Chapitre 3 - Partie 1

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Il n'y avait rien de plus beau que l'amour qui frappait.

Quand Éros tirait l'une de ses flèches à la pointe d'or, il offrait à la cible le plus précieux cadeau d'une existence, mais également un fardeau sans nom. Alors, quand la plus belle des déesses était cet amour, le fardeau qui allait avec, était au moins aussi conséquent.

Quoi de plus normal que le plus beau des dieux ait pour amante la plus belle des déesses ?

Arès, comme tous, avait été subjugué par la beauté de cette femme sortie des flots, s'annonçant comme fille d'Ouranos. Il avait eu cure de ses origines, de savoir qu'elle était fille du ciel et de la vie, fille des tempêtes et des colères.

Il lui fit la cour.

Des jours. Des semaines entières. Délaissant le sang de la guerre et le noir des ténèbres. Seulement pour elle.

Il l'aima.

Il en était sûr.

Lui le terrible dieu sanguinaire, le sauvage qui ne jurait que par les armes, que par la plus bestiale violence, la force brute et le goût des combats. Lui qu'on nommait le « fléau des hommes », le « preneur de remparts » ou encore Enyalos.

Il l'avait tant aimé et il était persuadé être aimé en retour. Accepter par la plus belle femme du monde.

Jusqu'à tomber dans le piège de son frère jaloux, ainsi que du Soleil, qui voyait tout. Mais la trahison, celle qui fit le plus mal, venait bien d'elle. Arès, qui n'avait jamais posé un genou à terre, n'avait pu tenir debout face au sourire moqueur de sa belle. Celle qui avait tout manigancé. Celle pour qui il avait tout donné, jusqu'à cette chose qu'il pensait douce et fragile, qu'il ne pensait même pas posséder, et qui, au final, avait été que plus rude, plus traitresse et plus assassine qu'une guerre ; l'amour.

 

 

 

Arès se redressa d'un coup. Il grimaça de douleur, son flanc le transperçant de mille aiguilles. Il mit un instant à réaliser où il était. La chambre qu'il occupait n'avait rien à voir avec ses quartiers ; tout était plus élégants, plus finement fait. Les draps étaient de soie et de lin. Le lit était fait d'un bois qu'il ne connaissait pas. Le miroir qui surmontait la coiffeuse, était incrusté dans un cadre forgé et décoré par un artisan du Nil.

Il faisait encore sombre. La fraicheur de la nuit passait la fenêtre ouverte sur l'Est. Le soleil se lèverait bientôt. L'Egypte restait un mystère pour Arès. Ces dunes, son désert, son fleuve sacré et ses oasis, étaient dépaysant. Pourtant, le ciel était le même. Alors pourquoi les étoiles semblaient-elles différentes ?

Assis sur ce lit trop fantaisiste pour lui, le dieu olympien passa une main sur son visage. Il détestait les rêves et ne pouvait accuser l'un des fils d'Hypnos. Si tant est qu'il aurait été en Grèce, il ne l'aurait pas plus fait. Le dieu de la guerre n'avait, certes, pas peur des autres dieux, mais il en existait qui savaient tenir en respect la totalité de l'Olympe, Zeus y compris.

Il sortit du lit, nu, et approcha de l'ouverture donnant sur le monde extérieur. D'ici, tout paraissait irréel. Les pyramides découpaient l'horizon vers l'Ouest, et le Nil transperçait le désert avec autorité. Les palmiers et les tamaris ombrageaient ses berges verdoyantes, donnant un aspect biphasique à ce paysage. De nuit, l'eau semblait aussi noire que le ciel et brillait parfois en surface sous les rayons de la lune, comme un écho aux étoiles de la voûte. Le désert s'étendait à perte de vue, et la Méditerranée n'était pas visible depuis ces lieux. Jamais Arès n'avait été si loin de la mer. En Grèce, où qu'il soit, il avait vue sur la mer Egée, la Méditerranée, la mer de Marmara, parfois même la mer Noire. Le Nil n'avait rien à voir avec l'une de ces mers. Il s'étendait en longueur, comme un serpent qui se faufilerait à travers le sable. Il était silencieux, à l'aspect doux et abordable. Les rives ne semblaient pas si éloignées l'une de l'autres. Malgré tout, la majorité des populations se concentrait sur la rive Est.

Dark Egypt - Godness : ArèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant