Dark Egypt - Godness : Arès

Chapitre 11 - Partie 1

Arès se demandait si l'Ennéade avait conscience de la gravité de la situation. Rassembler les dieux principaux et l'intégralité des dieux mineurs dans un seul et même endroit pour tenir un tribunal divin n'était pas la priorité d'après lui. Quand bien même c'était leur politique que de prendre en témoin l'absolue majorité des divinités quant aux décisions concernant le pays lorsqu'il était en crise. Sauf que ce n'était juste une crise ; il s'agissait d'une menace capable de rayer l'Egypte des cartes.

Héliopolis et Noubet n'étant pas sécurisés, ils avaient décidé de tenir le tribunal à Ouaset, la même cité qu'Arès nommait Thèbes. Horus avait été chargé des messagers alors qu'il avait déjà tant dépensé dans ses réserves pour prévenir l'Egypte de la menace d'Apophis. Par des moyens qui lui échappaient, Arès était surpris de voir qu'une grande partie des dieux avaient répondu favorablement à l'appel. Ils avaient envahit l'ancien tribunal qui, malgré l'âge, était resplendissant.

Tout était fait d'or, de pierre et de soie. Les murs étaient recouverts de peintures colorées, de hiéroglyphes repassés à la feuille d'or, ornés d'incrustations précieuses, dont le scarabée bleu était récurant. Les hauteurs étaient vertigineuses, à l'image de la grandeur de l'Egypte. Elles intimidaient, donnant une écrasante impression de n'être rien. Lorsqu'Arès avait pris le chemin pour atteindre la pièce principale, il avait été accueilli par deux magistrales rangées de statues de pierre aux figures insaisissables. Mais le plus impressionnant restait la salle de jugement. Le plafond résidait à plusieurs dizaines de mètres de hauts, crevé en son centre, pile à l'endroit où le soleil, à son zénith, devait apparaitre. Les tribunes où chaque déité prenait place étaient soutenues par des géants de pierre encore plus intimidants que les ceux qu'Arès avait vu en traversant le couloir principal. Des braseros et autres torches avaient été allumés pour l'occasion car l'éclipse résidait toujours. Au centre de la salle se trouvait deux estrades dont chaque escalier faisait exactement le même nombre de marches. En face se trouvait une série de neuf sièges finement décorés, dont aucun ne se ressemblait, ainsi qu'un pupitre en pierre, respectivement les places de chaque membre de l'Ennéade et le pupitre du juge, à savoir Maât.

Celle-ci, accompagné de Thot, c'était chargé de le changer. Il allait se tenir sur l'une des estrades, devant les centaines de dieux que regroupaient la Haute et la Basse Egypte. Sur l'autre estrade se trouverait Seth. Ils étaient les deux seuls à avoir fait face directement à Apophis et à pouvoir témoigner de leur expérience. Maât avait insisté sur le fait qu'il ne devait pas montrer ni sa malédiction ni ses cheveux à quiconque. S'il était un dieu étranger, il restait un dieu de la guerre dont le sang de ses victimes avaient fini par imprégner ses cheveux, témoin flagrant de sa nature sanglante. Le fait que Seth soit le deuxième auditeur de la séance n'aidait pas. Il était détesté de tous, et après la destruction qu'il avait engendrée de l'Egypte, personne ne lui faisait confiance. C'est à peine si tous ne le réclamaient pas mort. Tout allait se baser sur leur capacité à manier les mots et sur sa propre parole. Un pari risqué, d'autant plus que Râ était aussi conviée et qu'il leur serait difficile de lui faire admettre qu'elle ne pourrait pas, à elle seule, se charger d'Apophis même au meilleur de sa forme.

Maât fut la première à quitter Arès. Revêtu d'habit plus couvrant, Arès se sentait encore moins à l'aise ainsi. Un capuchon noir recouvrait ses cheveux et une partie de son visage. Il portait des sandales en papyrus, et pour le reste, aucune parcelle de peau n'était visible. Il avait essayé de négocier pour porter son apparat, mais Maât le lui avait déconseillé : il faisait bien plus barbare avec et les dieux égyptiens avaient déjà horreur que des étrangers se mêlent de leurs affaires. Pour le coup, Arès était bien d'accord avec elle. Combien de fois avait-il entendu le fait que tout cela ne le concernait pas ?

Et voilà où il en était maintenant : à attendre que le tribunal commence pour témoigner et défendre la seule solution pour sauver l'Egypte. Aucun doute que beaucoup s'y opposeraient malgré l'appuie de Maât et de Thot.