Chapitre 5

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O L I V I A 



J'ouvre les yeux et la soirée d'hier me revient comme un boomerang en pleine face. Je me redresse brusquement et me fige net lorsque je vois le fiancé de ma meilleure amie, assis au bord de mon lit, la tête entre ses mains. Je me laisse tomber en arrière en maudissant silencieusement l'alcool, les boîtes, les mecs infidèles et moi-même. Silencieusement. Je le croyais, mais son rire étouffé me prouve que j'ai encore une fois pensé à voix haute.

Je me redresse une seconde fois et le fixe les sourcils froncés.

— C'est quoi ton excuse à toi ?

Il hausse les épaules en se levant. Il est nu, totalement nu. Je déglutis en me rendant compte que je suis littéralement en train de le dévorer du regard. Mais qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Je suis la pire des amies qui puisse exister sur terre. Je me cache sous mes draps, attendant que la porte d'entrée claque pour sortir de mon trou. Mais Aidan n'est pas de cet avis puisqu'il arrache le drap et me fixe de ses yeux bleus perçants.

— Quoi ? dis-je en grimaçant

Il sourit froidement.

— Et toi, c'est quoi ton excuse ?

— Je... ses iris fixent les miennes et je finis par détourner le regard, mal à l'aise. J'ai juste vu une personne que je ne voulais pas croiser, hier soir. Alors je me suis saoulée.

Il fronce soudainement les sourcils et soupire.

— Un mec ?

Je me contente de hocher la tête.

— Un ex ?

— Non, et toi alors ?

— Je pense que tu l'as compris, je ne me marie pas par amour.

— Et Callie est au courant que tu finis dans le lit d'une fille toutes les nuits ?

— Qui te dit que je finis dans le lit d'une fille toutes les nuits ? Parce que j'ai fini dans le tien ces deux dernières nuits ?

Un silence se glisse entre nous. Celle-là, je ne l'ai pas volée en même temps.

— Callie sait à quoi s'en tenir, on en a déjà discuté, et elle est parfaitement libre de se rétracter à tout moment, dit-il en se redressant. C'est qui ce type alors, si ce n'est pas un ex ? demande-t-il après une légère pause.

Je ne sais pas pourquoi, ni ce qu'il me prend, mais je lui déballe toute l'histoire d'une traite. Les mots sortent de ma bouche sans que je ne puisse les en empêcher.

— On a fait nos études ensemble. Nous nous sommes tout de suite très bien entendus, nous étions dans le même groupe de travail et parce que les bonnes nouvelles ne viennent jamais seules, nous nous sommes rendu compte que nous étions voisins de palier. On était toujours ensemble, durant tout le long de notre licence. On était inséparable, et quand je me suis rendue compte que ce que je ressentais à son égard était bien plus que de l'amitié, je me suis mise à espérer que les choses iraient plus loin entre nous. Mais il a rencontré Rose, elle est psychologue à l'hôpital où il faisait son stage de fin d'année et où il travaille à présent. Il faut avouer qu'elle est aussi bien plus belle, intelligente et intéressante que moi...

— En gros, il se tape une autre nana, et toi tu te morfonds dans ton coin en attendant qu'il te remarque enfin. Et dès que tu le croises avec elle, tu te mets à boire et à coucher avec le premier venu ?

Son analyse m'arrache une grimace, mais au fond, elle est exacte. Enfin, pour ce qui concerne la première partie, c'est ce que je fais depuis deux ans. Pour la deuxième, c'est ce que je fais depuis... deux jours en fait.

— Que ce soit clair, je n'ai jamais couché avec n'importe qui sous l'emprise de l'alcool avant toi.

Silence.

— Et toi ? Je tente. Tu as l'habitude de coucher avec n'importe qui, je suppose ?

Il sourit froidement avant de hocher la tête.

— Ça arrive parfois. Bon, j'imagine que tu ne m'en voudras pas si je m'en vais ? dit-il froidement en boutonnant sa chemise.

Soudain, la culpabilité m'assaille de nouveau et je détourne le regard. Je lui fais un petit geste de la main pour l'enjoindre à foutre le camp au plus vite tout en cherchant mon portable de l'autre dans la poche de mon jean, soigneusement jeté au pied du lit. J'attends d'entendre la porte d'entrée claquer avant de pousser un long soupir. Je trouve enfin mon portable et grimace lorsque je découvre un nombre affolant d'appels manqués de Neela. J'enfonce ma tête dans mon oreiller en étouffant un cri de détresse, quand une sonnerie retentit. Il me faut quelques secondes pour me rendre compte qu'il s'agit de mon portable, je me redresse et décroche immédiatement, pas besoin d'être devin pour savoir que c'est Neela qui essaie de me joindre pour la trentième fois de la matinée.

— Allo ?

— Olivia ! Où es-tu ? hurle-t-elle dans le combiné.

— Dans mon lit... dis-je en soupirant.

— Avec qui ?

— Personne.

— Le barman m'a pourtant dit que tu étais partie avec un homme hier soir. Merde, mais à quoi joues-tu ? Qui était-ce cette fois-ci, tu le sais au moins ?

Je pousse un énième soupir, désespéré par ma bêtise.

— Le même qu'hier...

— Tu veux parler du type qui va épouser notre meilleure amie dans moins de trois mois ?

Je pousse un grognement mélangé à un étouffement.

— J'ai bu à m'en rendre malade, et je crois bien que lui aussi. On était totalement soul.

— Il va falloir que tu en parles à Callie...

— Jamais ! Jamais je ne pourrais lui en parler. J'ai tellement honte de moi. Je me sens si nulle. Je suis vraiment la pire des amies qui puisse exister sur cette terre. La pire des pires.

— Tu exagères un peu. Même si c'est la deuxième fois que tu fautes en l'espace de quarante-huit heures...

Je retiens un sanglot.

— Si tu savais à quel point je me sens pathétique.

— Ta conscience te travaille, tant mieux. C'est une très bonne chose, je dirais même que c'est la meilleure des punitions. Écoute, je vais passer te voir ce soir, ne prévois rien ok ?

— Ok.

Je raccroche et m'enroule dans mes draps, prête à me maudire pendant des heures entières.

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