Chapitre 7 - Partie 1

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La panique s'empara de Maât. Elle se retourna précipitamment, comme si la Mort se tenait en face d'elle. Arès la saisit par les épaules, l'empêchant de fuir.

— Rentre ! Rentre immédiatement ! Je dois aller prévenir l'Ennéade sur le champ, s'écria-t-elle.

Elle posa ses mains sur le torse du grec et le repoussa jusqu'à ce qu'il ne cède. Ils rentrèrent tous les deux dans la chambre, et incrédule, Arès l'observa évoluer avec empressement et une panique à peine contenue. Elle tira d'un coup sec les rideaux devant l'ouverture du balcon, malgré le peu d'opacité qu'ils avaient, avant de partir vers la porte. Arès la suivit sans demander son reste. Ils parcoururent les longs couloirs ornés de dorures, de gravures et de hiéroglyphes du temple, passèrent devant d'innombrables statues de bronze, jusqu'à pénétrer dans la chambre conjugale du couple de la justice. Thot était déjà là, debout, son capuchon d'ibis sur la tête. Arès n'eut pas le loisir de détailler la pièce. Son regard s'arrêta sur le dieu qui s'était changé et ne présentait plus aucune trace de leur affrontement précédent. C'en était presque vexant.

— Il a réussi à se défaire de Râ ! commença Maât un ton plus fort qu'à son habitude.

— Râ va bien.

Ils marquèrent un temps d'arrêt quand un chat sauta depuis une fenêtre. L'élégant félin pénétra dans la chambre d'une marche gracieuse. Intégralement noir, seuls ses yeux d'un vert jade ressortaient. À quelques pas du trio, il se stoppa et changea de forme. Arès était familier au processus de métamorphose, bien que lui-même ne l'utilisât pas. Le chat laissa place à une déesse aux cheveux courts et noirs, au gabarie vraiment menu et petit, et dont le regard était semblable à celui d'un fauve. Ses iris particuliers se posèrent à peine sur Arès avant de porter toute leur attention sur le couple.

— Il dit vrai. Cependant Râ et Seth ne sont pas dans leur meilleure forme, expliqua la nouvelle venue.

Elle appuya son regard sur Thot. Celui-ci, imperturbable, ne bougea pas. La terre n'avait pas tremblé depuis et le ciel était toujours noir. L'éclipse était bien plus longue que tout ce qu'Arès avait connu depuis le début de son existence.

— On a un très gros problème, lâcha la déesse chat.

— Plus que le Chaos primordial dehors ?

— Oui.

Maât, qui avait retrouvé son calme, plissa les yeux. S'il y avait urgence, il serait utile d'arrêter de parler par énigme. Arès expira bruyamment tout en changeant d'appuie. Il croisa les bras sur son torse, ignorant le tiraillement de son flanc. Ses yeux passèrent d'un interlocuteur à l'autre, pour s'arrêter, finalement, sur Thot. Il ne lui était pas possible de voir les yeux de ce dernier, caché par l'ombre de son capuchon. Pourtant quelque chose se passait avec lui. Son mutisme et son immobilité n'avaient rien de naturel.

Après de longues secondes de silence, Thot se retourna avec hâte, faisant voler les plumes noires et blanches sur l'arrière de son capuchon. Il se dépêcha vers une porte toute simple, à peine visible dans le mur. S'il n'y avait pas été, Arès n'y aurait jamais porté la moindre attention. Il l'ouvrit, et s'engouffra dans la pièce qu'elle dissimulait.

Incrédule, l'olympien allait pour questionner la déesse chat quand des bruits sourds et de désordre résonnèrent depuis l'endroit où Thot avait disparu. Sa voix, grave et colérique, s'éleva en même temps que Maât fit un pas dans cette direction :

— Il n'est plus là ! Ce scélérat ! Comment a-t-il fait pour entrer ici ?!

Curieux, Arès s'approcha. La déesse chat ne l'en empêcha pas, s'attendant visiblement à ce qui se passait.

Dark Egypt - Godness : ArèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant