Cours d'histoire.
Renommé cours du contrôle de soi.
Je n'ai jamais autant haï le cours d'histoire et surtout mon professeur d'histoire que depuis qu'il a commencé à parler de la Léthé. Le premier cours a été intéressant. Long mais le bilan de la dernière guerre était assez horrible pour me tenir concentré et intéressé. Désormais, je cherche presque à me trouver des occupations pour ne pas écouter le cours et surtout ne pas sentir ce sentiment de révolte grandir en moi.
Ce n'est pas un cours que l'on a. C'est une honteuse propagande. On ne liste que les choses positives qu'a apporté la Léthé mais jamais on n'évoque les problèmes que cela peut provoquer. Et cela ne choque absolument personne. Tout le monde est convaincu que la Léthé est la meilleure chose au monde et que si éventuellement il y a des problèmes, c'est de la faute des personnes qui les ont et qu'il faut donc les oublier, les supprimer de la mémoire collective. Peut-être même qu'il est décidé que l'année d'après, la Léthé supprime réellement ces personnes de la mémoire de tous.
Aujourd'hui encore, tout ceci m'agace. Me met même en colère. Et cette fois-ci, Reece n'est pas à côté de moi pour essayer de me calmer. Lors du dernier cours, j'ai cru que j'allais exploser mais il a fait en sorte que je n'intervienne pas. Le prof a alors déclaré que nous faisions trop de bruit et que désormais, je devrais m'installer autre part.
Cet autre part, c'est le bureau à côté de Riley.
Ça aurait pu être une idée horrible si sa présence ne m'empêchait pas de trop m'énerver à certains moments parce que j'étais trop perturbé. Je ressens des choses ... comme si ce mec dégageait une aura surpuissante que je ne peux que ressentir, surtout lorsqu'il n'est plus qu'à quelques centimètres de moi. C'est un sentiment que j'ai encore du mal à traduire. Je ne sais même pas si c'est quelque chose de positif ou négatif. Ça me met surtout mal-à-l'aise parce que c'est un sentiment inconnu et en même temps ... qui m'a l'air familier. Ce doit être un résidu d'avant l'oubli. Malgré tout, ça me permet de canaliser un peu mon ressentiment envers le cours d'histoire.
Enfin, jusqu'à maintenant.
— La Léthé efface donc tout ce qui est mauvais afin d'apporter à tous une vie positive, sans danger. Elle permet d'éviter les morts inutiles, les agressions, l'autodestruction qui a été si fréquente avant l'oubli. Parce que l'homme a longtemps été un champion lorsqu'il s'agissait de se détruire soi-même, à base de drogue, d'alcool, de tabac et d'autres choses, mais aussi pour détruire les autres. Mais ce n'est pas tout, il est aussi le meilleur pour rendre le seul endroit où il peut vivre, de moins en moins enclin à l'accueillir. La Terre s'est retrouvée de plus en plus dégradée, détruite, sur le moins de mourir et d'emporter chaque être vivant avec elle. C'est pour cela que la Léthé est primordiale à la survie de l'homme. Désormais, l'homme ne s'entretue pas, ne s'autodétruit plus. Il permet d'augmenter l'âge de survie de chacun et en plus dans un monde plus sûr. Rien ne résiste à la Léthé et avec ça, plus rien ne résiste à l'homme.
— Si, la maladie ! je ne peux pas m'empêcher de réagir.
— Tient, vous souhaitez réagir monsieur Miller. On vous écoute.
La main de Riley est posée sur mon avant-bras. Il essaye de m'aider à me calmer mais là, les vannes sont ouvertes et il ne sert plus à rien d'essayer de me retenir.
— La Léthé détruit des vies. Bien que dans une proportion plus petite que lors de la guerre, elle détruit quand même des vies ... et des familles.
— Illustrez vos propos.
— Ma grand-mère. Je l'ai perdu il y a deux ans d'un cancer. Elle n'a pas pu finir son traitement à cause de la Léthé. Elle est décédée sans pouvoir tenter de finir son traitement. Tout ça parce que le gouvernement estime que la maladie doit être mise au même niveau que la drogue ou le harcèlement.

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Plus Sans Toi
RomansaImaginez. Chaque année, le 1er janvier à minuit pile, vous oubliez ce qu'il s'est passé durant ces 365 derniers jours et grâce à un minuscule comprimé, vous ne récupérez que les souvenirs qui en valent la peine aux yeux du gouvernement. La violence...