Chapitre 4 - Partie 2

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Si Arès ne savait pas précisément ce qui se passait, Hathor montra un éclat de vivacité d'esprit. Elle laissa s'échapper une exclamation et porta ses mains devant sa bouche, d'un geste bourgeois.

— Tu penses que Râ a échoué cette nuit ?

— C'était à prévoir. Thot est retourné auprès d'Isis pour la soigner. J'ai également demandé à Nephtys de l'assister. Seth a été affaibli durant les épreuves contre Horus. Si Râ a demandé leur assistance sur sa barque, bien que ce soit une punition pour Seth, ce n'est pas pour rien.

Hors de la conversation, Arès n'y comprenait rien. Il observa les deux déesses échanger alors que de l'agitation commençait à naître un peu partout en Egypte.

— Oh non ! Combien de temps cela va durer ?!

— Si je le savais...

Maât jeta un coup d'œil vers le ciel. Arès suivit son regard et plissa les yeux en observant une éclipse naître. Râ était leur dieu créateur mais aussi leur dieu solaire. S'il y avait une éclipse, alors quelque chose lui était sans doute arrivée.

— J'espère qu'Isis se remettra vite pour aider Râ.

Personne ne répondit à Hathor. Un silence pesant s'installa et elle fut la première à quitter les lieux, non sans jeter un dernier regard appuyé à Arès. Lorsqu'ils furent seuls, Maât reprit :

— Tu ne vas pas poser de question ?

— Sur ce qui arrive à votre dieu créateur ? Non. Les éclipses ne sont pas si rares en Grèce. Artémis rend souvent visite à Endymion. Ou alors c'est ce prétentieux d'Hélios qui se voit dégoûter par je ne sais quelle vue qu'il aurait croisé depuis son char. Ce n'est qu'un voyeur de toute façon, marmonna-t-il à la fin, plus pour lui que pour informer Maât.

En mentionnant Hélios, le visage d'Arès s'était assombri. Les tendons de sa mâchoire étaient crispés et son regard, d'ordinaire si clair, s'était voilé de nuages noirs. La déesse égyptienne s'approcha du bassin. Ses pas ne faisaient aucun bruit, à tel point qu'aucun animal ni insecte ne prit peur à son passage. Il y avait quelque chose de surprenant à voir évoluer l'amante du dieu lunaire sous un soleil noir, dans la pénombre d'une nuit qui se prolongeait. Elle n'avait rien à voir avec Aphrodite. Elle était brune comme la déesse de l'amour était blonde, la peau noire comme la sienne était blanche, d'une beauté plus authentique que celle inimaginable de la fille d'Ouranos. Arès comprenait le choix de Thot. Il le comprenait maintenant. La sagesse avait des vertus qui échappaient au grec vicié jusqu'à sa fonction. C'était parce que les Moires avaient décidés de lui rendre ce qu'il avait semé qu'il était, à présent, plus à même de se rendre compte de cela. Autant qu'il en était convaincu.

Maât s'arrêta en face d'Arès. Ses pieds dans des sandales en papyrus, l'eau du bassin clapotait, semblant l'éviter.

— Ton imprécation, commença-t-elle.

Arès fronça les sourcils.

— Hathor l'a-t-elle vu ?

— Non.

— Mais ton visage...

— Je ne cache pas mon visage. Qu'elle l'ait vu ne change rien.

— Je ne suis pas d'accord.

Le coin des lèvres d'Arès tressauta. Une virgule creusa le bord de sa bouche, tandis qu'une ride du lion apparut entre ses sourcils.

Dark Egypt - Godness : ArèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant