Chapitre 8 - Partie 1

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À l'origine de tout se trouvait le Noun. Du Noun émergea une terre d'où naquit la divinité créatrice : Râ.

Râ, seul sur sa terre, donna naissance à Shou, dieu de l'air, et Tefnout, déesse de l'humidité. Les deux divinités partirent explorer le monde, délaissant Râ qui, par ennuie, ou par tristesse, créa alors les hommes.

Lorsque Shou et Tefnout revinrent, naquirent de leur union Geb, la terre, et Nout, le ciel. Ceux-ci s'aimèrent tant que Râ ne supporta de les voir ensemble et les sépara. Mais leur folie amoureuse fut suffisante pour donner naissance à quatre autres dieux : Osiris, la vie, Isis, la magie, Seth, le désert et la guerre, et Nephtys, l'harmonie et la paix.

Râ, bien qu'à présent entouré, ne cessa de se lasser de son existence, dont le rôle de dieu solaire était éreintant. Chaque nuit, en cédant sa place à Thot, il plongeait dans le Douât et affrontait son éternel ennemi, celui présent bien avant sa naissance, bien avant la venue du soleil : le Chaos primordial, Apophis. D'une haine commune, chaque nuit, ils s'affrontèrent ; l'un par aversion du soleil, l'autre par désir de quitter le monde des morts et éclairer de sa présence l'univers qu'il avait engendré.

Nuit après nuit, Râ et Apophis luttèrent, et chaque jour levé était une victoire pour le monde qui avait vu reculer le Noun. Sauf que le Chaos primordial était là depuis la nuit des temps. Pour faciliter la traversé du Douât, Râ s'entoura de sa fille Bastet et de son arrière petit-fils Seth.

Ainsi, la barque du soleil s'en trouva moins souvent submergée par la noirceur et l'anarchie d'Apophis qui s'était vu retrancher dans un Noun à la grandeur passée, détesté et craint de tous.

 

 

La froideur nocturne était aussi violente que la canicule du jour. Traverser le désert glacial la nuit et brûlant la journée, sans préparation préalable, était suicidaire. La décision de relier Héliopolis et Noubet en passant par ceci n'avait pas fait l'unanimité. Un débat était survenu, notamment entre Thot et Arès. Passer par le Douât était bien plus court que par le désert. Thot assurait qu'il était possible de trouver un autre chemin que par le Nil pour descendre au Douât sans rencontrer le Noun. Le plus simple était de passer par un temple. C'était moins coûteux en énergie et Thot n'aurait pas à user de sa magie pour ouvrir un passage vers le monde souterrain. Nul doute cependant qu'Apophis irait fouiller chaque temple de la Haute comme de la Basse Egypte pour les retrouver. L'option était donc rejeté.

Un autre facteur imprévisible du Douât était le maître des lieux : Osiris. Si tous avaient le souvenir d'un prestigieux roi, adoré de tous, il n'était plus rien de cela. Comme si son changement de fonction avait altéré sa personnalité, il était devenu un dieu craint de ses confrères. Certains accusaient les tortures de Seth d'être à l'origine du trouble d'Osiris, quand d'autres respectaient encore le roi du Douât pour l'image qu'il avait incarné. Maât ne tenait pas à traverser son domaine sans sa bénédiction. La présence d'Ammout en-dehors du Douât était un inquiétant indicateur des pensées d'Osiris. Jamais la créature n'aurait pu sortir des souterrains, Livre de Thot ou non, si le seigneur de l'au-delà l'en avait empêché. Le désert devait ainsi l'option la plus sûre, quoique la plus pénible, puisque longer le Nil était impensable.

Il leur fallut marcher des kilomètres dans le sable, s'éloigner des habitations, des oasis et de tout ce qui pouvait être hospitalier pour reprendre leur apparence divine. Arès garda les vêtements égyptiens qu'il portait, sous les conseils de Maât - l'apparat grec n'étant certainement pas le plus adapté pour traverser le désert. Bastet progressait toujours sous forme féline, mais avait adopté la silhouette d'une panthère intégralement noire. Quant à Thot et Maât, très peu de choses avaient changé sur eux.

Dark Egypt - Godness : ArèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant