Chapitre 10 - Partie 1

124 20 5
                                    

Le soleil était déjà levé quand Arès passa le seuil de son temple. Le corps noueux, les mains raides d'avoir tenu ses armes des heures, des jours durant, son armure à peine reconnaissable sous la couche de crasse que mêlait terre et sang, il était éreinté. Derrière lui, son fils ainé, Déimos, le suivait avec nonchalance. Du sang tachait sa figure ainsi que ses armes et une partie de son armure. Il était néanmoins plus propre que son père dont le glaive dégoulinait encore de liquide carmin.

Caché derrière une colonne blanche, le troisième dieu du temple les observait avec un mélange d'inquiétude et d'incompréhension. Arès et Déimos passèrent devant lui. Le plus vieux des fils ne put s'empêcher de s'exclamer :

— Qu'attends-tu, Phobos ? Que les victoires te tombent dans les bras en restant cacher dans le temple de père ?!

— Je ne me cache pas.

Déimos cessa de suivre Arès pour s'approcher de son cadet. Celui-ci recula, effrayé. Il mit ses deux mains en avant, comme pour se protéger. Déimos l'attrapa par l'un de ses poignets, le tirant avec force.

— Qu'est-ce que c'est ?!

Arès fronça les sourcils et tourna la tête. Du sang dégoulinait des mains de son fils qui, pourtant, n'était pas parti à la guerre avec eux. Il avait bien vu Déimos faire régner la terreur sur le champ de batailles, aux côtés d'Eris, pendant que lui affrontait un demi-dieu qui s'était dressé devant lui, prétextant pouvoir l'arrêter dans sa folie meurtrière. Le combat avait été violent, sauvage et avait duré des jours entiers. Personne n'avait osé s'interposer, pas même Zeus.

Personne... sauf le cri de son fils.

— PÈRE !

— Déimos ! Laisse-le.

Le dieu de la terreur lâcha son frère qui pressa ses mains ensanglantées contre sa poitrine. Arès ferma une seconde les yeux, se pinçant l'arête du nez. Lorsqu'il les rouvrit, Déimos était à côté de lui et Phobos ne présentait aucune trace de sang.

Contrairement à lui dont les mains couvertes de sang frais.

 

 

 

À son réveil, il faisait encore sombre. La température était un peu plus élevée, témoignant de la présence du soleil bien que toujours éclipsé. Arès se redressa, faisant tomber les draps qui le recouvraient. Il ne reconnu pas tout de suite la chambre, mais l'arche menant à la pièce annexe le lui rappela. Sans qu'il n'en ait aucun souvenir, il avait été couché dans la chambre reliée à la salle d'eau qu'il avait partagé avec Maât et Thot, pas plus tard que cette nuit. Une nuit particulière, pour sur. Arès n'en était pas peu fier. Sans compter qu'à la différence avec son histoire sur l'Olympe, il n'y avait, cette fois-ci, pas de soleil voyeur ni de mari jaloux. Celui-ci avait carrément fait parti de leurs ébats. Arès se surprit à repenser à Thot plutôt qu'à Maât. Le souvenir de son regard lui brûlait encore la peau, au même titre que leur seul baiser qui avait été brutal, exigeant et emplit d'un désir masculin. De quoi chatouiller les entrailles du dieu guerrier.

Il sortit du lit et trouva, posé sur une chaise, des vêtements. Il n'était pas spécialement fan de la mode égyptienne. Si les grecs n'avaient pas de soucis avec leur corps, porter uniquement un pagne lui restait désagréable. Mais surtout, la plus grande différence qu'il avait remarqué entre la Grèce et l'Egypte était la pilosité. Là où les grecs exhibaient leur virilité via la présence de poils soignés, les égyptiens eux, montraient un corps parfaitement imberbe, comme Arès avait pu le constater cette nuit. Il n'était pas le grec le plus velu de son pays, et par la nature de ses cheveux, bien qu'elle ait changé au cours des derniers siècles, il n'avait pas une forte pilosité, mais le constat était bien là.

Dark Egypt - Godness : ArèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant