Souviens-toi

Chapitre 6

Lorsque j'arrivais devant chez moi, je vis Charlie qui m'attendait dans les escaliers. Elle avait été beaucoup plus rapide que moi. Probablement qu'elle était moins prudente que moi en voiture, car en général je respectais à la perfection les consignes de la route. Mon père m'avait montré les bonnes manières dans la vie. Je me stationnai à ma place habituelle et sortit pour aller la rejoindre. J'appréhendais cette soirée avec crainte, car j'ignorais jusqu'où la boisson allait m'amener. Je me sentais assez ébranlée par ma rencontre avec elle. Elle m'avait chaviré le coeur littéralement. J'avais peur de ce que mes pulsions pouvaient me faire. Pourquoi je me créais autant d'attente comme cela? Si je me montrais raisonnable, tout allait bien se dérouler et jamais Charlie allait se rendre compte de quoi ce soit. Je devrais me sentir heureuse de la retrouver, mais ce n'était pas comme ça que je le ressentais. J'avais plutôt l'impression de lutter contre moi-même comme si je détenais la vérité mais dont je n'avais pas envie de déclarer. Je savais que je lui mentais face à mes sentiments, mais je ne pouvais pas me permettre de lui révéler par peur qu'elle m'en veule de lui avoir cachée toutes ces années. Je me rapprochai vers elle en ayant toujours le coeur qui battait la chamade.

Éloise: Ça fait longtemps que tu m'attendais?
Charlie: À peine deux minutes.T'en fais pas. J'avais hâte que tu arrives par contre. Je suis intriguée à connaître ton univers.

Je souriais comme une idiote et lui ouvrit la porte menant à la cage d'escaliers. J'étais terriblement nerveuse et je me sentais en sueur de la tête au pied. Elle avait le tour de m'émerveiller dans ses propos. Nous montâmes sans se dire quoi que ce soit et j'ouvris finalement la porte de mon condo droit devant elle. Je n'arrivais pas à le croire, j'avais réussi à amener Charlie chez moi le premier soir. On aurait presque dit que tout ça était un fantasme. En réalité, je la désirais tellement fort, j'avais de plus en plus envie d'elle. Je devais me résigner à mettre mon envie de côté par peur de la brusquer. Il était évident que les sentiments n'étaient pas partagés et qu'elle allait s'éloigner de moi si il fallait qu'elle découvre mon secret. Elle se dirigea vers mon salon et y déposa son sac à main sur le canapé. Je la vis s'asseoir par la suite sur le coin de mon divan et se croisa les jambes. J'étais incapable de détourner mon regard ailleurs que sur elle. Ses jambes semblaient si douces et si invitantes. Je commençais à avoir des images perverses qui se bousculaient dans ma tête. Je n'en pouvais plus de devoir lui résister. Je revins de mes fantasmes en me rendant bien compte qu'on s'était toujours pas prit un verre depuis notre arrivée. 

Éloise: Tu veux un verre de vin?
Charlie: Ça pourrait être intéressant. Tu as du blanc ou du rouge?
Éloise: Hum...j'ai seulement du rouge. Ça te convient?
Charlie: C'est mon préféré, on dirait presque tu le savais.
Éloise: C'est le mien aussi. Non je l'ignorais.
Charlie: On a toujours eu un lien spécial toi et moi, comme si on était des âmes sœurs. Tu m'as manqué Élo.
Éloise: Ce fut difficile pour moi aussi.

Je ne comprenais pas ce qui lui prenait ce soir. Elle faisait des allusions surprenantes que je n'arrivais pas à saisir. Autrefois, elle n'aurait pas ouvert son coeur comme elle le faisait. Ça me séduisait ce côté démonstratif et affectueux. Je la regardais droit dans les yeux et elle avait la bouche entre ouverte un peu subjugué par mes mots. Elle avait tellement des beaux yeux, j'avais l'impression de me noyer dedans. Je me levai pour aller chercher deux coupes de vin et la bouteille. J'avais toujours cette boule d'anxiété qui refusait de disparaître. Je voulais tellement l'embrasser, j'en avais un peu mal à l'intérieur de moi. Cette douleur me pesait énormément. Je lui versai un verre de vin et lui remit dans ses mains. Je ressentis un frisson très intense lorsque mes doigts frôlèrent les siens. Elle me sourit et prit une première gorgée de sa boisson. Elle déposa sa coupe sur la table basse qui se trouvait devant elle.