais fini par croire que tout ceci était devenue ma réalité. J'avais treize ans à l'instant et à peine quelque minute plus tôt, j'étais une femme accomplie qui vivait une relation amoureuse avec la femme de sa vie. Je venais de tout comprendre, ce rêve et sa signification était clair à présent. Je devais m'assumer avant tout pour éviter d'avoir des regrets dans le futur. Mon cerveau m'avait envoyé un message fondamental et je me devais de l'écouter. Je décidai donc de m'habiller et de descendre à la cuisine pour ainsi confronter ma famille. C'était évident que les choses étaient particulièrement nébuleuses d'avoir ce privilège de les revoir aussi jeune. J'essayais d'agir normalement en ayant le sourire au lèvres. J'arrivai devant le cadre de porte et j'avais ce sentiment de déjà-vu qui me secoua littéralement. Ma mère était à la table en train de manger, alors que mon père lisait le journal complètement peinard. Je sentis une main sur mon épaule et sursauta en voyant Léane devant moi. Elle se mit à rire puisqu'elle aimait me créer des effets de surprises.

Léane: Je réussis à tout coup. Dis dont toi, t'es ben nerveuse ce matin. As-tu fait des beaux rêves qui t'empêchait de te réveiller?
Éloise: Oui. C'était troublant et si réel à la fois. J'étais heureuse, j'aurais préféré jamais me réveiller.
Léane: J'ai réussi à te semer un doute dans ta tête en te parlant de Charlie comme ça.
Éloise: J'ai rêvé à elle. C'était beau.

Elle me lança un air inquiétant comme si elle ne me reconnaissait plus. Hier, je n'aurais pas réagit comme ça. Mais avec ce beau voyage dans l'avenir, je me devais d'assumer cette partie-là de moi qui dormait depuis toujours.

Sylvie: Tiens vous êtes là mes filles. Vous voulez manger quelque chose avant de partir pour l'école.
Léane: Écoute m'man, parle à Élo avant. Elle est si étrange ce matin.
Paulin-Antoine: Ah bon ça ne va pas ma grande? (Il me regardait)
Éloise: Non justement tout va tellement bien. Merci d'avoir été là pour moi, vous m'avez terriblement aidé dans mon processus. Je me sens privilégiée d'avoir vécu ce que j'ai vécu cette nuit. Tout est clair dans ma tête à présent.
Léane: Mais de quoi tu parles? As-tu fumé hier soir et ça t'a rendu complètement farfelu?
Éloise: Oh non crois-moi. Je n'ai jamais été autant lucide. Maman? Est-ce que tu as postulé pour un salon de coiffure à Québec?

Elle me fit un regard inquiétant et semblait complètement perturbé par ma remarque. Elle lâcha son café et me fixa droit dans les yeux.

Sylvie: Oui. Comment sais-tu ça? J'avais l'intention de vous en parler. Ça risque de bousculer nos vies un peu cette histoire-là.
Éloise: C'est compliqué, un simple pré-sentiment qui ne s'explique pas. Mais je t'avertis cette fois c'est non pour le déménagement. 
Paulin-Antoine: Quelle déménagement? Il n'a jamais été question de cette alternative-là. Votre mère a décidé d'aller vivre à Québec la semaine et de revenir la fin de semaine avec nous.
Sylvie: Je ne vous aurais jamais imposé une telle chose, je me suis arrangée autrement. Vous avez vos vies ici et puis Léane il parait que tu as rencontré un gentil garçon?
Léane: Ah franchement, ce n'est pas complètement officiel entre nous. Mais disons que ça se passe plutôt bien. J'ai eu peur avec cette histoire de déménagement, j'aurais réagi comme Élo. C'était clairement non pour moi aussi.
Éloise: Donc on ne part pas? (J'avais ce regard illuminé)
Sylvie: Pas du tout ma grande. Tu vas pouvoir rester avec ton amie Charlie. Je me doute que c'est pour cela que tu tenais tant à rester ici.

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