Chapitre 8 - Partie 2

123 23 4
                                    

La chute ne fut pas longue, mais désagréable. Il arriva sur le dos, l'autre dieu se réceptionnant souplement à côté de lui. Arès se redressa tout en s'époussetant de gestes agacés.

— Qu'est-ce que c'est encore que ça ?

— Je nous ai basculés dans un des couloirs menant au Douât, expliqua calmement l'égyptien.

— Pardon ?! Je croyais que passer par-là était une mauvaise idée ! C'est pas justement votre dieu souterrain qui nous a envoyé ces cadavres ambulant ?!

— En effet. Tout comme les racines et autres plantes sont sa signature.

— Tu te fous de moi ?

Désintéressé, Thot observa les lieux pour s'orienter. Il retira le capuchon de sa tête, dévoilant ses longs cheveux noirs qu'il avait tiré en arrière. Peu habitué à voir intégralement son visage, Arès se sentit tressaillir lorsqu'il le tourna vers lui.

— C'est par-là.

— Eh ! Attend un peu !

D'un pas rapide, il l'arrêta en saisissant son avant-bras, et l'obligea à le regarder.

— Tu joues à quoi ? C'est parce que ce Osiris a pété un plomb en devenant dieu des enfers que Maât et Bastet ne voulaient pas qu'on passe par-là. T'es bouché ou tu le fais exprès ?!

Aussi magnifique pouvait être son regard, Arès ne manqua pas toute la condescendance lisible chez Thot. Celui-ci le fit lâcher prise d'un geste sec, et poursuivit son chemin comme si l'altercation n'avait aucune sorte de valeur.

— Comme tu viens de le soulever, c'est parce qu'Osiris est Roi du Douât que nous ne pouvions pas le traverser sans craindre ses humeurs. Cependant, il a actuellement son attention rivée sur le monde mortel. Sachant que nous sommes loin du Nil, avoir un œil sur le désert lui demande beaucoup plus d'énergie. Nous avons bien assez de temps pour rejoindre Noubet avant qu'il ne se lasse de nous chercher.

Il se remit en route, tapant un peu plus sur le système du dieu grec.

— Et Maât et Bastet alors ?! On les laisse là-haut ?!

Thot marqua un temps d'arrêt. Par-dessus son épaule, son regard d'or luisit d'un quelque chose qui interpela Arès, titillant son instinct de guerrier sanguinaire.

— Je ne savais pas que le terrible dieu de la guerre de l'Olympe avait un temps soit peu d'empathie pour ses confrères. Sauf si, peut-être, il cache autre chose derrière ce semblant d'inquiétude.

Arès accusa la pique. Il serra les poings, et prêt à venir au contact, se sentit défaillir. Un vertige le prit subitement. Il chancela et vit trouble, l'espace d'un instant. Juste assez pour s'attirer les moqueries de son homologue s'éloignant dans le long tunnel obscur dans lequel ils avaient atterri. Perturbé, Arès prit une seconde de pause. Tout redevint alors normal. Il ne perdit pas plus de temps et succéda à Thot.

Discuter avec lui était impossible. La divinité de la plus sage de l'Ennéade n'avait de cesse de le rabaisser ou de faire des sous-entendus qui le raillaient. Arès opta pour le silence. Maât et Bastet sauraient certainement les rejoindre au temple de Seth.

Il était difficile de définir combien de temps s'écoula depuis leur arrivé dans le couloir transitoire. Tout était noir et identique. C'était à se demander s'ils avançaient réellement. Plus loin, un nouveau vertige mit à mal Arès. Cette fois-ci, il dut s'appuyer contre un des murs en terre pour ne pas s'écrouler. Thot ne fit pas même mine de s'en préoccuper. Il s'éloigna et l'obscurité du tunnel vint rapidement l'engloutir. Une main contre la paroi, l'autre contre son front, Arès prit sur lui. Ce n'était pas juste un vertige, son ancienne blessure le lançait. Il ne savait pas pourquoi, mais plus il avançait, plus il passait de temps dans ce tunnel, et plus il se sentait mal. Une étrange attraction lui sciait les nerfs, au point de le déséquilibrer. Lutter contre était éreintant. C'était pareil à résister à des coups de marteau directement contre sa tempe. Il avait déjà ressenti ça en arrivant en Egypte, mais jamais de manière aussi forte.

Dark Egypt - Godness : ArèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant