Chapitre 7 - Partie 2

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Le départ de la déesse créatrice plongea la chambre conjugale dans un silence énigmatique. Les autres dieux n'avaient plus qu'à se débrouiller par eux-mêmes puisqu'aucun soutien n'était à attendre d'elle.

Vive et alerte, Bastet se retourna vers le couple de la justice, résumant la situation comme si tout ceci avait une logique qu'elle seule maîtrisait sans autre forme de panique :

— Il faut se dépêcher. Apophis risque de vite répandre le chaos. Seth a été blessé durant la bataille sur la barque, tout comme Râ. Nous n'arriverons pas à l'arrêter sans elle.

À peine ces mots furent-ils prononcés que la terre trembla à nouveau. De la poussière tomba du plafond, arrachant une toux à certain. Maât se retourna tant bien que mal vers l'immense ouverture donnant sur le désert, camouflée par des voilages ballottés par les secousses.

Le tremblement de terre cessa brusquement. Elle s'approcha un peu plus quand un fracas dissonant arracha les voilages et projeta violemment la déesse à l'autre bout de la pièce. Tous se baissèrent pour se protéger de la furieuse bourrasque hurlante.

Elle fut cependant très brève.

Un calme pesant prit sa place.

Comme un silence annonciateur.

Celui de la mort.

Maât se releva, sonnée par le choc. Elle n'eut pas le temps de s'en remettre qu'Arès le vit : ce regard qui pétrifia tous les dieux ici présents.

La seconde suivante, Bastet bondit sur lui pour le pousser. Il tomba à la renverse au même moment où le cri de Maât s'éleva. Le vent s'engouffra avec tant de fureur que ses lames d'air en étaient tranchantes. Arès ne put que se protéger de ses bras. Il sentit le vent lui lacérer la chair à une telle vitesse que lui-même n'était pas certain de tenir très longtemps malgré toutes les capacités de régénération que pouvaient détenir des dieux, ou bien même sa propre tolérance et endurance à la douleur et aux blessures.

Puis, le vent s'arrêta aussi vite qu'il s'était levé, malgré ses hurlements incessants. Arès abaissa son bras rouge de sang, leva son regard et vit d'immenses ailes noir et blanc dressées devant lui, servant de remparts.

— SORTEZ !

La petite main de Bastet agrippa son poignet et d'une force insoupçonnée, le tira. Sans plus d'explication, elle l'entraina hors de la chambre en courant, suivit de Maât et ainsi que Thot qui fermait leur cortège.

Ils coururent comme si leur vie en dépendait. Ils traversèrent les innombrables couloirs, pénétrèrent de nombreuses pièces, changèrent souvent de direction. Derrière eux, les lames d'air rugissaient entre les murs, broyant les statues de bronze, brisant les faïences, et tout objet sur leur passage.

Arès manqua de tomber quand la petite déesse bifurqua au coin d'un couloir. Ils sautèrent les quelques marches à l'entrée de la nouvelle pièce, traversèrent cette dernière qui, comme tout le reste, fut ravagée au passage du vent armé ; le bassin intérieur fut soufflé, le craquement sinistre de colonnes se fissurant résonna dans leur dos, et plusieurs palmiers cédèrent sous la violence du pouvoir qui les poursuivait.

— À droite ! cria Maât derrière eux.

Bastet n'hésita pas : elle freina des quatre fers, dérapa et tira de toutes ses forces pour qu'Arès suive le mouvement. Un long palier se dressa devant eux, longé de colonnes gravées soutenant le côté ouvert du corridor. Bien que le moment ne s'y prêtait pas, la vue sur Héliopolis était époustouflante.

Dans leur dos, les lames d'air vociféraient leur cacophonie, tout en s'éparpillant un peu plus dans cet espace semi ouvert. Arès saisit alors la tactique. Sauf qu'en face, il n'y avait rien. Ce qui ne fit pas ralentir la déesse chat.

Dark Egypt - Godness : ArèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant